Émilie Lasson, Superstitions médiévales : une analyse d’après l’exégèse du premier commandement d’Ulrich de Pottenstein

Paris, Champion, collection « Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge, no 102 », 2010, 560 p.

p. 200

Référence(s) :

Émilie Lasson, Superstitions médiévales : une analyse d’après l’exégèse du premier commandement d’Ulrich de Pottenstein, Paris, Champion, collection « Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge, no 102 », 2010, 560 p.

Texte

Dans son commentaire du premier commandement de la Bible, Ulrich de Pottenstein, clerc autrichien du xve siècle, apporte d’importants témoignages sur l’état des croyances dites « populaires » dans la société de son temps. Ces croyances touchent à l’observation des signes ou du temps, à la divination et à la magie, bref aux rites et croyances du paganisme qui survivent encore dans le christianisme de la fin du Moyen Âge. Il dresse une liste des superstitions que le Moyen Âge connaissait bien et auxquels les récits littéraires font parfois allusion mais qui, évidemment, sont bien plus mystérieuses de nos jours, car les sociétés rationalistes et positivistes de l’ère moderne ont cherché à les ridiculiser pour les faire disparaître. Ignorant généralement les réalités du « folklore » médiéval, les médiévistes d’aujourd’hui témoignent la plus grande incompréhension face à de telles croyances qu’ils ne sont pas capables d’expliquer ou dont ils ne pressentent même pas la richesse pour comprendre des réalités toujours actuelles. On retiendra par exemple le cas de ces chaussures déposées dans un arbre consacré à une créature fantastique nommée Bilwiz. On pense immédiatement aux chaussures déposées encore parfois de nos jours aux pieds de l’arbre de Noël. L’anthropologie moderne et les recherches sur l’imaginaire incitent à reprendre l’étude de ces « superstitions », car elles sont des marqueurs culturels importants des sociétés du passé et offrent souvent d’étranges similitudes avec les usages des civilisations sans écriture ou des peuples premiers quand elles ne font pas écho à des rites toujours pratiqués à l’époque « post-moderne ». L’ouvrage d’Émilie Lasson est très précieux pour guider l’anthropologue dans le dédale de ces rites étranges et inexpliqués, pour en saisir la cohérence imaginaire et inconsciente. L’auteur en recherche les sources et les compare à d’autres rites mentionnés par des auteurs contemporains. Il en résulte un travail extrêmement utile, d’autant plus indispensable au chercheur qu’il est suivi (p. 423‑499) d’un « dictionnaire des superstitions du xve siècle » qui va de « l’aéromancie » aux « yeux » en passant par « le cauchemar », « l’hirondelle », « le jet de chaussure », « le lièvre », « le trèfle à quatre feuilles ». Il n’aurait pas été inutile de traduire le vieil allemand des notices pour le lecteur non germaniste, mais l’index détaillé permet de retrouver rapidement le commentaire de ces superstitions dans l’étude elle‑même.

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Référence papier

Philippe Walter, « Émilie Lasson, Superstitions médiévales : une analyse d’après l’exégèse du premier commandement d’Ulrich de Pottenstein », IRIS, 32 | 2011, 200.

Référence électronique

Philippe Walter, « Émilie Lasson, Superstitions médiévales : une analyse d’après l’exégèse du premier commandement d’Ulrich de Pottenstein », IRIS [En ligne], 32 | 2011, mis en ligne le 05 octobre 2021, consulté le 20 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/iris/index.php?id=2527

Auteur

Philippe Walter

Directeur du CRI et de la revue Iris (1999-2013)

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