Valse avec Bachir un film d’Ari Folman

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Valse avec Bachir un film d’Ari Folman

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Plus de 20 ans après les massacres de Sacra et Chatila (Liban), reconnus comme un acte de génocide, Ari Folman, cinéaste israélien, est parti à la recherche de lui-même au travers d’un film choral, succession d’entretiens et de retrouvailles avec ses anciens compagnons de guerre, alternance de souvenirs parcellaires et de scènes oniriques suspendues dans le temps, voyages d’un homme en direction de son passé, à la recherche de souvenirs absents.

Pourquoi avoir construit ce documentaire sous la forme d’un film d’animation ? Une amorce d’explication est présente dans le film lorsque l’un des anciens frères d’armes du cinéaste le reçoit en Hollande dans un paysage blanc de neige, peut-être aussi blanc que son oubli des événements de son histoire. Ari lui demande alors s’il peut le dessiner, lui et son fils : « Dessine autant que tu veux, aussi longtemps que tu ne filmes pas ».

En effet… par son trait, à la fois dur et incertain, ses couleurs à dominance ambrée, son animation au rythme saccadé, le calme de certaines séquences accompagnées de silence, ce film d’animation permet d’aborder l’insoutenable absurdité de la guerre, la crudité de ses images et d’en approcher une représentation sensible. Non pas la représentation « vraie » de ce qui s’est exactement déroulé mais une représentation proche du vécu de ce soldat de tout juste 18 ans, propulsé dans un conflit qui le dépasse.

Ainsi Valse avec Bachir ne se situe pas dans une tentative d’explication, il ne s’attache pas à trouver un responsable aux traumatismes vécus par ses personnages, ni de les guérir tout à fait de leurs effets. Au contraire… il nous invite à renouer avec ce passé, un passé aussi monstrueux et terrorisant que la meute de chiens menaçante de la séquence d’ouverture.

Pour le personnage principal, il s’agit d’apprivoiser cette étrangeté et de lui donner une place dans son histoire.

Pour nous, il nous évoque cette phrase de 1932 de Freud à l’adresse d’Einstein : « tout ce qui travaille au développement de la culture travaille aussi contre la guerre ». C’est ce choix fait par Ari Folman avec force et humilité qui nous a touché, troublé et que nous vous invitions à découvrir.

References

Bibliographical reference

Frédérik Guinard, « Valse avec Bachir un film d’Ari Folman », Canal Psy, 82 | 2008, 2.

Electronic reference

Frédérik Guinard, « Valse avec Bachir un film d’Ari Folman », Canal Psy [Online], 82 | 2008, Online since 21 avril 2021, connection on 23 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=2829

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Frédérik Guinard

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