Avec Klezmer, Sfar nous invite à repenser les différences religieuses et leurs multiples poncifs. Le dessinateur d’origine séfarade et ashkénaze offre ainsi un témoignage à la fois sincère, satirique et poétique de la tradition juive. Une réflexion pertinente sur la méchanceté et l’intolérance interethnique.
Avec malice, Sfar pointe du doigt les incohérences et les exigences absurdes de certaines pratiques religieuses. En outre, il témoigne d’une culture poétique, humaine, qui dans les espaces de liberté laissés par ses devoirs et gestes rituels, touche à une approche philosophique et laisse entrevoir ce que peuvent apporter la spiritualité et la mystique. Sfar rend compte d’un besoin originel de foi et nous parle de l’essentiel, ce qui a été oublié, gommé par les principes pesants des institutions religieuses.
Avec Klezmer, nous voyons revisitée la question de l’individu dans son rapport à Dieu. Sfar tout comme Nietzsche abhorre sa religion en tant que norme sociale, mais elle l’intéresse dans sa dimension de confrontation avec l’inconnu, avec l’invisible et le mystérieux.
Joann Sfar propose, dans cette nouvelle œuvre, une pensée fine et novatrice du rôle de la bande dessinée dans sa capacité à figurer en images les remous de l’âme humaine. En effet, Klezmer se termine avec le carnet de bord du dessinateur et ses différentes notes de travail. À cette occasion nous découvrons la profondeur de ses recherches graphiques et son implication personnelle dans les histoires. Ses personnages sont en effet inspirés de ses propres souvenirs et de son histoire familiale.
Si Sfar sait confronter les personnages grossiers et poétiques, il sait aussi réconcilier les opposés dans la rencontre musicale. La musique Klezmer serait la trace de cette religion des origines, pure, intime. Cette musique parle à tout humain et le protège du fanatisme.