Lorsqu’il nous a été proposé de contribuer à ce numéro spécial de la Revue internationale des Francophonies, nous avons dans un premier temps accueilli cette idée avec un vif intérêt puis nous nous sommes interrogés sur la pertinence de notre contribution au regard du contexte mouvant du projet encore embryonnaire de création de l’Université Nationale de Vanuatu. Le souhait de partager l’expérience unique que nous vivons dans notre archipel du Pacifique a finalement pris le pas sur nos réticences et inquiétudes dans le cadre d’une approche autoethnographique collaborative menée selon les principes de l’analyse théorisante (Laslett, Pierce, Mayner, 2002). Ainsi, cet article constitue avant tout un témoignage sur un processus politique en cours visant à institutionnaliser la francophonie universitaire en contexte minoritaire à travers la promotion du bilinguisme.
La présence des langues française et anglaise dans le système éducatif du Vanuatu est le fruit de son héritage historique, pays colonisé par la France et l’Angleterre jusqu’à son indépendance le 30 juillet 19801. Ainsi, l’article 3 de la Constitution de Vanuatu mentionne qu’il existe trois langues nationales : le bislama2, le français et l’anglais et deux langues principales d’éducation que sont le français et l’anglais. Dans la région océanienne où cette particularité ajoutée à la plus forte densité linguistique au monde3 fait figure d’exception4, le Gouvernement aurait pu choisir, pour des raisons à la fois fonctionnelles et politiques, de ne garder que la langue anglaise dans la réforme de son système éducatif initiée en 2015 intégrant l’enseignement supérieur et technique dans les axes de travail du Ministère de l’Éducation et de la Formation. En effet, le positionnement géographique du Vanuatu, seul pays reconnaissant officiellement l’anglais et le français dans un contexte géopolitique régional majoritairement anglophone ainsi que la réalité économique auraient représenté de bons arguments en faveur de la mise en place d’une politique d’enseignement supérieur monolinguiste. Pourtant, la nouvelle structure universitaire qui se met en place, repose sur l’existence de formations supérieures bilingues, accessibles tant aux étudiants francophones qu’anglophones. L’actuel processus d’institutionnalisation repose également sur la structuration d’un secteur éducatif tertiaire qui existe notamment par des collaborations mises sur pied à travers des conventions et programmes qui lient le Ministère de l’Éducation et des universités internationales partenaires. En sus du projet de loi sur l’université nationale, l’enseignement supérieur et technique vient également de faire l’objet d’une réforme législative afin de l’intégrer dans la loi sur l’éducation 5.
Cet article se propose ainsi de présenter les étapes qui ont amenées le Vanuatu, petit État insulaire du Pacifique Sud, à développer le projet de créer une université nationale ayant pour spécificité d’être bilingue, puis d’analyser les enjeux que cela représente en termes sociétaux, linguistiques, politiques et économiques au niveau national et régional.
I. La genèse du projet d’université nationale bilingue : un enjeu historique et politique
I.1. Retour sur l’enseignement supérieur régional dans le Pacifique Sud
Jusqu’au développement récent du projet de créer une université nationale ayant une dimension bilingue, l’élite francophone du Vanuatu était essentiellement formée à l’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC) tandis que l’élite anglophone était pour la grande majorité formée à l’Université du Pacifique Sud (USP), université régionale créée en 1968 et comptant douze États membres insulaires du Pacifique6, ainsi que dans les universités de Papouasie-Nouvelle-Guinée, d’Australie et de Nouvelle-Zélande.
L’UNC7 est une université française qui s’est développée dans un contexte politique de décolonisation8. Née en 1987 en tant que composante de l'université française du Pacifique dont le siège administratif était à Tahiti, les deux centres sont devenus deux universités autonomes et l'antenne calédonienne est devenue l'université de la Nouvelle-Calédonie en 1999. Elle reçoit majoritairement ses financements de l’État français et doit répondre aux exigences de l’enseignement supérieur français en tant qu’établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel régi par la loi du 26 janvier 19849. Dans le même temps, elle a pour but de former une élite locale dans les secteurs prioritaires pour la Nouvelle-Calédonie. Grâce à un réseau de laboratoires de recherche, aux nombreux investissements10 et au développement d’un consortium de Coopération pour la Recherche, l'Enseignement Supérieur et l'Innovation (CRESICA11) réunissant tous les instituts de recherche basés sur le territoire, l’UNC constitue un pôle d’attraction francophones tant au niveau local, avec trois mille deux cent soixante-dix-neuf étudiants inscrits en 2019, qu’au niveau régional, notamment pour les étudiants Ni-Vanuatus dont le nombre d’inscrits n’a cessé de croître depuis 2005 passant de cent quatorze à trois cent quatre-vingts en 2019.
Pour sa part, l’USP, dont le siège se trouve à Fidji, dispose d’un réseau de campus et de centres de formation répartis dans les pays membres (tous anglophones) et fonctionne principalement grâce aux financements de ces États. Université dominante dans la région océanienne insulaire depuis cinquante ans, l’USP offre un dispositif de formation étendu en anglais comptant environ 16 000 étudiants à temps plein et a développé au cours de son existence des liens étroits avec des pays comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande qui participent également de façon importante à son financement.
Le campus de Vanuatu propose un cursus en présentiel en droit dispensé exclusivement en anglais et a développé au fils du temps des filières francophones qui reposent sur la traduction de cours de l’anglais vers le français et le recours à des tuteurs francophones12. L’université du Pacifique Sud constitue dans la région océanienne un terrain d’influence politique et linguistique majeur par la formation des futures élites des pays insulaires ainsi que par la recherche au niveau régional, en particulier avec son Journal of Pacific Studies, revue scientifique multidisciplinaire axée sur les problèmes de développement dans le Pacifique à laquelle ont contribué de nombreux chercheurs de la région depuis 1975.
Des États de la région ont choisi de ne pas s’associer à l’USP, telle la Papouasie-Nouvelle-Guinée qui compte six universités dont quatre publiques et deux privées ainsi que de nombreux instituts d’enseignement supérieur. La Nouvelle-Calédonie, territoire français, a de son côté établi l’UNC dont il a été déjà été fait mention précédemment.
I.2. Le développement parallèle d’universités nationales dans la région
L’implantation de l’USP s’est progressivement accompagnée du souhait parallèle de certains de ses États membres aux populations les plus importantes de se doter de leur propre université nationale.
On peut citer suivant l’ordre chronologique de leur apparition :
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National University of Samoa établie en 1984
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Fiji National University en 201013
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Solomon Islands National University en 201314
Ces universités revêtent des contours différents mais l’essence de leur création repose sur les principes semblables exprimés par le Professeur Fui Le’apai Tu’ua ‘Īlaoa Asofou So’o, Président de l’Université Nationale de Samoa : « the University of the South Pacific was established in 1968 to cater for the needs of the South Pacific region. However, along with the wave of decolonisation came the realisation among some of the Pacific Island countries that in order to be true to the democratic principle of self-determination, each country must have its own institution of higher learning »15.
Ainsi, la création de l’université nationale représentait un « rêve » pour les pères fondateurs de l’État de Samoa dès l’indépendance en 1962 mais ce n’est qu’en 1983 que l’idée a pu prendre forme lorsque le Gouvernement au pouvoir a pris en considération les problèmes rencontrés par les étudiants samoans poursuivant leurs études à l’étranger et a manifesté la volonté que les diplômés répondent aux besoins spécifiques de main-d’œuvre du pays (Université nationale des Samoa, s.d.-b). La licence en sciences de l’éducation a été la première filière universitaire créée en 1987 suivie de la licence en sciences humaines et littérature. Les premiers étudiants ont été diplômés en 1990.
En 1997, un amendement à la loi portant création de l’université de 1984 a permis de remplacer les membres étrangers du conseil d’administration par des membres locaux nommés par le chef de l’État sur recommandation du cabinet16.
En 2010, l’Université Nationale de Samoa comptait environ deux mille étudiants ; en 2019 et après fusion de plusieurs institutions de formation supérieure dont l’Institut de Polytechnique en 2006, six facultés coexistent représentant les disciplines suivantes : éducation, santé, sciences, arts, commerce et enseignement technique.
La création de la Fiji National University a suivi un processus différent de celle de Samoa en ce qu’elle s’est constituée en 2010 sur la base de la fusion de six établissements d’enseignement supérieur préexistants17. Ainsi, l’État fidjien a souhaité structurer son enseignement supérieur disséminé sur le territoire avec l’ambition de devenir la première université aux Fidji et dans la région du Pacifique ainsi qu’un centre national d’excellence pour tout ce qui concerne la formation et la productivité18. Après presque dix années d’existence, l’Université Nationale de Fidji se veut également un vecteur de développement économique et social en promouvant l’employabilité de ses étudiants et la recherche appliquée au bénéfice de la société fidjienne19. Conformément au souhait initial, elle représente actuellement la plus large université du Pacifique Sud avec environ vingt mille étudiants inscrits et cinq instituts regroupant l’ensemble des disciplines scientifiques20.
La troisième université nationale de la région océanienne, l’Université nationale des Îles Salomon (SINU), a été créée en janvier 2013 après qu'un projet de loi visant à sa création a été adopté par le parlement en 2012. Suivant le même processus qu’aux Îles Fidji, les Îles Salomon disposaient déjà d’un réseau d’institutions de formation dont certaines existaient avant l’indépendance en 1978. En 1984, une première loi adoptée par le Parlement a ainsi permis de créer l’Institut National d’Enseignement Supérieur mais la nécessité de diversifier les champs de formation et de les faire reconnaître sur le plan international a amené le Gouvernement à développer le projet universitaire dès 2008 (Université nationale des Îles Salomon, s.d.). SINU compte actuellement environ quatre mille étudiants inscrits et regroupe cinq écoles21 délivrant essentiellement des diplômes de licence.
I.3. Le projet de création de l’Université Nationale de Vanuatu, un symbole « d’unité et de cohésion sociale nationale »
Dans ce contexte régional où l’on peut percevoir l’importance du projet universitaire national aux fins d’émancipation de ces jeunes États, l’arrivée d’un nouveau Gouvernement au Vanuatu en janvier 2016 dont le Premier Ministre, M. Charlot Salwai Tabimasmas est francophone, a permis d’impulser un nouvel élan au projet de création d’une université nationale. Dans le Plan des cent jours du Gouvernement22 se trouvent ainsi mentionnées plusieurs actions relatives à l’enseignement supérieur et à la recherche dont le développement d'un programme pour l'établissement d'une Université Nationale du Vanuatu23. Le Plan de Développement National Durable 2016-2030 communément appelé le « Plan du Peuple » a pour vision d’aspirer à un Vanuatu stable, durable et prospère et repose pour cela sur trois piliers : sociétal, environnemental et économique. Dans ce cadre, le pilier sociétal prévoit « un système d’éducation inclusif, équitable et de qualité, avec un apprentissage tout au long de la vie pour tous » et a pour objectif d’étendre les possibilités d’éducation supérieure, y compris au niveau professionnel et technique. Ce plan s’inscrit également dans le cadre mondial des dix-sept objectifs de développement durable des Nations Unies dont le quatrième prévoit l’accès à une éducation de qualité24.
Cette exigence d’offrir un accès de qualité à l’enseignement supérieur aux nombreux jeunes désirant poursuivre leurs études au Vanuatu a fait l’objet d’une prise de conscience aigüe par le Ministère de l’Éducation et de la Formation en charge de proposer les réformes. Avec le souci de tenir compte de sa particularité linguistique et de compenser progressivement le déséquilibre en matière d'offre universitaire entre les filières anglophones et francophones, ce ministère s’est ainsi engagé à partir de 2015 à créer une direction de l'enseignement tertiaire chargée de développer l'enseignement supérieur et technique au Vanuatu et notamment de créer une université nationale incluant des formations bilingues. Cet engagement du Gouvernement a fait l'objet d’un accord unanime de la classe politique à travers plusieurs décisions du Conseil des Ministres du 13 mai et 4 août 2016, du 31 août 2017, du 31 août 2018 ainsi que du 30 octobre 201925.
C’est dans ce contexte émergent qu’une réflexion a également été entreprise dès 2016 pour établir une liste de filières supérieures à développer en priorité, laquelle a donné lieu à la rédaction d’une synthèse en juillet 2016 (Tofor, 2016) faisant ressortir quatre secteurs essentiels pour le développement du Vanuatu : le tourisme, l’agriculture, l’environnement et l’informatique.
Depuis lors, plusieurs formations supérieures délocalisées proposées dans le cadre de partenariats internationaux avec des universités francophones et anglophones26 ont été ouvertes, comptant trois cents étudiants en 2020. Ces formations de niveau licence et master seront amenées à être partie intégrante de l’université nationale dès son établissement officiel dans le cadre d’une co-diplomation internationale.
Le Ministère de l’Éducation et de la Formation a décidé de consacrer un budget important à la mise en place de ces cursus qui préfigurent l’université de demain. Dans le communiqué de presse officiel publié à l’occasion de la rentrée académique de février 2019, le Ministre de l’Éducation a tenu à rappeler l’importance du projet universitaire national en ces termes : « le Vanuatu a besoin de renforcer ses élites et de former ses propres cadres bilingues. Avec le développement de l'université et l’enrichissement des niveaux de qualifications, une dynamique propice à la promotion sociale est en cours, laquelle agira sur tous les secteurs. » (Ministère de l’Éducation et de la Formation du Vanuatu, 2019).
II. Les axes principaux de l’université en devenir
II.1. Une université bilingue pour assurer un avenir à la francophonie dans la région océanienne
Le Vanuatu compte une population d’environ deux cent quatre-vingt-douze mille habitants en 2018 (Banque mondiale, 2018) dont l’on dit généralement qu’environ 35 % sont francophones et 65 % anglophones27. À la fois membre du Commonwealth et de l’Organisation internationale de la Francophonie, il n’a cessé de revendiquer depuis le début des années quatre-vingt-dix l’importance de maintenir et de faire fructifier l’héritage linguistique issu de la présence coloniale franco-britannique entre 1907 et 198028. Ainsi, après une première période complexe de l’Indépendance à 1991 où la francophonie était associée à la puissance colonisatrice par le premier gouvernement au pouvoir mené par M. Walter Lini, le premier Ministre Maxime Carlot Korman élu en 1991 a fait état de l’importance de la francophonie comme outil de rayonnement régional et international conformément au texte de la Constitution du Vanuatu : « According to the Constitution, which the Vanuaaku party signed, the English and French languages should be treated equally and, in particular, taught in all schools. »29 (Van Trease, 1995, 169).
L’engagement pour la promotion de la langue française a depuis lors varié en fonction des majorités politiques au pouvoir mais nul n’a jamais réellement contesté la structure binaire du système d’éducation primaire et secondaire misant au contraire sur cette particularité qu’a le Vanuatu dans la région océanienne où les seuls autres territoires pratiquant le français sont la Nouvelle-Calédonie, voisin le plus proche, Wallis-et-Futuna ainsi que la Polynésie Française. La réforme éducative initiée dès 2015 à travers la mise en place du programme VESP (Vanuatu Education Support Program) soutenu par l’Australie envisage cependant l’enseignement de façon plus inclusive à travers l’apprentissage dans les langues vernaculaires et en bislama dans les premières années d’études puis l’intégration progressive du français et de l’anglais.
II.2. Une université fédératrice intégrant les institutions de formation existantes
Sur le modèle de la Fiji National University et de la Solomon Islands National University, l’Université Nationale de Vanuatu va constituer un pôle d’attraction fédérant les institutions de formations techniques préexistantes, soit l’Institut de Formation des Enseignants, l’Institut de Technologie, l’École d’infirmiers, le Collège maritime, le Collège d’agriculture et le Collège de police30.
À cette fin, il sera nécessaire avant tout de réunir ces institutions sous la tutelle du Ministère de l’Éducation et de la Formation afin d’assurer l’élévation de leur niveau de qualification. Ces établissements se caractérisent actuellement par l’hétérogénéité de l’offre de formation proposée qui va du niveau 1 à 4 selon le cadre de qualification du Vanuatu31, soit d’un niveau technique secondaire. Les différents ministères (santé, agriculture…) qui gèrent la plupart de ces instituts ne disposent d’aucune expertise dans le domaine de la formation et ne sont donc pas en mesure de les appuyer dans la mise en place des réformes nécessaires. Le transfert de responsabilité souhaité au Ministère de l’Éducation et de la Formation permettra d’établir une stratégie avec un encadrement approprié de la direction de l’enseignement supérieur et technique, un plan de formation des enseignants et la mise en place de partenariats pour l’appui à ces établissements en vue d’assurer ainsi leur intégration progressive dans l’université nationale.
En parallèle à cette évolution, le Ministère de l’Éducation et de la Formation a commencé dès 2013 à développer des filières générales bilingues français-anglais en collaboration avec des universités étrangères32. Le premier programme a été initié grâce à l’appui technique et financier de l’Ambassade de France au Vanuatu et de l’antenne locale de l’Agence Universitaire de la Francophonie à la suite d’une étude de faisabilité réalisée en 2011 qui avait démontré l’importance de proposer sur place une formation supérieure pluridisciplinaire à destination des jeunes francophones en particulier afin de leur éviter d’être dans l’obligation de s’expatrier pour poursuivre leurs études en français. Ainsi, la première licence en Administration économique et sociale (AES) délocalisée a vu le jour à la rentrée 2013 en partenariat avec l’Université Toulouse 1 Capitole (France). Le contenu était alors uniquement enseigné en français ; peu à peu, la sensibilisation à l’importance d’introduire des cours en anglais a permis de revoir le cadre contractuel et a amené en 2017 à la signature d’un nouvel accord entre l’université toulousaine et le Ministère de l’éducation prévoyant qu’au moins 30 % des enseignements soient délivrés en anglais.
À ce premier cursus se sont ajoutés peu à peu deux autres formations de master en 2017 dont un master en Sciences Economiques et Sociales (SES) dans le prolongement de la licence AES et un programme de master en Aménagement et Développement des Territoires Océaniens (ADTO) en partenariat avec l’Université de la Nouvelle-Calédonie. En 2018, une nouvelle formation de licence bilingue français-anglais en tourisme-hôtellerie a vu le jour dans le cadre d’un consortium de quatre universités internationales partenaires, l’Université de la Nouvelle-Calédonie, l’Université Toulouse 2 Jean-Jaurès (France), Victoria University of Wellington (Nouvelle-Zélande) et Taylor’s University (Malaisie). Afin d’assurer le consensus de la classe politique sur le montage d’une formation supérieure dans le premier secteur économique du pays représentant 40 % du PIB, la proposition formulée par les universités à l’issue d’un processus d’appel d’offres public a fait l’objet d’une validation en Conseil des Ministres. Premier signe fort d’un engagement de la classe politique à soutenir le processus en cours, le lancement de cette première licence bilingue tourisme-hôtellerie a même donné lieu à une interruption de la session parlementaire en novembre 2017 afin que le Premier Ministre et tous les députés puissent participer à l’évènement.
Suivant les priorités établies par l’étude de faisabilité de 2016 mentionnée précédemment mais également dans le cadre du Plan National de Développement Durable du Vanuatu 2016-2030 dont l’environnement constitue l’un des trois piliers, la prochaine licence bilingue qui devrait être proposée en 2021 se situe dans le domaine des sciences de l’environnement et sera proposée dans le cadre d’un partenariat avec James Cook University (Australie) et l’Université de la Nouvelle-Calédonie. Enfin, selon les résultats d’une nouvelle étude de faisabilité commandée en novembre 2019, pourrait s’ensuivre l’ouverture d’un cursus en 2021/2022 dans le secteur de l’informatique et des nouvelles technologies.
II.3. Un outil de développement économique, social et culturel
Par son ambition de s’inscrire pleinement dans les réformes économiques et sociétales initiées par le gouvernement du Vanuatu, l’université nationale va contribuer à l’émancipation de ce pays qui fêtera le quarantième anniversaire de son Indépendance en juillet 2020. Ainsi, en prenant en compte les spécificités clairement exprimées dans le plan du peuple 2016-2030, mais également du Plan national de développement de ressources humaines récemment introduit, elle pourra répondre à la pénurie de diplômés qualifiés et plurilingues à même de mettre en œuvre la vision souhaitée d’un Vanuatu « stable, durable et prospère » (Plan National de Développement Durable du Vanuatu 2016-2030). Ce déficit de ressources humaines est énoncé par le Premier Ministre, M. Charlot Salwai Tabimasmas, dans le plan de développement national des ressources humaines, lancé en novembre 2019, lequel « reconnaît la nécessité de disposer d’une main-d’œuvre plus qualifiée au Vanuatu, en particulier de qualifications professionnelles de techniciens et d’associés » (Vanuatu 2030, Plan du Peuple, plan de développement national durable 2016 à 2030).
La recherche se situe également au cœur des réflexions en cours. Afin de constituer un pôle d’attractivité pour les instituts de recherche de la région, l’un des axes majeurs de l’université en devenir repose en effet sur l’innovation. Dans ce sens, on peut noter un intérêt renouvelé pour le Vanuatu de la part des instituts de recherche français basés en Nouvelle-Calédonie, en particulier l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et l’Institut Pasteur qui ont fait part de leur souhait de participer à l’élaboration de la composante recherche au sein de l’université par le montage de projets ambitieux. Les plans stratégiques de ces institutions prévoient une ouverture sur le Pacifique et le Vanuatu représente, de par son bilinguisme, un atout indéniable dans la perspective de la coopération française.
Deux orientations ont été retenues jusqu’à présent pour former les chercheurs de demain : la formation de doctorants à travers la mise en place de partenariats avec des écoles doctorales de la région, en particulier l’École Doctorale du Pacifique rattachée à l’Université de la Nouvelle-Calédonie et l’Université de la Polynésie française, et l’allocation de bourses pour la poursuite d’études doctorales ainsi que l’animation de la recherche par l’organisation de colloques annuels ayant trait aux défis fondamentaux de développement du pays. On peut citer ainsi en 2018 la tenue d’un séminaire sur le bilinguisme universitaire intitulé « De la pluralité linguistique au bilinguisme universitaire, réalités et enjeux »33 et en 2019, le colloque intitulé « Quel système fiscal pour le Vanuatu ? ». Ces deux évènements portant sur des thématiques cruciales pour l’avenir du Vanuatu ont suscité beaucoup d’intérêt de la part tant des autorités gouvernementales, que du secteur privé et de la société civile. Le Vanuatu a jusqu’à présent été le terrain de nombreuses recherches, mais peu ont réellement été diligentées en fonction des besoins exprimés localement et encore moins ont fait l’objet de restitutions publiques dans le cadre de publications d’ouvrages scientifiques dédiés ou de l’organisation de conférences.
III. Un avenir encore incertain
III.1. Les enjeux liés à la présentation de la loi au Parlement
La rédaction du texte relatif à l’Université Nationale de Vanuatu a donné lieu à un long travail collaboratif entre le Ministère de l’Éducation et de la Formation et le Service juridique de l’État dont la conseillère parlementaire a reconnu l’originalité à l’occasion d’une des réunions de concertation qui se sont déroulées entre fin 2017 et 2019. Ainsi, la forme de l’université a réellement été conçue en consultation avec les instances nationales afin de tenir compte des particularités du pays et de la région tout en comptant l’appui d’experts étrangers.
La loi portant création de l’Université Nationale de Vanuatu a été présentée au parlement le 17 décembre 2019 lors de la dernière session parlementaire de la mandature du gouvernement Salwai. Il s’agissait donc de la dernière opportunité pour le Ministre de l’Éducation Jean-Pierre Nirua de soutenir ce projet devant ses pairs.
Les membres du parlement ont étudié les trente-sept articles avec acuité et précision. Certaines objections de l’opposition questionnaient la temporalité du projet en indiquant que le Vanuatu n’était pas encore prêt à accueillir une université nationale, que le financement de la construction des bâtiments serait exorbitant ou encore que le recrutement des enseignants poserait problème. Le chef de l’opposition a ensuite tenu à rappeler l’importance de proposer au Vanuatu un horizon universitaire propre à l’aube du quarantième anniversaire de son indépendance. Le projet de loi a finalement été adopté à l’unanimité des cinquante-deux députés et la loi a fait l’objet d’une publication au journal officiel le 24 janvier 202034.
Cet accord unanime de la classe politique, au-delà de ses divergences de principe, met en lumière la bonne temporalité du projet et inscrit l’université comme l’une des avancées majeures d’un processus visant à rétablir l’équilibre linguistique au sein de la population.
Ainsi, l’article trois de la loi dispose que « l’université a pour objet d’offrir de l’avancement dans l’enseignement supérieur et un apprentissage tout au long de la vie par l’excellence académique et professionnelle grâce à la formation, l’instruction et l’apprentissage dans les deux langues officielles que sont l’anglais et le français, et à la recherche et la coopération internationale ».
L’université ne comptera pas seulement des filières bilingues français-anglais mais le modèle institutionnel sera également hybride. Largement inspirée du modèle anglo-saxon pour son fonctionnement administratif, cela lui permettra de générer des financements grâce aux frais d’inscription qui n’atteindront cependant pas les montants prohibitifs qui peuvent parfois être pratiqués par des universités privées et retirer ainsi tout le bénéfice du développement attendu d’une institution d’enseignement supérieur au niveau national. Mais ce modèle peut-il réellement être pérenne au vu de la situation géopolitique du Vanuatu, petit pays insulaire en développement enclavé dans une région majoritairement anglophone ?
III.2. Le bilinguisme anglais-français en question
La réflexion sur les aspects linguistiques et le souhait de rétablir l’équilibre entre la majorité anglophone et la minorité francophone ont été à l’origine du volontarisme du gouvernement actuel, et en particulier de son Ministre de l’Éducation et de la Formation, qui a fait de ce projet universitaire bilingue l’une de ses priorités. On ne peut toutefois nier les réticences que cela suscite de la part de certains acteurs politiques anglophones qui questionnent le coût ainsi que la faisabilité de la mise en place d’un système d’enseignement supérieur bilingue anglais-français, en particulier pour l’intégration des jeunes anglophones. D’autres s’interrogent sur la place du bislama, troisième langue nationale et langue véhiculaire, dans ce schéma, comme cela a été exprimé par Leslie Vandeputte, anthropolinguiste, spécialiste du bislama, lors du séminaire organisé en juillet 2018 par la Direction de l’enseignement supérieur sur le bilinguisme universitaire : « Quelle image souhaite-t-on montrer du Vanuatu ? Celle d’une université nationale où la langue nationale serait exclue ? Ou bien celle d’inclusion comme témoin de la parfaite prise en compte et nécessité d’utiliser le bislama (et les langues locales) comme faisant partie intégrante des langues du pays. » (Vandeputte, 2019,49) ainsi que par Robert Early, linguiste et ancien directeur du centre des langues du Pacifique à l’USP, qui lors du même évènement, s’exprimait en ces termes : “Of course, there are specific English and French competencies that provide necessary skills for external interaction and international engagement, but more is hoped from tertiary education than just this, and specifically characterising the new university as bilingual, or limiting access to the learning it offers only to students who have facility in both languages may appear to be unnecessarily restrictive.”35 (Early, 2019, 27).
En réponse aux propos de Leslie Vandeputte et de Robert Early, le ministre Jean-Pierre Nirua à qui le gouvernement a confié la délicate tâche de conduire les travaux de montage et d’installation de l’Université Nationale du Vanuatu répond :
« Nous avons la lourde responsabilité dans l’édifice de notre université nationale de créer un établissement de formation tertiaire de haut niveau dont les valeurs et les normes se mesureront aux exigences internationales. La valeur spécifique de cette Université Nationale de Vanuatu sera mesurée par le niveau de compétences académiques et professionnelles qui ressortira de ses lauréats qualifiés dans les deux langues internationales de l’ONU, et non d’une langue qui n’a ni vocabulaire ni grammaire communs. » (Nirua, 2018)
« Cela dit, il est important de nous rappeler la nécessité pour le Vanuatu d'affirmer sa place dans la communauté régionale et internationale en tant que nouvelle nation en développement diplômée qui sortira du groupe des pays les moins avancés en décembre 2020. Une université est un lieu de grande culture de cerveau et d'apprentissage international et les langues françaises et anglaises sont clairement identifiées comme " langues d'enseignement " dans la Constitution, et il est impératif qu'elles soient utilisées simultanément pour l'enseignement et l'apprentissage des élites Ni-Vanuatus de demain. Le bislama et les langues vernaculaires nationales seront recherchés, documentés grammaticalement et enseignés pour les affaires ou la préservation locale et sous-régionale lorsqu'ils auront été correctement documentés. Enfin, une université bilingue ou multilingue est ce dont le Vanuatu a besoin pour refléter sa propre identité. En tant que lieu de cohésion sociale, une université bilingue offre l'environnement le plus inclusif aux jeunes Ni-Vanuatus qui aspirent à devenir des citoyens internationaux et de principaux acteurs d’innovation évolutionnaire. » (Nirua, 2018)
Ces inquiétudes telles qu’elles sont exprimées ne remettent pas en cause le bénéfice que la langue française représente pour le Vanuatu mais interrogent la place du bislama dans ce bilinguisme revendiqué par le projet universitaire. Pourtant, la nature bilingue affichée ne signifie pas que le bislama et les langues vernaculaires ne seront pas représentés au sein de l’université. L’université comportera une école nommée « École des Arts, des Langues et des Cultures de Vanuatu/ School of Vanuatu Arts, Languages and Cultures » qui aura pour mission de proposer des programmes de formation et de recherche liés aux questions linguistiques et culturelles propres au Vanuatu. L’organisation de plusieurs évènements scientifiques ayant trait à ces problématiques par le Ministère de l’Éducation et de la Formation depuis 2017 témoigne également de son engagement à investir ce champ d’études.
Par ailleurs, le titre retenu pour l’université est bien traduit dans les trois langues nationales soit Nasonal Yunivesiti blong Vanuatu – National University of Vanuatu - Université Nationale de Vanuatu. L’utilisation du bislama ne se veut pas seulement symbolique mais correspond également à une volonté de réfléchir à la place qu’il pourra occuper dans le système universitaire naissant, comme objet d’études aussi bien que comme véhicule d’apprentissage dans certaines disciplines relevant des sciences humaines en particulier36.
La nature bilingue de l’université en devenir signifie que les programmes d’études seront offerts dans la mesure du possible en version bilingue. Certains programmes continueront d’être dispensés en anglais et/ou en français, comme c’est actuellement le cas dans les établissements de formation existants (voir II.2). Pour permettre aux étudiants anglophones d’intégrer les programmes bilingues, un dispositif de renforcement en français est proposé dans les cursus délocalisés menés en partenariat avec des universités étrangères depuis 2018. En 2020, un centre de langues ouvrira au sein de l’université ayant pour objet de renforcer l’enseignement de l’anglais et du français, de proposer davantage de services aux anglophones pour faciliter leur apprentissage du français et de réfléchir à la place du bislama et des langues vernaculaires.
Le bilinguisme français-anglais et son multilinguisme représentent une richesse pour le Vanuatu et en fait un pays unique dans la région océanienne. Ses ressources humaines bilingues qualifiées le différencient des autres pays de la région et peuvent constituer un facteur de développement économique, en particulier à travers la possibilité d’attirer des entreprises et industries francophones d’envergure. Le bilinguisme constitue également un facteur d’attraction touristique majeur, alors que le tourisme représente 45 % du PIB du Vanuatu (Banque asiatique de développement, 2019).
À ce stade, la question des langues qui seront pratiquées dans l’université nationale constitue avant tout un processus où la force de conviction et la communication jouent un rôle majeur.
On ne peut nier que le bilinguisme constitue un défi pour le Vanuatu, en particulier en termes de coût ; à cet égard, il n’est pas anodin que le Canada, grand État reconnu pour le bilinguisme officiel de sa population, ait fait le choix majoritaire de l’unilinguisme dans l’enseignement secondaire et tertiaire. Néanmoins, il faut considérer le bénéfice aussi bien social qu’économique que le Vanuatu pourra tirer de cette situation. Ce choix politique est ambitieux, certes, mais également fondateur et fait le pari qu’il sera en mesure d’apporter au Vanuatu un positionnement singulier sur la scène internationale pouvant représenter un intérêt certain pour l’engagement de partenariats aussi bien avec les universités membres de l’Agence universitaire de la Francophonie que de l’Association des Universités du Commonwealth.
III.3. La qualité, seul gage de succès de l’université
La qualité des programmes de formation qui seront proposés à l’université constituera l’élément fondamental de sa pérennité et de sa reconnaissance au plan national et international. C’est pourquoi le projet inscrit les partenariats mis en place avec les universités étrangères pour le fonctionnement des filières supérieures générales dans une vision à long terme à travers la perspective d’un partage de connaissances amenant à une co-diplomation, Université Nationale de Vanuatu - universités partenaires. Ce système facilitera aussi la mobilité des étudiants envisageant de poursuivre leur cursus d’études à l’étranger. Dans ce sens, l’aspect bilingue de l’université pourrait constituer un atout en multipliant les opportunités pour les étudiants diplômés qui se verront dans la possibilité de candidater dans des formations proposées tant par des universités anglophones que francophones.
Les liens avec l’Organisation internationale de la Francophonie et le Commonwealth, comme l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) et the Association for Commonwealth Universities (ACU) devraient assurer également à la future université un rayonnement sur la scène internationale ainsi que des possibilités de soutien technique et financier qui seront absolument indispensables dans la phase d’établissement.
Ces partenariats, aussi pertinents soient-ils, ne suffiront cependant pas à engager l’université dans un processus visant à assurer une formation locale par des enseignants du pays alors que l’on dénombre en 2019 à peine une dizaine de titulaires de doctorat Ni-Vanuatus. À cet égard, l’un des défis majeurs consiste à mettre en place un plan de formation visant à promouvoir la poursuite d’études supérieures de niveau doctoral en particulier dans les disciplines qui seront enseignées à l’université, afin de résorber le déficit de ressources humaines locales qualifiées.
La formation des doctorants pose plus généralement la question de la recherche que l’on peut qualifier d’embryonnaire au Vanuatu en raison du manque de structure encadrante et des besoins de financements importants qui y sont associés. Le projet ayant pour vocation de mettre en place une cellule doctorale du Vanuatu associée à des écoles doctorales partenaires, dont l’École Doctorale du Pacifique37, constitue une première étape dans la structuration de la recherche qui devrait se dérouler dans le courant de l’année 2020. Le soutien aux étudiants désireux de poursuivre leurs études à travers l’attribution de bourses de doctorat représente également un appui incontournable auquel le gouvernement du Vanuatu devrait affecter des financements importants en complément de ceux déjà alloués par les bailleurs français et calédoniens.
L’université nationale devra se doter de chercheurs qui lui permettront de jouer son rôle de vecteur d’innovation et de développer des thématiques de recherche au service des enjeux sociétaux nationaux et régionaux comme les questions liées au changement climatique, aux langues et à la culture, au développement durable… Pour ce faire, l’État devra réaliser des investissements nécessaires et fédérer les divers acteurs, universités de la région, laboratoires de recherche, bailleurs potentiels.
Enfin, la question de l’insertion professionnelle des diplômés se situe aussi au cœur des réflexions relatives à l’émergence de l’université nationale. Il est en effet indispensable que ceux-ci représentent le vivier dans lequel les secteurs public et privé iront puiser leurs prochaines ressources. Dans cette perspective, le Ministère de l’Éducation et de la Formation a déjà noué des accords fructueux avec la fonction publique locale, actuellement principal recruteur des diplômés des formations délocalisées, ainsi qu’avec le secteur touristique pour assurer l’employabilité des jeunes à l’issue de leur cursus. Dans ses premières missions, l’université devra également nouer des accords avec les autres ministères et secteurs industriels liés directement aux formations de l’université nationale pour garantir ainsi l’employabilité des diplômés et ainsi se prémunir de la « fuite des cerveaux » comme c’est le cas dans de nombreux autres États du Pacifique insulaire.
Conclusion
Il ressort du bref aperçu présenté ci-dessus qu’à l’aube des célébrations de son quarantième anniversaire, le Vanuatu est réellement en train d’écrire une nouvelle page de son histoire, et même concrètement d’édifier son institution de pensées de haut niveau, à travers l’établissement de son université nationale, projet unique, complexe mais riche.
La question des langues d’enseignement mérite de faire l’objet d’études et de recherches approfondies afin d’affirmer ce projet national qui s’inscrit comme une composante fondamentale de la dynamique de développement menée par le Vanuatu dans la perspective de se distinguer tant sur la scène régionale que mondiale.
Le succès à court terme n’est pas garanti car cet instrument de formation des élites va nécessiter un travail long et laborieux de structuration dans un contexte politique mouvant avec la fin prochaine de la mandature actuelle. Mais l’enjeu se situe au-delà des premières années de l’établissement de l’université : il s’agit d’assurer au Vanuatu la maîtrise de ses réflexions par la formation de ses propres élites qui désirent aussi devenir des citoyens globaux.
Une telle création revêt également une importance pour les recherches en francophonie ; en effet, ce processus institutionnel est à l’image de la francophonie contemporaine, telle qu’elle peut être promue par les institutions de la francophonie internationale : une langue « en partage » mais pas seule ; une langue d’accès à la connaissance, mais utilisée conjointement avec d’autres.