Handicap, le mot paraît résonner au milieu d’un silence de sidération ou de gêne. Sensation de chute. Il effraie chacun, sans doute à cause de cette part d’inconnu et d’étrangeté qu’il annonce, de la déficience qu’il laisse envisager.
L’origine du mot est d’ailleurs à chercher dans le vocabulaire sportif qui désignait un désavantage imposé à un concurrent pour équilibrer les chances au départ. Le handicap, ainsi associé à un écart à la norme, convoque l’image d’un poids supplémentaire à porter.
Lorsqu’il apparaît et s’impose dans la filiation, la sidération initiale peut rapidement laisser la place à un tumulte désorganisateur. Le handicap vient en effet condenser et cristalliser des enjeux identitaires complexes au sein de la famille, par la discontinuité qu’il crée, et la fantasmatique qui se trouve activée. Comment tisser des liens, se reconnaître dans cette altérité qui fait irruption de façon énigmatique ? Chaque famille est contrainte à un travail psychique d’intégration de cette réalité confrontante, à la mesure de ses possibilités et à son rythme.
Les textes de ce dossier abordent ces questions sous l’angle des divers bouleversements que le handicap va introduire : au sein du fonctionnement familial, du développement de l’enfant, mais aussi dans la construction de son identité propre.
En rubrique de ce numéro, vous pourrez lire une interview de Monique Dupré La Tour qui partage avec nous son expérience de thérapeute de couple à l’occasion de la parution de son ouvrage Les crises du couple chez Érès. À mettre en priorité dans vos lectures du mois !
Jérôme Dupré-Latour