Ludwig Bechstein, Le Livre des Contes

traduit de l’allemand par Corinne et Claude Lecouteux, Paris, Corti, collection « Merveilleux, no 45 », 2010

p. 199

Référence(s) :

Ludwig Bechstein, Le Livre des Contes, traduit de l’allemand par Corinne et Claude Lecouteux, Paris, Corti, collection « Merveilleux, no 45 », 2010

Texte

Ludwig Bechstein (1801-1869) est un folkloriste allemand dont la gloire a été éclipsée par celle des frères Grimm (son recueil de contes a été réédité 45 fois de son vivant). Il avoue : « Je n’ai inventé aucun des contes présents. Je les ai en partie tirés de la tradition orale, en partie des écrits, mais je les ai retravaillés. » Il n’empêche : cette collection de 107 contes, magnifiquement traduits par Corinne et Claude Lecouteux, constitue une vraie mine d’or pour le médiéviste et pour tout critique qui place l’analyse des mythèmes au cœur de son approche méthodologique. Les sources de chaque conte sont dûment identifiées ainsi que ses versions parallèles chez les frères Grimm ou chez d’autres folkloristes.

Les données comparatistes sont riches d’enseignement. On donnera ici deux exemples. Le conte no 60 (L’étourneau et le cuveau) raconte l’histoire d’un fils de roi qui retrouve miraculeusement sa sœur (enlevée à sa naissance) grâce à un étourneau et un signe de naissance qu’elle porte sur le cou. Ce récit se rattache au cycle de la gageure qu’avait analysé G. Paris dans certains récits médiévaux (Romania, t. 32, 1903, p. 480‑511). Le conte no 44 (Sept-peaux) raconte l’histoire d’une femme qui met au monde un serpent qu’elle élève comme son fils. Le serpent souhaiterait se marier mais, évidemment, personne ne veut de lui. Seule une gardienne de poules accepte un partenaire si peu ordinaire. Elle lui demande d’enlever successivement les sept peaux qu’il possède sur le corps. Après avoir enlevé sa 7e peau, le serpent devient un magnifique jeune homme. Dans le Bel Inconnu de Renaut de Beaujeu, on possède l’histoire inverse : une jeune fille a été métamorphosée en vouivre. Elle ne reprendra forme humaine que lorsqu’un homme acceptera de donner un baiser à ce serpent. Ce sont deux exemples qui montrent la récurrence de schémas narratifs issus très certainement de mythes et dont les contes traditionnels ont conservé des exemples parallèles aux adaptations littéraires du Moyen Âge.

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Référence papier

Philippe Walter, « Ludwig Bechstein, Le Livre des Contes », IRIS, 32 | 2011, 199.

Référence électronique

Philippe Walter, « Ludwig Bechstein, Le Livre des Contes », IRIS [En ligne], 32 | 2011, mis en ligne le 05 octobre 2021, consulté le 20 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/iris/index.php?id=2525

Auteur

Philippe Walter

Directeur du CRI et de la revue Iris (1999-2013)

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