Philippe Walter réussit la gageure de décoder pour tous les lecteurs le secret de ce graal tant prisé, objet de tant de quêtes romanesques et pourtant si mal connu. Comprendre le Conte du graal1 du célèbre auteur champenois Chrétien de Troyes nécessite d’abord une démarche philologique : le graal est un mot courant au xiie siècle ; il désigne un plat assez grand contenant un repas à partager (p. 33). Pourtant, loin de lui enlever tout mystère et secret, cette signification nous permet de découvrir l’histoire de ce graal si (voire trop) souvent lié aux chevaliers de la Table Ronde et à l’origine du « roman » racontant les aventures du jeune Perceval. L’analyse sur les sources possibles2 du récit permet de montrer la relation avec le conte des « trois conseils3 » qui existe sous différentes variantes (p. 18‑31) ; Perceval reçoit lui aussi trois conseils qui lui permettent de progresser dans son éducation et son initiation.
P. Walter explique ensuite comment les réécritures et continuations en prose, surtout celle de Robert de Boron4 (p. 50‑54), ont transformé un graal en Le Graal, calice ayant contenu le sang du Christ et nous permet ainsi de mieux appréhender la question de la transsubstantiation et des mystères de l’Eucharistie.
Ce contenant qui fait tant parler de lui dans les différents media médiévalistes est compris et décrypté au terme de cette enquête passionnante et toujours source d’inspiration.