Crédit photographique : Edison Borquez
Je suis étudiant FPP et j’entame ma cinquième année dans ce dispositif. Professionnellement, je suis enseignant de mathématiques en collège.
J’aimerais, dans ce qui va suivre, faire apparaître comment j’ai été amené à renverser ma propre approche du savoir au long de ces quatre années d’étude. Il faut dire que je viens de loin car les mathématiques que j’ai apprises et celles que j’enseigne tendent essentiellement à l’objectivité et à évacuer les effets du sujet. J’appartiens aussi à un métier où la tendance est d’évacuer le sujet et je ne dirai qu’à titre d’exemple que depuis 30 ans au moins comme enseignant et auparavant comme élève, j’entends que « le niveau baisse ».
Il suffit de se demander : « le niveau baisse d’accord ! mais le niveau de qui ? » pour saisir la teneur de disparition du sujet et du sujet-élève en l’occurrence.
Je ne veux pas parler ici de ma pratique professionnelle. Mais, je voudrais dire plus exactement comment mon rapport à cette pratique a changé dans le même temps où je me suis formé et où je continue à me former en psychologie.
Dans le petit livre qui présente la Formation à Partir de la Pratique il est écrit (page 8) : « L’étudiant glisse progressivement des modes de pensée et des repères propres à son terrain de pratique vers ceux, spécifiques, de la psychologie : il s’agit d’une formation “à partir”, non “par” la pratique et encore moins “à” la pratique. »
Ceci étant dit, je vais donc parler de ce « glissement progressif ». Quand je suis arrivé en FPP, je voulais « Un : changer de métier, deux : en attendant, me servir de la psychologie dans ma pratique pour résoudre les malaises que j’y vivais ». Bon, aujourd’hui, je ne suis plus sûr de changer de métier et ma formation en psychologie n’a pas eu l’utilité que j’espérais ni les effets que je croyais. Plus précisément, l’utilité et les effets ne sont pas venus là où je les attendais.
Au tout début de mon parcours FPP, lors du premier regroupement dans mon groupe de base, j’ai posé la question concernant les règles de fonctionnement : prise de parole, qui intervient ? etc. Dès que j’ai eu la réponse sur ces règles de fonctionnement, j’ai un peu traité le « groupe de base » comme un ensemble mathématique muni de règles et dans lequel on déploie les concepts et les théorèmes. Finalement, c’était assez proche de certaines démarches mathématiques, et quelques axiomes simples et précis me suffisaient amplement.
Ensuite, j’étais surpris de voir que dans le groupe il y avait des anciens et des nouveaux, que les anciens peinaient autant que les nouveaux à écrire et à rendre des dossiers. Bref, nous étions tous dans la même « galère ». Présenter son projet de dossier était difficile et stimulant pour tout le monde. Heureusement, il y avait un enseignant qui nous encourageait à continuer à ramer et si possible à ramer ensemble.
Je parle de l’enseignant mais il n’y a absolument pas de transfert sur l’enseignant et pour le prouver je vais citer quelques paroles entre étudiants que j’ai entendues et/ou prononcées moi-même : « Ce prof n’aime pas Melanie Klein », « il est freudien, non ! c’est un lacanien », « il ne faut pas lui parler de Bergeret », « Il est très contenant », « Il nous laisse tout seul dans notre difficulté », « Il a beaucoup d’humour », « Il ne rigole pas souvent ». « Il est très présent », « trop théorique », « je l’aime bien », « parfois j’aime pas quand il cite tel auteur ». « Il aime bien quand on lui parle de ceci ou de cela », « J’ai pas compris ce qu’il a dit mais j’ose pas lui demander ». « Il ne veut pas que je parle de ce sujet », « t’as vu comme il m’a repris quand j’ai dit que ceci ou cela », « Il faut que je change de thème », « ça l’agace t’as bien vu », « Il m’a bien défendu lors du jury », « Il n’aime pas les enseignants » et j’en passe et des meilleures…
Donc tout ça pour vous dire qu’« il n’y a pas de transfert sur l’enseignant ! » Ce que j’ai remarqué, c’est que nous, étudiants, étions quand même assez préoccupés de savoir ce que pense l’enseignant. Renvoyés à notre pratique, à nos lectures il fallait bien s’y mettre et s’y mettre personnellement, pas pour séduire l’enseignant. Enfin si ! quand même un p’tit peu !
Lire
Ce que l’on apprend en FPP ce sont les fondamentaux de l’école : Lire, écrire, conter et puis écouter.
Pour les lectures, le problème est de se construire une bibliographie, mais pas la bibliographie de l’enseignant, ni la bibliographie de référence dans notre domaine professionnel. Au fond c’est ce qui nous parle qui importe. C’est le cœur de la formation en FPP, s’approprier les outils théoriques adaptés et pertinents pour nous-même et non pas les outils adaptés et pertinents pour les autres. Il y a évidemment des incontournables mais on les découvre à force de les voir cités dans nos livres de chevet. Et surtout il n’y a pas que des livres sérieux à lire. Un roman, une chanson, un film, une émission de télévision ou de radio tout peut faire l’affaire, du moment que ça nous parle. J’ai vraiment découvert en FPP cet aspect-là. Par exemple, avec mes enfants j’ai eu grand plaisir à revisionner les épisodes de la série télévisée « Zorro ». Entre la nostalgie de bons souvenirs d’enfance, la gêne de voir ce personnage finalement assez clivé, j’ai pu repérer pour mon propre compte ce clivage que je vivais avec certaines classes dans un positionnement de sauveur, du côté des victimes qui agit dans l’ombre et qui affiche en même temps un visage au grand jour lâche, rêveur et inoffensif.
Comme j’avais lu un ouvrage de Claudine Blanchard-Laville (2001) sur la pratique enseignante, ce qu’elle nommait le « syndrome Zorro » je vous laisse imaginer la manière dont j’ai été saisi et dont j’ai saisi cette notion dans ma pratique. Tout ceci n’est que « pur hasard » et j’en ai parlé dans le dernier dossier FPP que j’ai rendu. Pour résumer, je ne conseille à personne de visionner les épisodes de Zorro, mais j’ai appris que l’inconscient parle à sa façon et qu’éviter la censure est la meilleure chose à faire.
Si Zorro ça me parle, c’est bien mais c’est mon affaire ! Par contre, que j’en rende compte pour une articulation entre ma pratique et la théorie qui s’en dégage, c’est autre chose. On entre dans une démarche inductive, de l’exemple à la généralité. Il y a bien ainsi une subjectivité, la mienne en l’occurrence, mais cette subjectivité s’ouvre sur des phénomènes psychologiques qui peuvent concerner d’autres enseignants. Cette démarche proposée en FPP c’est bien celle que met en route Freud par exemple dans l’interprétation des rêves (Freud 1900) : il parle de ses propres rêves et non pas des rêves de ses patients. Tout le monde, enfin presque, se fiche bien de savoir à quoi rêvait Freud, par contre ce qu’il en dégage en terme de refoulement, de phénomènes de condensation, de déplacement, concerne tout le monde. Il me semble que c’est bien aussi une démarche inductive.
Bon, mais pour revenir à la question de la lecture, je viens de dire « pas de censure ». Inversement, si on se noie dans les tonnes d’ouvrages qui nous intéressent, on risque de perdre le fil de notre réflexion et d’entrer dans une théorisation déconnectée de la pratique. On bascule alors dans l’imaginaire, on élabore une belle théorie ou personne ne s’y retrouve et pas même soi. Mais si on ne lit pas assez, on reste dans le réel de sa pratique et on tend à faire de notre groupe de base FPP un groupe d’analyse de la pratique. Vous avez sans doute compris, j’ai parlé d’Imaginaire et de Réel, il reste le Symbolique. Le Symbolique ici est à la fois la circulation entre le Réel et l’Imaginaire et la sortie de l’exclusivité de l’un ou de l’autre. Bref, on ne sort pas de la pratique, on n’abandonne pas la théorie mais on tente de les tricoter ensemble. Je vais donc parler « tricot ».
Écrire
Le tricot dont je parle c’est pour moi l’écriture. On écrit d’accord ! mais on écrit quoi ? Je reviens à mon petit livre de présentation de la FPP (page 25) : « entre les deux extrêmes, irrecevables, d’une production complètement détachée de la réalité concrète de son auteur et d’une confession intime d’intérêt purement narcissique, il y a de la place pour beaucoup de variantes ». Pour rester sur un chemin, comme dirait Lapalisse, c’est bien de connaître les deux bords du chemin. Il y a des gens qui arrivent à bien marcher au milieu du chemin. Moi, je n’y arrive pas ! Alors, en écrivant, j’alterne entre ces deux pôles : le carnet intime, et l’abstraction totale. Et, à force d’osciller entre ces deux pôles, j’arrive à attraper au passage des éléments qui ne sont ni de l’un, ni de l’autre mais de la catégorie de l’intermédiaire. En mathématiques d’ailleurs, il y a un théorème des valeurs intermédiaires qui explique qu’entre deux pôles il y a forcément un passage entre toutes les valeurs intermédiaires du moment qu’il y a continuité de la fonction.
Enfin ça ! c’est quand j’arrive à écrire ! Parce que je tiens à dire que pour moi écrire un dossier FPP ce n’est pas une promenade de santé. Et pourquoi ça ? Parce qu’on pratique en même temps que l’on pense sa pratique. Écrire en FPP c’est bien se situer à deux endroits en même temps. La difficulté n’est pas tellement dans ce dédoublement fictif de la personnalité mais bien plus dans le fait que l’on déconstruit les moteurs de la pratique. Découvrir et écrire que l’on se positionne professionnellement, dans la séduction, le sadisme, le sentiment de persécution, la violence institutionnelle, dans des jeux d’appartenances groupales, des fantasmes et j’en passe, il faut dire que ça fragilise « un petit peu » l’identité professionnelle. De dossier en dossier, on scie progressivement la branche de nos sécurités professionnelles sur laquelle nous étions assis. Là, le pire, c’est que le petit autodidacte FPP se scie tout seul la branche. Bon, d’accord, on lui prête une bonne scie mais pas plus.
Mais alors, la FPP c’est une entreprise de démolition ? De démolition des certitudes professionnelles sans aucun doute mais, heureusement, il n’y a pas que cela.
L’écriture est une façon de déposer sur le papier ce que l’on pense, mais seulement ce que l’on pense. On s’aperçoit que ce qu’on pense n’est ni génial, ni idiot. Sans l’écriture, on rêve d’un dossier extraordinaire qui n’existera jamais ou au contraire on se croit incapable d’élaborer quoique ce soit. Il faut laisser des traces. Mais des traces pour les relire, les reprendre, les trier, les réorganiser. On laisse des traces pour inscrire la pensée dans le temps. Le temps est notre allié, car en laissant des traces écrites, on peut mesurer l’évolution : ce qui a changé et ce qui perdure.
Mais, tout ce travail d’écriture n’a de sens que s’il est adressé. Il y a un jury et ce jury nous fait un retour sur notre écrit. Et on a des surprises, de bonnes surprises et parfois des mauvaises mais le plus souvent des bonnes. D’abord, on réalise que ce n’est pas notre pratique professionnelle qui est évaluée mais la manière dont on la pense. Ensuite, que l’on peut faire le tri dans le travail entre ce qui est riche et ce qui mériterait mieux. Enfin, on peut entendre des conseils pour poursuivre notre réflexion si on accepte l’idée d’être en cours de formation. Une fois l’expérience bien vécue d’un jury, on peut avoir une suffisamment bonne « adresse » certes en partie « fictive » mais suffisamment bonne pour accepter d’écrire à nouveau et d’avancer dans l’élaboration. Pour résumer, en reprenant cette notion du temps, j’emploierai l’image du saut à la perche : on court, on court mais il faut un point de butée pour décoller du sol. Si on ne rend pas un dossier dans les temps on s’épuise très vite dans une course d’élan qui n’en finit pas.
Conter, écouter
Ce n’est pas parce que je suis prof de maths que je pense que conter est le plus important. Je parle de conter dans le sens de raconter. C’est dans le groupe de base que l’on conte, que l’on raconte notre situation, nos avancées ou nos paralysies, nos questionnements et nos projets. On comprend très vite que raconter un état de notre chantier c’est entrer dans un processus de pensée groupale. C’est là où l’écoute groupale est en travail. Le climat dans lequel se déroule la présentation d’un projet par un étudiant provoque des réactions, des émotions, des interdits de penser. Je me suis retrouvé une fois à quasiment « engueuler » une autre étudiante qui présentait une situation dans laquelle j’avais introjecté, en quelque sorte, la colère de l’usager dont elle parlait. Mais là, le groupe a pu montrer qu’il y avait une violence qui était niée par l’institution en question, sur le coup je n’avais rien compris à ce qui se passait mais, dans l’après-coup, j’ai compris que j’exprimais une colère qui ne m’appartenait pas. On se trouve dans d’autres situations où chacun entend des choses très différentes et ça donne des pistes, c’est l’idéal mais c’est plutôt rare. Mais ce qui est intéressant c’est le lien qu’il y a entre la situation ou le cas présenté et ce qui se passe dans le groupe. Des fois le groupe est clivé à l’image d’un clivage de l’institution qui est décrite. Il s’agit alors dans le travail du groupe de base d’exprimer les ressentis, les associations libres qui permettent de dégager les analogies avec la situation présentée. Donc, quand je parle de raconter, il s’agit bien de raconter et non pas d’interpréter. Quand on a trop peur d’être jugé dans sa pratique, on peut fausser son discours. C’est une démarche de confiance. Mais, une fois mis au jour un certain nombre de fantasmes et de mécanismes inconscients déplacés dans le groupe, actualisés et nommés, la personne qui présente peut entrer dans le travail d’élaboration de son dossier. Et alors ceux qui écoutent et interpellent ne perdent-ils pas leur temps ? Personnellement, je crois avoir bien plus avancé mes dossiers en écoutant les autres qu’en présentant moi-même, même si présenter un dossier est indispensable pour avancer. Par exemple, il est fréquent d’annoncer un dossier tout ficelé, un bel ouvrage théorique et d’oublier la pratique qui est sensée y être associée. J’ai eu par exemple le projet de décortiquer les théories mathématiques d’un point de vue philosophique et psychanalytique, j’avais simplement oublié de parler de quelqu’un, d’un sujet, d’un mathématicien, d’une pratique, de MA pratique. Mais, il m’a bien fallu une heure pour qu’on me le dise et quelques semaines pour que je l’entende.
Ce que je voudrais dire pour conclure sur ces fondamentaux que sont Lire, Écrire et Conter c’est qu’il faut bien tenir les trois :
Lire, c’est choisir et s’approprier les bons outils théoriques.
Écrire, c’est le travail même d’élaboration et de l’inscription de ce travail dans le temps.
Conter, c’est éviter les écueils d’une lecture et/ou d’une écriture solitaire(s). Mais, les étudiants FPP, et je pense que c’est vrai pour tout le monde, nous nous donnons beaucoup de mal pour ne pas entrer dans ce travail. Quelle créativité dans la résistance ! Je propose de lister quelques techniques d’évitement assez fréquentes : en reprenant les trois éléments « lire, écrire, conter ».
1. Ne pas lire
On écrit, on écrit, on écrit, on en parle au groupe. Bref, on remplit son carnet intime, et c’est beau ! Ça marche pas mal comme résistance.
2. Ne pas écrire
On lit beaucoup. On trouve des auteurs merveilleux, qui disent à la perfection ce que l’on expérimente dans notre pratique. On peut même conseiller aux autres du groupe tel ou tel ouvrage. Et ainsi, on rêve notre dossier, un chef-d’œuvre qui ne verra jamais le jour ! Ça marche moins bien que la première technique mais c’est assez efficace, surtout si les autres nous remercient pour le bon conseil d’ouvrage que l’on a donné. Il y a aussi la version moderne, en utilisant internet avec tous les documents textes, audio, vidéo que l’on peut télécharger tous les jours !
3. Ne pas conter
Alors là, quand on ne présente pas au groupe de base cela consiste à lire et écrire dans son coin. Comme on ne conte pas notre situation, « on se la raconte » pour reprendre une expression populaire.
4. L’altruisme exacerbé
Vouloir être bienveillant avec tous les membres du groupe, savoir si chacun avance dans son dossier en cours, proposer de rendre service, relire le dossier d’un autre, trouver des articles, éplucher des documents et documentaires pour tous. Être à l’affût des infos et des conférences qui intéresseront untel. Je maîtrise parfaitement cette technique et si certains d’entre vous sont intéressés je veux bien prendre du temps pour en parler plus en détail.
5. Ne rien faire
Se contenter de venir de temps en temps au groupe de base en se disant que de toute façon on serait bien incapable de rédiger un quelconque écrit.
6. L’ultra-théorisation
C’est assez subtile. Il s’agit d’abord d’être pétri de deux ou trois ouvrages très généraux, très denses et connus. Ensuite, arriver à croire et à faire croire que l’on parle de sa pratique et de poursuivre son dossier dans des envolées lyriques et théoriques très abstraites. Mais attention, la technique d’ultra-théorisation ne marche qu’à un seul jury et souvent plombe l’étudiant pour un bon moment.
7. La gloutonnerie
Vouloir tout faire en même temps : de la clinique, du champ social, des statistiques, de la biologie et en langue étrangère. Ça ne marche pas bien : les modules de biologie, de statistiques et une grande part des modules thématiques se déroulent en même temps. « Ils sont des petits malins, ceux qui ont conçu le dispositif ! Ils avaient anticipé la gloutonnerie en plaçant aux mêmes heures tous les modules ».
8. La diversion
C’est la conséquence immédiate de l’échec de la gloutonnerie. Puisqu’on ne peut pas plonger et manger tout le pot, eh bien on tourne autour du pot ! Pour la première année, je conseille les statistiques, comme il y a deux niveaux on peut se partager en deux ans : un niveau par an. La troisième année on peut suivre les modules de biologie et rendre un petit dossier en lecture seule, puis l’année suivante rendre un deuxième dossier soutenu en jury, l’année suivante suivre les TD et TP de biologie. Donc, au bout de cinq ans, on peut arriver à s’occuper à faire des détours. Ah oui ! j’oubliais la pratique d’une langue étrangère et les interrogations sur le champ social qui n’ont aucun intérêt tant qu’on n’a pas rendu un dossier dans le champ personnel et interpersonnel. Cette 8e technique est horriblement efficace !
9. Se tromper d’objet
Par exemple, en parlant de la pratique d’un collègue, d’un chef, ou de la psychopathologie d’un usager sans rapport à notre positionnement professionnel.
10. Dernière technique d’évitement
C’est la plus récente et j’en revendique la paternité : il s’agit de proposer une contribution au colloque d’octobre 2010 sur la partialité. Mais elle ne marche qu’une fois tous les trente ans ! Désolé.
Conclusion
Bon, alors, c’est bien gentil tout cela mais j’ai laissé de côté la question de la démolition ! Ce que j’ai découvert en FPP, c’est que tout ce qui me travaille est intéressant : que je me divertisse, que je lise, que j’écoute un autre étudiant présenter, que j’écrive. C’est intéressant si je le fais apparaître : soit en en parlant dans le groupe de base, soit en élaborant dessus dans un dossier. Je ne peux plus me positionner professionnellement comme avant. Il y a désaffiliation, désidéalisation. L’identité professionnelle est à réaménager. Mais, ce qui est le plus important c’est que je suis entrain de passer d’une position professionnelle d’enseignant à celle de psychologue. Et, je crois que la spécificité du psychologue par rapport aux autres professions est que sa tâche primaire est justement de penser et d’élaborer sur sa tâche primaire. C’est une perpétuelle réflexivité. Il y a bien une écoute de l’autre, mais il y a en même temps une écoute de sa propre manière d’écouter l’autre.
Et ça nous emmène où tout ce travail ? Je ne ferai que citer le titre de l’article de Georges Gaillard (2002) qui parle du « cheval d’Itzig, le cavalier du dimanche » qu’évoque Freud dans une lettre à Fliess : « où vas-tu donc Itzig ? Moi je n’en sais rien ! Interroge mon cheval ! »
Alors qu’est-ce que je suis venu chercher en FPP ?
La réponse c’est la question : je suis venu « chercher ».
Entrer dans une démarche d’apprenant permanent, demeurer dans la position de celui qui ne sait pas mais qui cherche. Pour aller où, je ne sais pas, pour aller mieux certainement !