Édito

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Texte

L’idée de ce numéro de Canal psy sur la fin de vie remonte au printemps 2019, bien avant l’épidémie de Covid 19. Et il arrive à publication un an plus tard, en pleine épidémie, en plein confinement dans de nombreux pays d’Europe et d’ailleurs. La fin de vie et la mort, que les humains se débrouillent le plus souvent pour oublier, reviennent en force, s’imposent, marquent chacun du sceau de l’inquiétude pour autrui ou pour lui-même, de la mort de proche ou d’inconnu, de la restriction imposée aux déplacements, à la possibilité de travailler, des contrôles dans la rue, à un état d’exception…

Ainsi donc, la fin de vie, la mort, c’est bien vrai ! Ainsi donc, elles ne se laissent pas circonscrire aux vieux, aux Ehpad, à la limite aux malades graves. Non, elles peuvent être partout.

J’entends souvent que notre société a exclu la mort, qu’elle la nie. Du fait de mon âge, de mon histoire professionnelle, je ne souscris pas à cette affirmation. En effet, la fin de vie et la mort ont repris une place dans nos discours et nos dispositifs sociaux, légaux, en particulier depuis les années 1980 et la création en France (bien avant en Grande-Bretagne) des Unités de soins palliatifs, puis des Unités mobiles. Avec elles se développa un discours sur la fin de vie et la mort, voire une conflictualité autour d’elles, entre les tenants des soins palliatifs, les militants de Jalmav (Association Jusqu’à la mort accompagner la vie) et les défenseurs du droit à l’euthanasie (Association pour le Droit à mourir dans la dignité), au suicide assisté. La mort peut être « ouverte » grâce, justement, à la question de la fin de vie, qu’elle soit abordée psychologiquement, psychanalytiquement, juridiquement, sociologiquement ou encore philosophiquement, comme c’est le cas dans ce dossier.

Les contributeur.trices à ce numéro ont écrit et rendu leur texte avant l’épidémie du Covid 19, qui a accéléré bien des fins de vie, à un près.

Sans doute, de ce fait même, certains articles sont-ils déjà datés, ce qui nous invitera à préparer un autre numéro autour du Covid 19, du confinement (qui nous a valu une fermeture anticipée de la fac) et de leur effet. Je pense en particulier à ce qui a pu se jouer autour de la sélection des malades dès lors qu’ils étaient plus nombreux que les places hospitalières disponibles, à la manière dont les vieux ont été traités…

À la fin de sa vie, D. W. Winnicott nota dans ses carnets : « Mon Dieu, faites que je meure vivant », disant un idéal possible de fin de vie. Un parmi d’autre, selon la singularité des histoires, des angoisses, des environnements…, selon que l’on est le mourant, un membre de sa famille, un soignant…

Citer cet article

Référence papier

Jean-Marc Talpin, « Édito », Canal Psy, 124 | 2020, 3.

Référence électronique

Jean-Marc Talpin, « Édito », Canal Psy [En ligne], 124 | 2020, mis en ligne le 11 décembre 2020, consulté le 20 avril 2024. URL : https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=1362

Auteur

Jean-Marc Talpin

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