Jean-Louis Haquette et Karine Ueltschi (dir.), Les Métamorphoses de Virgile. Réception de la figure de l’Auctor. Antiquité, Moyen Âge, Temps modernes

Paris, Honoré Champion, 2018, 462 p.

Référence(s) :

Jean-Louis Haquette et Karine Ueltschi (dir.), Les Métamorphoses de Virgile. Réception de la figure de l’Auctor. Antiquité, Moyen Âge, Temps modernes, Paris, Honoré Champion, 2018, 462 p.

Texte

Les Métamorphoses de Virgile. Réception de la figure de l’Auctor. Antiquité, Moyen Âge, Temps modernes est un ouvrage qui s’intéresse aux avatars de Virgile selon les trois grandes directions chronologiques indiquées en sous-titre.

Une brève introduction présente l’architecture générale du recueil avant les trois sections. L’ouvrage se clôt par un résumé des communications, une présentation succincte des auteurs de chaque article, un index nominorum et une table des illustrations.

La première section de l’ouvrage « Regards croisés : Antiquité – Renaissance » comprend neuf communications.

Pierre Laurens montre que Virgile ne laisse pas ses contemporains indifférents, qu’ils le louent ou le critiquent. Puis son œuvre a suscité une grande vague d’exégèse à partir du iie siècle. Enfin la lecture chrétienne de son œuvre en étoffe la série d’interprétations et contribue à sa postérité.

Fabio Stock explique d’où vient l’image du Virgile omniscient tel qu’il a été défini par Servius, ce qui fixe les bases d’un véritable « mythe Virgile ».

Élisabeth Cardon étudie les relations entre Virgile et le principat augustéen : inspiré par son temps, Virgile a également inspiré le « développement artistique de la Rome augustéenne » (p. 58).

Françoise Monfrin s’occupe des représentations figurées de notre auteur en posant la question des sources et de la figuration idéale (bien plus que celle d’une présentation de la véritable physionomie de l’auteur).

Giuseppe Ramires examine un passage du livre IX de l’Énéide, consacré à l’aristie de Turnus. Trois vers dessinent un autoportrait de l’auteur déplorant la mort de la poésie incarnée par Créthée le compagnon des Muses (p. 107).

Monique Bouquet mentionne trois lectures protestantes de la quatrième églogue : elles permettent de revenir sur la lecture chrétienne du poème.

Virginie Leroux se consacre à la place du modèle virgilien dans deux traités poétiques de la Renaissance (Vida et Scaliger) et mentionne les qualités que les deux humanistes reconnaissent à Virgile et à son œuvre.

Clément Auger étudie la manière dont Laudino éclaire Virgile grâce à Dante en montrant les relations entre les deux.

François Livi revient, lui aussi, sur les rapports entre Dante et Virgile. Dante, exégète de Virgile, prête à ce dernier une réflexion sur les limites de sa science et de sa sagesse.

La deuxième section, « L’exception médiévale : de clergie et de nigromance », est la plus fournie de l’ouvrage avec ses onze articles.

Pascale Bourgain étudie l’utilisation qui est faite au Moyen Âge de l’imitation de Virgile en montrant qu’elle peut allier admiration et parodie.

Françoise Laurent s’arrête sur la traduction de La Cité de Dieu de Saint Augustin par Raoul de Presles ; Virgile est repris au Moyen Âge mais avec des différences par rapport à ce que dit de lui Saint Augustin.

Catalina Girbea évoque Virgile tel qu’il apparaît dans les romans de Dolopathos comme vecteur de clergie et de christianisme.

Denis Hue, à propos du Dolopathos, démontre que Virgile est un démiurge, figure de l’écrivain.

Karin Ueltschi se consacre aux métamorphoses de Virgile : de poète à sorcier, presque diabolique.

Anne Berthelot étudie en parallèle les figures de Merlin et de Virgile en montrant comment ils se rejoignent : la pratique de la magie est la seule intersection possible entre l’écriture poétique et le discours prophétique.

Chantal Connochie-Bourgne parle de Virgile dans le Naturis Rerum d’Alexandre Neckam : l’auteur anglais souligne la multiplicité de ses aspects.

Julien Véronèse évoque un Virgilius Hispanus, philosophe magicien, qui s’inscrit dans la tradition de l’ars notoria.

Philippe Walter mentionne une statue présente dans le Roman d’Abladane : installée à Rome, elle prévient des attaques venant d’Amiens. Elle est due à Flocart, réplique du poète et statuaire Virgile (p. 311), selon la tradition de Virgile-statuaire qui s’ancre au Moyen Âge.

Alain Corbellari voit dans le Virgile du Cléomadès « l’analogon de l’auteur, du poète moderne, dont il autorise la création par son exemple séminal » (p. 332).

Claude Lecouteux s’intéresse à la légende de Virgile dans les Volksbücher en examinant deux variantes de la tradition (acquisition de la nécromancie et fondation de Naples) ; ceci permet de noter que la diffusion de la légende s’accompagne de nombreuses variations.

Enfin, la troisième section, « Les Temps modernes : poète toujours », achève l’ouvrage en sept communications.

Philippe Heuzé s’occupe de l’invention du modèle virgilien auprès d’innombrables artistes qui métamorphosent l’œuvre du poète.

Hélène Michon mentionne Pierre Valentin Faydit qui utilise la théologie virgilienne : « […] il critique la fiction mais reconnaît à la fable et au mythe une accointance avec la théologie […]. » (p. 361)

Françoise Gevrey explique que Les Exilés de la cour d’Auguste, roman de Mme de Villedieu, met en scène Ovide mais également Virgile, ce qui permet de mettre en relief le rapport entre un écrivain et le pouvoir royal (y compris au xviie siècle).

Dominique Millet-Gérard étudie la réception de Virgile à la fin du xixe et au début du xxe siècle en s’attachant à la perception spiritualiste moderne de Virgile par des essayistes, des théologiens et des poètes, dont Claudel.

Pierre Bazantay démontre ce que l’écriture de Roussel doit à Virgile par les subtiles allusions qui font perdurer l’héritage classique.

Giovanni Lombardo réfléchit sur Valéry traducteur de Virgile : Valéry se comporte plus en poète qu’en traducteur en restant fidèle à « l’étymon poétique ».

Jean-Louis Haquette travaille sur la tombe de Virgile telle qu’elle est évoquée par les textes et l’iconographie (mi-xviiie – début xixe siècles) ; les représentations font la part belle à la dimension symbolique, elles éclairent aussi sur les rapports des créateurs à Virgile et renseignent sur l’image qu’ils ont de lui.

L’ensemble de ces communications constitue la richesse et la variété de ce bel ouvrage en soulignant combien la figure de Virgile est prégnante et stimule les créateurs de toutes époques.

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Référence électronique

Wilfrid Besnardeau, « Jean-Louis Haquette et Karine Ueltschi (dir.), Les Métamorphoses de Virgile. Réception de la figure de l’Auctor. Antiquité, Moyen Âge, Temps modernes », IRIS [En ligne], 39 | 2019, mis en ligne le 15 décembre 2020, consulté le 29 mars 2024. URL : https://publications-prairial.fr/iris/index.php?id=1028

Auteur

Wilfrid Besnardeau

Docteur en langue et littérature médiévales, Agrégé de lettres modernes

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