Le Voyage à l’isle d’Elbe d’Arsène Thiébaut de Berneaud et sa traduction italienne : un parcours de près de deux siècles

DOI : 10.35562/textures.300

p. 44-55

Plan

Texte

Réputée pour ses côtes et ses plages, l’île d’Elbe est aujourd’hui l’une des destinations touristiques les plus charmantes et appréciées d’Italie. Située au cœur du parc national de l’archipel toscan, dans la mer Tyrrhénienne, elle est entrée dans l’histoire lorsque Napoléon Bonaparte y fut exilé : en avril 1814, le traité de Fontainebleau, décrétant l’abdication de Bonaparte, lui permit de garder un petit royaume au large des côtes italiennes et c’est ainsi que naquit la principauté de l’île d’Elbe. Napoléon y resta de mai 1814 à février 1815, seulement dix mois donc, qui toutefois rendirent célèbre dans le monde entier cette île et cette éphémère monarchie.

Avant ce séjour si remarquable, l’île d’Elbe avait été très peu et très mal connue et rares furent les voyageurs qui la visitèrent. L’un d’entre eux fut Arsène Thiébaut de Berneaud, agronome et homme de lettres au service de l’État français. Thiébaut se rendit sur l’île trois fois entre 1800 et 1807, et publia en 1808 son ouvrage Voyage à l’isle d’Elbe aux éditions Colas de Paris1. Il s’agit du premier texte consacré entièrement à l’île d’Elbe. Cette parution si novatrice donna lieu à trois traductions, une allemande en 1809, ainsi qu’une anglaise et une suédoise, toutes deux parues en 18142. Il n’en a pas été de même en Italie, où il a fallu attendre la fin du XXe siècle pour qu’une maison d’édition s’intéresse au Voyage à l’isle d’Elbe, le faisant paraître en 1993 dans la traduction de Tiziana Pisani sous le titre Viaggio all’isola d’Elba3. Par rapport aux trois autres pays, ce retard du côté italien se fait davantage remarquer car il concerne le territoire auquel le destin d’Elbe est lié depuis presque toujours4.

Toutefois l’absence d’une traduction italienne au XIXe siècle n’est pas due à une connaissance tardive de cet ouvrage en Italie : dans la préface du Viaggio all’isola d’Elba, Tiziana Pisani, tout en présentant son travail comme la première traduction du livre de Thiébaut, fait référence à un petit résumé en italien de l’ouvrage, paru à Lucques en 1814. Pisani ne nous en dit pas plus, mais le renseignement est important. Si d’une part il témoigne de l’intérêt que les Italiens portèrent à ce texte dès le début du XIXe siècle, il montre d’autre part qu’à l’époque cet intérêt ne fut pas de nature à justifier une traduction intégrale du livre. Pourquoi donc a-t-il été traduit deux siècles plus tard ? Le décalage temporel qui existe en Italie entre la première réception du Voyage et sa traduction pose en effet quelques questions : il interroge au sujet du regard que les Italiens ont porté sur ce texte au fil du temps, regard qui dans une certaine mesure dépend de celui de Thiébaut sur l’île d’Elbe, mais aussi sur la parution du résumé italien en 1814, ce qui pourrait offrir des informations sur l’absence de traduction à l’époque, et enfin sur la possibilité même d’identifier des causes qui expliqueraient cette absence.

Ce nœud de questions a été le début d’un travail qui m’a conduite à mon tour à voyager sur les traces du Voyage à l’isle d’Elbe auprès des archives et des bibliothèques françaises et italiennes. Je me propose aujourd’hui de parcourir à nouveau les étapes de cette enquête afin de pouvoir esquisser quelques réponses. Je n’ai pas l’ambition d’offrir une solution définitive à toutes ces interrogations, je souhaite plutôt apporter des éléments de réflexion sur la réception en Italie de ce livre de voyage datant de presque deux siècles.

Première étape. Thiébaut et le Voyage à l’isle d’Elbe

Arsène Thiébaut de Berneaud naît en France en 1777. En 1799, lorsqu’il est au service de l’État français, il reçoit l’autorisation du gouvernement pour entreprendre un voyage scientifique qui durera sept ans. Il a pour projet initial de visiter tout le bassin méditerranéen, mais il sera contraint de limiter son exploration scientifique à l’Italie, aux îles voisines et à une partie de la Grèce. C’est à cette époque qu’il entreprend trois voyages à l’île d’Elbe, au moment où l’île est sous la domination française. Thiébaut parcourt entièrement le territoire elbois. Particulièrement touché par cette contrée dont il relève l’importance, il écrit : « De toutes les îles qui peuplent la mer Tyrrhénienne […] il n’en est pas de plus intéressante et de moins connue que l’île d’Elbe5. »

Bien que l’île soit connue depuis les Étrusques, au début du XIXe siècle les informations à son égard sont rares : l’île était réputée pour sa position stratégique, militaire et commerciale, pour ses mines de fer et ses carrières de granite, mais on connaissait mal l’ensemble de son territoire. Les cartes existantes étaient inexactes et les ouvrages à son sujet étaient peu nombreux, ils concernaient surtout la géologie de l’île et son histoire. Les rares voyageurs à aborder les côtes d’Elbe semblaient connaître surtout son chef-lieu6, l’actuel Portoferraio, et sa baie où la légende veut que Jason et les Argonautes aboutirent après s’être emparés de la toison d’or7. Ce n’est qu’après 1814, suite à l’arrivée de Napoléon, que l’île d’Elbe commence à susciter la curiosité des explorateurs, devenant objet d’attention, d’étude ou de pèlerinage et donnant lieu à des publications thématiques et à des livres de voyage.

Contrairement à ces derniers qui traitent des traces de l’empereur sur l’île, le livre de Thiébaut est non seulement un texte-précurseur, mais aussi un des plus complets car il considère tout le territoire elbois et offre un panorama intégral d’Elbe : Thiébaut y dissèque de manière méticuleuse tous les aspects de l’île, de la géographie jusqu’aux vicissitudes politiques, en passant par son histoire naturelle, ses activités commerciales, ses mœurs et la constitution physique de sa population.

Comme il le décrit dans l’introduction de son ouvrage8, Thiébaut prépare son voyage, rassemble toutes les informations consacrées à l’île d’Elbe et apprend l’italien. Une fois sur l’île, il met à l’épreuve et expérimente le savoir qu’il a acquis en analysant les rochers, la nature du sol, les plantes, les eaux et leurs sources, mais aussi en rencontrant la population locale et en comparant ses habitudes à celles des peuples voisins. Son ouvrage se révèle ainsi être un précieux témoignage de l’île en ce début du XIXe siècle.

Thiébaut ajoute à son texte une annexe regroupant de brèves notices sur les autres îles de la mer Tyrrhénienne, ce qui, au lieu de détourner l’attention de l’île d’Elbe, fait d’elle le centre et le principal pôle d’attraction de cette partie de la mer Méditerranéenne. L’auteur du Voyage joint à son ouvrage une nouvelle carte de l’île conçue à partir de ses propres observations géographiques. Il estime que sa nouvelle carte est « la première exactement vraie qui paraisse9 ». Il joint aussi à son livre deux autres planches originales qu’il élabore lui-même : l’une montre une araignée venimeuse qui habite l’île, dont il existait déjà un dessin, mais que Thiébaut trouve inexact, l’autre reproduit des médailles retrouvées à différents endroits de l’île et sur lesquelles Thiébaut croit retrouver l’ancien nom étrusque d’Elbe.

Ces dessins qui complètent l’ouvrage sont l’expression d’un esprit méthodique et de la démarche scientifique qui guident l’exploration de Thiébaut sur l’île. L’auteur décrit de manière explicite cette approche en préambule de son texte lorsqu’il indique les raisons de son voyage :

L’amour des sciences, le besoin d’acquérir de nouvelles lumières, d’étudier les hommes, de peser avec attention, résumer avec simplicité les augustes vérités qui se trouvent dans le grand livre de la nature, peut-être même l’envie de me rendre utile, m’ont fait entreprendre mes voyages10.

La méthode qui domine l’ouvrage s’appuie sur ces intentions initiales : la soif de connaissance, la nécessité d’étudier l’homme et la nature, la volonté de se rendre utile.

L’exploration de Thiébaut est guidée par un désir d’exactitude et son récit laisse entrevoir une pensée pragmatique, expression d’une nouvelle science totale, globalisante, réunissant tous les savoirs. Durant son investigation, il examine les données empiriques, compare ses expériences, se réfère aux sources scientifiques, historiques et littéraires. Il donne aussi des conseils concernant l’agriculture et le commerce, comme l’élevage du ver à soie qui ouvrirait une nouvelle branche d’activité commerciale à l’île11. Il introduit des commentaires sur les mœurs des habitants : il critique certaines habitudes, comme l’usage du corset chez les femmes (« désagréable » à la vue et aussi « fatigant, absurde et cruel12 ») et corrige les pratiques obsolètes, comme celle de la mouture du blé à laquelle Thiébaut consacre une note de bas de page afin de donner des indications sur la façon de perfectionner un moulin13. Dans son livre, Thiébaut incarne le savant raisonnable, le projet d’une révolution libératrice et civilisatrice. Il est guidé par un optimisme intellectuel et la certitude du bien-fondé de sa démarche. Il est convaincu de travailler à enrichir un trésor commun et ne doute pas de la validité de son entreprise.

Le texte est structuré en cinq chapitres. Thiébaut consacre les quatre premiers à l’analyse des différents aspects de l’île. Il parle de la géographie, de la géologie, de la population, des activités commerciales et des mœurs. Il dédie aussi un chapitre à l’histoire politique d’Elbe pour démystifier les contes, les préjugés et les études trompeuses menées à son sujet. Ces quatre chapitres forment un ensemble que l’auteur définit comme « systématique ». Le cinquième et dernier chapitre, consacré à la topographie de l’île, diffère légèrement des premiers. Même si son style reste essentiellement scientifique, Thiébaut décrit parfois de manière sensible et lyrique les différentes villes et les sites qu’il découvre. Dans son parcours de l’est à l’ouest de l’île, le récit se révèle être l’œuvre d’un voyageur pré-romantique. La découverte du « charmant hermitage14 » de Monte Serrato en est un exemple :

Cette retraite tranquille a ce certain je ne sais pas quoi d’Ossianique qui porte insensiblement de la méditation à l’extase, élève l’âme à de grandes pensées et lui fait oublier ses peines, ses noirs soucis. Là tout est calme, tout invite aux tendres, aux délicats épanchements : ce serait le Paraclet qui conviendrait à deux amants. Une nature sublime et sauvage, une solitude aimable, une vue qui, de la plaine fertile, va se perdre sur l’immense étendue de la mer, un murmure doucement prolongé qui remplit le cœur des nombreuses idées d’une longue vie ; les concerts des oiseaux ; un soleil dont les rayons purs répandent la lumière et la vie ; une lune qui projette sur les arbres, sur les rochers, une longue traînée magnifique et fugitive… Voilà l’hermitage de Monte-Serrato15.

Ce dernier chapitre montre davantage la curiosité de son auteur, son implication dans le paysage qu’il est en train d’observer et son point de vue sentimental sur les choses. Le lecteur découvre ainsi chez cet homme de science les impressions vives d’un voyageur qui découvre à partir de sa propre culture une île étrangère et exotique.

Deuxième étape. La traduction italienne de Tiziana Pisani

La traductrice italienne du Voyage à l’isle d’Elbe, Tiziana Pisani, est elboise. Dans la préface de sa traduction Viaggio all’isola d’Elba, elle présente le livre de Thiébaut comme « le premier ouvrage organique au sujet de l’île16 ». Pisani considère même un autre aspect remarquable de ce texte : son utilité pour le gouvernement français et son rôle de « guide parfait17 » pour Napoléon qui avait choisi cette île comme lieu d’exil. Pisani évoque ainsi une image de Bonaparte lecteur et suiveur de Thiébaut, renversant de cette manière la représentation la plus diffuse du binôme Napoléon-Elbe qui voit le regard des voyageurs et leur plume dirigés vers Napoléon, et non l’inverse. La parution de la traduction italienne du Voyage à l’île d’Elbe semble alors couronner à presque deux siècles de distance cet ouvrage remarquable et précurseur.

Dans la préface à l’édition italienne, la traductrice mentionne aussi les traductions allemande et anglaise déjà parues au début du XIXe siècle et fait référence à un résumé du livre de Thiébaut, paru à Lucques en 1814. Pisani rajoute enfin un commentaire sur le style de l’auteur qu’elle considère « plaisant, parfois polémique et passionné, parfois brusque et sans pitié18 »

L’édition italienne du Voyage est très fidèle à l’ouvrage français, elle contient la carte de l’île établie par Thiébaut et ses dessins. Pisani fait le choix d’une traduction littérale et rend avec précision autant les passages où l’auteur porte un regard positif et admiratif sur les Elbois, que ceux où il est plus critique envers leurs attitudes et leur style de vie. Hormis les quelques lignes d’introduction, elle n’impose pas son point de vue et ne rajoute pas de notes pour corriger certaines hypothèses avancées par Thiébaut. Elle conserve les mots désuets et les noms de lieux de l’époque tels que l’auteur français les avait écrits. La traduction de 1993 conserve ainsi le style d’un texte ancien qui, par cet effet daté, offre l’atmosphère charmante d’un regard d’antan.

Troisième étape. Un Viaggio all’isola d’Elba en 1814

Au cours de mes recherches au sujet du Voyage, j’ai consulté la Nouvelle Biographie Générale de Hoefer19 de 1866 afin de recueillir quelques renseignements sur la vie de Thiébaut et sur ses autres écrits. Parmi les informations bibliographiques concernant l’auteur, le volume de Hoefer mentionne aussi les différentes traductions du Voyage à l’isle d’Elbe, dont deux allemandes, une anglaise et, détail étonnant, une italienne. Si l’information était exacte, la traduction de Tiziana Pisani de 1993 ne serait donc pas la première en Italie. La Nouvelle Biographie Générale ne précise pas les dates de ces parutions mais, au vu de l’année de publication du volume, la traduction italienne mentionnée aurait dû paraître avant 1866.

En effet, des consultations bibliographiques plus approfondies m’ont portée sur les traces d’un texte anonyme intitulé Viaggio all’isola d’Elba, publié chez l’éditeur Francesco Bertini de Lucques en 1814. Le lieu et l’année de parution sont les mêmes que ceux cités par Tiziana Pisani et le titre, comme celui du texte de Pisani, est la traduction littérale du Voyage à l’isle d’Elbe. S’agit-il alors d’un résumé, comme l’indique Pisani dans la préface ou bien d’une véritable traduction, comme le signale la Bibliographie de Hoefer ? L’impossibilité de consulter cet ouvrage très difficile à trouver m’a obligée à continuer mes recherches sur d’autres sources. En particulier, j’ai pu trouver des informations à ce sujet dans deux livres : le premier est Elba20 d’Emilia Giannitrapani, une étude géographique de l’île parue en 1940, le second est un volume bibliographique de 1999 écrit par Luca Clerici, Viaggiatori italiani in Italia 1700-199821. Tant dans le premier que dans le deuxième, j’ai retrouvé la référence à ce Viaggio all’isola d’Elba de 1814. L’autrice d’Elba le présente comme un résumé du livre de Thiébaut. Elle affirme avoir lu ce texte et, dans la rapide synthèse qu’elle en fait, on découvre qu’il s’agit d’un bref document d’un petit nombre de pages, qui tire du Voyage ses informations principales, même si, d’après Giannitrapani, il n’est pas tout à fait fidèle à l’ouvrage de Thiébaut. L’hypothèse d’un résumé semble ainsi confirmée. Toutefois, le volume de Clerici, qui rapporte les mêmes informations éditoriales au sujet de ce livre, réaffirme l’hypothèse d’une traduction. Dans la note qui accompagne la référence au texte, dépourvue de toute information sur son contenu, on lit : « il s’agit de toute probabilité, d’une traduction22 ».

Ce n’est que quelques semaines après avoir lu ces deux ouvrages de Clerici et Giannitrapani que j’ai pu enfin consulter le Viaggio all’isola d’Elba de 181423. J’ai ainsi constaté qu’il s’agit effectivement d’un court résumé du Voyage. Son auteur, ayant pris connaissance du Voyage à l’isle d’Elbe de Thiébaut et reconnaissant sa validité, son importance et son l’utilité, présente une synthèse des informations au sujet de cette île encore peu connue. Toutefois, dans les huit pages qui composent ce carnet, il n’élabore pas son propre résumé, mais il traduit des passages entiers d’un autre livre français Notice sur l’île d’Elbe24 qui est à son tour une synthèse du Voyage de Thiébaut, et que j’ai découvert presqu’en même temps que le Viaggio de 1814.

Cette Notice, publiée anonymement à Paris la même année, contient les informations principales du Voyage à l’isle d’Elbe en reprenant souvent les mêmes mots. Il semblerait d’ailleurs que Thiébaut en soit aussi l’auteur25. Toutefois, à la différence du Voyage, la Notice contient uniquement les données historiques et scientifiques concertant l’île, délaissant toute référence à l’expérience du voyage et au témoignage direct de son territoire. En effet, il manque un renvoi au parcours de Thiébaut sur l’île ainsi que tout élément subjectif et sensible, comme la description de Monte Serrato et les avis les plus critiques de l’auteur au sujet de la population. La Notice est pourtant enrichie d’une partie qui ne pouvait pas apparaître dans le Voyage de 1808 : l’itinéraire de Bonaparte en 1814 de Fontainebleau jusqu’à Saint-Raphaël, lieu de son embarquement pour l’île d’Elbe.

Or, l’auteur-traducteur du résumé italien du 1814, tout en saluant très positivement le livre de Thiébaut, décide toutefois de ne garder que sa synthèse qui venait juste d’être publiée. Pourquoi donc se limiter à cette traduction partielle ? On peut imaginer qu’il considérait la Notice déjà assez complète pour répondre aux intérêts des Italiens de l’époque et que le regard du voyageur, qui est absent de la Notice, était pour lui totalement secondaire : ce n’est pas la dimension du voyage qui l’attire, mais les renseignements pratiques au sujet d’une l’île qui venait d’entrer au centre des préoccupations européennes.

Quatrième étape. G. Ninci : une lecture du Voyage au XIXe siècle

Au XIXe siècle, la réception italienne du Voyage à l’isle d’Elbe ne se limite pas au petit résumé de 1814. C’est un Elbois, Giuseppe Ninci, qui nous offre une autre lecture du livre de Thiébaut. Dans la préface à sa fameuse Storia dell’isola d’Elba26 écrite elle aussi en 1814 et qui pendant longtemps a été le texte historique de référence sur l’île, Ninci raconte avoir pris connaissance du Voyage lorsqu’il était en train de rédiger un ouvrage sur l’histoire d’Elbe. Il souhaitait que cet ouvrage soit le plus complet et le plus exact possible pour remédier au manque et à la partialité des informations à ce sujet. Le livre de Thiébaut, s’annonçant comme une étude ponctuelle de l’île et de son histoire, l’aurait fait renoncer à son projet car il imaginait y retrouver une histoire complète de l’île. Mais la lecture du Voyage à l’isle d’Elbe l’aurait déçu : dans le commentaire qu’il en fait, Ninci affirme n’y avoir rien trouvé de nouveau sur l’histoire de l’île et assure, non sans sarcasmes, que son unique trait remarquable est la manière dont il plaisante au sujet des Elbois27. Il reprend alors son projet en main, c’est-à-dire sa Storia dell’isola d’Elba, et renonce définitivement au Voyage de Thiébaut qu’il ne citera plus dans son texte.

Eu égard au renom de la Storia de Ninci, il se peut que son avis et son ironie mordante envers le Voyage aient pu freiner l’enthousiasme d’autres lecteurs italiens et ainsi entraver une éventuelle traduction de ce livre. Ses reproches ne s’adressent pas vraiment à la non-originalité de la section historique du texte (un problème qui d’ailleurs est commun à d’autres publications28), mais visent plutôt le regard polémique de Thiébaut sur les habitants de l’île, ce qui pouvait l’irriter en tant qu’Elbois. On remarque en effet que Thiébaut explique souvent les caractéristiques sociales et culturelles de la population indigène par un manque d’éducation29 et il dresse un tableau parfois sombre de ce territoire, mettant en exergue l’incurie, l’arbitraire et le mensonge endémique. À titre d’exemple, il qualifie les Elbois de « superstitieux, [...] ignorants et crédules30 », il affirme qu’à Capoliveri on forme et on façonne les habitants au mensonge « comme à un “exercice d’honneur”31 », il pointe du doigt la politesse affectée des Toscans et les mœurs grossières des Napolitains, caractères qu’il retrouve parmi les indigènes, il affirme que les femmes elboises « ne sont point belles32 » et il définit la tradition de la pêche au thon comme un « spectacle curieux quoique barbare33 ».

Un autre élément pouvant justifier l’avis négatif de Ninci concerne l’attitude pédagogique, voire paternaliste, qui porte Thiébaut à critiquer certaines pratiques locales et à dispenser des conseils sur la maturation du vin blanc (qui pourrait être optimale si les tonneaux utilisés pour la fermentation n’étaient pas en châtaigner, ce bois étant trop poreux), sur les cultures qu’on devrait implanter (l’oseille, le cerfeuil et le panais, par exemple, qui ne sont point connus des Elbois), sur les habitudes alimentaires qui provoquent des soucis de santé (notamment les viandes trop salées, le pain grossier, le vin mal fait), sur l’économie locale et le commerce (qui pourraient exploiter le cactus et l’agave, nombreux sur l’île)34.

Le jugement de Ninci peut enfin s’expliquer par la critique impitoyable que Thiébaut porte sur un des historiens de référence de Ninci, Sebastiano Lambardi, Elbois lui aussi. Dès sa préface, il l’accuse d’avoir été guidé par un « faux amour de la patrie » et de lui avoir « tout sacrifié » : « vérité des faits, harmonie de style, et l’art de voir sainement les écrits de l’antiquité35 ». Son œuvre serait ainsi farcie d’erreurs, de contradictions et de légendes.

Tous ces éléments peuvent justifier l’avis négatif du Voyage de la part d’un Elbois comme Ninci, toutefois ils ne paraissent pas suffisants pour condamner ce livre et nier sa valeur. D’abord, si d’une part Thiébaut critique certaines coutumes des Elbois, d’autre part il offre des portraits très positifs des habitants de l’île : il les considère « forts, ardents et braves36 », honore leur caractère solidaire et hospitalier, leur regard « vif et pénétrant37 » et exalte leur dévouement au travail. Ensuite, si le regard critique de Thiébaut peut déplaire à Ninci, il n’est pas en mesure d’expliquer l’absence de traduction au XIXe siècle dans toute la péninsule italienne. Il est probable alors que cette absence à ce moment précis de l’histoire ne soit pas due à la réception italienne du texte, mais à l’arrivée de Bonaparte à l’île d’Elbe seulement six ans après la publication du Voyage : vraisemblablement, cet événement a détourné l’attention du livre et de l’expérience de Thiébaut (dont on garde seulement les données scientifiques du résumé italien) pour se concentrer sur l’empereur, ses innovations et sur les traces de son séjour forcé38.

Au lieu de continuer à chercher ce qui aurait pu entraver une éventuelle traduction italienne à l’époque, je me suis ainsi tournée vers la traduction italienne de 1993 pour comprendre comment le regard italien a changé au sujet du Voyage à l’isle d’Elbe et les raisons sous-jacentes à ce regain d’intérêt.

Cinquième étape. La réception et la traduction en Italie au XXe siècle

Au XXe siècle, les références au Voyage à l’isle d’Elbe se font de plus en plus nombreuses. En 1934, Luigi Berti, critique littéraire, poète et écrivain elbois, consacre un long article à ce texte de Thiébaut39. Il le considère comme un livre « très peu connu, mais qui a été le plus grand et le plus sûr apport d’études sur l’île, et qui demeure aujourd’hui, malgré quelques défauts évidents, un remarquable travail40 ». Berti fait aussi référence à la carte de l’île conçue par Thiébaut : tout en montrant ses inexactitudes, il souligne l’importance et les avancées qu’elle a apportées aux précédentes cartes de l’île d’Elbe. Il met ainsi en valeur non pas la véracité du livre de Thiébaut ou son apport scientifique désormais dépassé, mais la capacité de l’auteur à saisir les aspects vitaux et représentatifs de l’île aujourd’hui encore, comme « la couleur, l’air de l’environnement, l’odeur d’une nature vigoureuse et chaude41 ». Même les descriptions désuètes des mœurs et de certains phénomènes naturels (la pêche aux nacres, par exemple, ou le phénomène des infiltrations d’eaux douces près de la mer) contribuent à donner une vision palpitante de l’île et impressionnent davantage le lecteur, « car ils sont vus » écrit Berti « à travers le Kaléidoscope du temps42 ».

Un autre texte, publié en 1940, très peu de temps après l’article de Berti, est Elba de l’elboise Emilia Giannitrapani, ouvrage déjà cité à propos de la référence au résumé du 1814. Dans l’avant-propos, Giannitrapani présente son livre comme la première géographie complète de l’île, mais elle fait aussi référence au Voyage à l’isle d’Elbe de Thiébaut comme son antécédent : elle le définit comme une tentative préalable de monographie géographique. Elle précise toutefois que ce texte, dont l’utilité scientifique est désormais dépassée, ne garde alors qu’une valeur purement historique. Cela ne l’empêche pas de se référer plusieurs fois au Voyage de Thiébaut pour comparer les données de l’époque aux siennes et pour montrer l’évolution de certaines théories géologiques.

Plus récemment, Zecchini, archéologue elbois, découvre dans le Voyage à l’isle d’Elbe d’importantes informations au sujet des ruines romaines dans l’île (les ruines des « Tre acque ») dont il parle dans un texte de 1982 Relitti romani all’isola d’Elba43. Dans ses ouvrages successifs, dont le dernier date de 2014, l’archéologue revient souvent au texte de Thiébaut, non tant pour montrer ses limites scientifiques et anthropologiques que pour rendre honneur à sa valeur de témoignage historique44.

À partir des années Trente et Quarante, le Voyage de Thiébaut paraît alors connaître un nouvel intérêt historique, notamment dans les études des Elbois. Il n’est plus soumis à l’usage polémique qu’en avait fait Ninci et n’est plus abordé comme une source d’informations sur l’île, comme le résumé de 1814, mais devient une œuvre précieuse pour comprendre l’atmosphère d’une époque : ce n’est plus la validité positive de ses propos ou la prétendue « exactitude » de ses critiques qui comptent, mais sa manière de dessiner le tableau d’Elbe à un certain moment de l’histoire. Il faut noter que tous ces auteurs commentant le Voyage de Thiébaut s’appuient sur le texte français original.

La traduction en langue italienne de 1993 offre au Voyage à l’isle d’Elbe une nouvelle diffusion, bien que sa publication ne fût pas envisagée en amont par la traductrice. En effet, l’intention primaire qui a guidé ce travail a été personnelle et, pour ainsi dire, sentimentale. Lors d’un entretien que j’ai pu avoir avec Tiziana Pisani en avril 201845, j’ai découvert que c’est le désir de son père Alberto Pisani, un Elbois passionné par l’histoire et l’archéologie de son territoire, qui est à l’origine de sa traduction. Dans les années 1990, durant ses lectures et ses recherches bibliographiques, Alberto Pisani prend connaissance du Voyage à l’isle d’Elbe dont il retrouve une édition française auprès de la bibliothèque nationale de Florence. Il découvre aussi qu’aucune traduction italienne n’a été publiée. Il demande alors à sa fille, qui a fait des études en langues étrangères et parle couramment le français, de lui traduire l’ouvrage. Tiziana accepte volontiers d’exaucer le désir de son père. Ce n’est que pendant son travail de traduction, et sans ambition préalable, que l’éditeur Akademos se propose de faire paraître l’ouvrage.

À l’occasion de ce même entretien, Tiziana Pisani m’a aussi confirmé son choix d’une traduction littérale du texte de Thiébaut afin de conserver le style de l’auteur et d’offrir le sentiment d’un regard lointain et étranger, tel qu’elle l’avait perçu en lisant l’ouvrage original. Pisani a donc voulu intentionnellement offrir l’expérience d’un décalage spatial et temporel aux lecteurs du Viaggio all’isola d’Elba, créant ainsi une tension dialectique entre passé et présent : non seulement ce choix rend hommage au Voyage en tant que précieux document historique, mais il offre aussi au lecteur une distance critique, le rendant capable d’entrevoir des liens entre l’île d’hier et celle d’aujourd’hui et de les envisager dans la trame d’une histoire qui l’enveloppe et l’enracine. Pisani écrit dans la préface de sa traduction :

Aujourd’hui la valeur de ce livre est purement historique, car toutes les références scientifiques sont désormais dépassées. Il constitue un précieux témoignage datant de presque deux cents ans l’île d’Elbe, un tableau fascinant de la situation anthropologique, de la vie quotidienne des Elbois, de leurs mœurs et de leurs traditions. […] Le Voyage à l’île d’Elbe est un voyage dans le temps, dans un passé apparemment lointain mais extrêmement utile pour clarifier beaucoup de dynamiques complexes du présent46.

En mettant l’accent sur son importance documentaire, Pisani invite le lecteur à voyager dans le temps, en allant du présent au passé, pour mieux comprendre l’histoire et l’identité d’un territoire et de son peuple.

Sixième étape. Après la traduction et premières conclusions

Après avoir vu dans le Voyage à l’île d’Elbe une véritable source d’informations, après l’avoir critiqué pour son attitude paternaliste et son point de vue extérieur, les Italiens et en particulier les Elbois commencent à percevoir en lui un précieux témoignage historique.

La traduction italienne de cet ouvrage connaît un certain écho dans la presse elboise qui redécouvre dans le Voyage de Thiébaut un aspect que l’on pourrait définir comme « patrimonial ». À titre d’exemple, en 2005, l’article d’un journaliste culturel elbois, Giancarlo Molinari, attire à nouveau l’attention sur l’ouvrage de Thiébaut et sur sa traduction italienne dans la perspective de redécouvrir le patrimoine littéraire elbois. Un autre article allant dans le même sens est publié en 2007 par un autre rédacteur, Giuseppe Massimo Battaglini47, qui compare le texte de Thiébaut à celui d’un voyageur anglais du XIXe siècle, Colt Hoare, qui publie en 1814 son récit de voyage à l’île d’Elbe48. C’est surtout à l’île d’Elbe que ces journaux circulent et ils ne sont écrits qu’en langue italienne, principalement par des Elbois : ce regain d’intérêt au sujet du Voyage semble ainsi concerner essentiellement l’île et ses habitants. Il dépend d’une nouvelle exigence de patrimonialisation, d’identification de l’île d’Elbe à son propre héritage culturel, historique et social.

La raison sentimentale qui a guidé la traduction ne transparaît pas dans la presse locale, ni dans les lignes introductives au livre de Tiziana Pisani. L’entretien que j’ai mené avec la traductrice a toutefois dévoilé que cet argument fut le point de départ de son travail : faire don de sa traduction à son père. Si cette raison initiale semble d’une certaine manière désacraliser le rôle du traducteur et l’intention d’une patrimonialisation explicite, elle rend en même temps actuel le regard de Thiébaut sur les Elbois, décrits comme « singulièrement attachés à leur terre » et « dévoués aux personnes chéries49 ».

Bibliographie

ANONYME, Notice sur l’île d’Elbe, Paris, 1814.

ANONYME, Viaggio all’isola d’Elba, Lucca, Francesco Bertini Editore, 1814.

BERTI, Luigi, « Il viaggio all’isola d’elba di Arsenne Thiébaut de Berneaud », dans Sandro Foresi (dir.), Elba. Pagine vecchie e nuove, Portoferraio, Tipografia Popolare, 1934, p. 83-87.

BATTAGLINI, Giuseppe Massimo, « Londra 1814 – L’Elba in vetrina », dans Lo Scoglio, n. 81, 2007, p. 7-8.

CLERICI, Luca, Viaggiatori italiani in Italia 1700-1998, Milano, Sylvestre Bonnard, 1999.

COLT HOARE, Richard, Tour through the Island of Elba, W. Blumer and Co., London, 1814.

GIANNITRAPANI, Emilia, Elba, Roma, Società Italiana Arti Grafiche, 1938.

HŒFER, Jean-Chrétien-Ferdinand (dir.), Nouvelle Biographie Générale, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, avec les renseignements bibliographiques et l’indication des sources à consulter, vol. 45, 1866, Paris, Firmin-Didot Frères, Fils et Cie Editeurs, 1866.

MOLINARI, Giancarlo, « “Le voyage à l’ile d’Elbe” d’Arsenne Thiébaud de Berneaud » Lo Scoglio, n. 75, 2015, p. 13-15.

NINCI, Giuseppe, Storia dell’isola d’Elba [1815], Bologna, Forni Editore, 1898.

THIÉBAUT DE BERNEAUD, Arsène, Voyage à l’isle d’Elbe, suivi d’une notice sur les autres isles de la mer Tyrrhénienne, Paris, Colas, 1808.

THIÉBAUT DE BERNEAUD, Arsène, Viaggio all’isola d’Elba. Con una nota sulle altre isole del Tirreno [1808], Tiziana Pisani (trad.), Lucca, Akademos, 1993.

ZECCHINI, Michelangelo, Relitti romani dell’isola d’Elba, Lucca, Maria Pacini Fazzi Editore, 1982.

Notes

1 Arsène Thiébaut de Berneaud, Voyage à l’isle d’Elbe. Suivi d’une notice sur les autres isles de la mer Tyrrhénienne, Paris, Colas, 1808. Retour au texte

2 Voir Giancarlo Molinari, « "Voyage à l’isle d’Elbe" di Arsenne Thiébaud de Bernaud », Lo Scoglio, n. 75, 2015, p. 13-15. Retour au texte

3 Arsène Thiébaut de Berneaud, Viaggio all’isola d’Elba. Con una nota sulle altre isole del Tirreno [1808], Tiziana Pisani (trad.), Lucques, Akademos, 1993. Retour au texte

4 Pour une histoire de l’île d’Elbe, voir Anna Benvenuti Papi, Breve storia dell’Elba, Pisa, Pacini Editore, 1991. Lors du voyage de Thiébaut, l’île d’Elbe était sous domination française. Mais après douze ans de domination française et dix mois de principauté de Bonaparte, l’île d’Elbe revint au territoire du Grand-Duché de Toscane et, avec celui-ci, vécut les péripéties qui aboutirent à l’unification de l’Italie. Retour au texte

5 Arsène Thiébaut de Berneaud, Voyage à l’isle d’Elbe, op. cit., p. 1. Retour au texte

6 Avant Thiébaut il y eut des voyageurs aussi à Rio et Porto Longone. Voir Atti del convegno « Gli inglesi a Livorno e all’isola d’Elba ». Livorno-Portoferraio 27-29 settembre 1979, Livorno, Bastogi Editore, 1980 ; tout particulièrement la contribution de Anna Benevelli-Bistrow, « Sir Richad Colt Hoare all’isola d’Elba (26 Aprile – 5 Maggio) », Ibid. p. 202-224, et Rolando Anzillotti, « Viaggiatori inglesi all’isola d’Elba nei secoli XVIII-XIX », Ibid p. 231-242. Voir aussi Vito Castiglione Minischetti, Giovanni Dotoli et Roger Musnik (dir.), Le voyage français en Italie des origines au XVIIIsiècle. Bibliographie analytique, Fasano/Paris, Schena/Lanore, 2006, p. 132-137, 168-169, 180-181, 339-340, 367-370, 387-388. Retour au texte

7 Diodore de Sicile (90-20 av.J.-C.) fut parmi les premiers à écrire sur l’île d’Elbe : il raconte que les Argonautes, après s’être emparés de la toison d’or, arrivèrent sur une île appelée Aethalia, et construisirent un port auquel ils donnèrent le nom d’Argon, d’après celui de leur navire. Les Argonautes étaient un groupe d’environ cinquante héros mythologiques qui, sous le commandement de Jason, prirent part à un des récits les plus fascinants de la mythologie grecque : le voyage à bord du navire Argo, vers les terres hostiles de la Colchide, à la conquête de la toison d’or. Voir Anna Benvenuti Papi, Breve storia dell’Elba, op. cit., p. 8-9. Retour au texte

8 Arsène Thiébaut de Berneaud, Voyage à l’isle d’Elbe, op. cit., p. III-V. Retour au texte

9 Ibid. p. XIII-XIV. Retour au texte

10 Arsène Thiébaut de Berneaud, Voyage à l’isle d’Elbe, op. cit., p. I. Retour au texte

11 Ibid., p. 61. Retour au texte

12 Ibid., p. 44-45. Retour au texte

13 Ibid., p. 70, note 22. Retour au texte

14 Ibid., p. 153. Retour au texte

15 Ibid., p. 153-154. Retour au texte

16 Tiziana Pisani dans Arsène Thiébaut de Bernaud, Viaggio all’isola d’Elba, op. cit., p. III. Je précise que les citations en français des ouvrages italiens ont été traduites par moi-même. Retour au texte

17 Ibid., p. III. Retour au texte

18 Ibid., p. III. Retour au texte

19 Jean-Chrétien-Ferdinand Hœfer (dir.), Nouvelle Biographie Générale, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, avec les renseignements bibliographiques et l’indication des sources à consulter, vol. 45, 1866, Paris, Firmin-Didot Frères, Fils et Cie Éditeurs, 1866. (les 46 volumes ont été publiés entre 1852 et 1866). Retour au texte

20 Emilia Giannitrapani, Elba, Roma, Società Italiana Arti Grafiche, 1938. Retour au texte

21 Luca Clerici, Viaggiatori italiani in Italia 1700-1998, Milano, Sylvestre Bonnard, 1999, p. 82. Retour au texte

22 Ibid., p. 82. Retour au texte

23 Anonyme, Viaggio all’isola d’Elba, Lucca, Francesco Bertini Editore, 1814. Aujourd’hui, le texte n’est possédé que par deux bibliothèques municipales du canton Trentino. Je tiens à remercier le service de reprographie de la bibliothèque de Trente de m’avoir envoyé le scan des huit pages qui composent ce petit carnet. Retour au texte

24 Anonyme, Notice sur l’île d’Elbe, Paris, 1814. Retour au texte

25 Voir Pierre Branda, « Vers l’île d’Elbe : des raisons d’espérer », Napoleonica. La Revue, n. 19, 2014, p. 35-52 : dans une note Branda écrit que cette Notice sur l’île d’Elbe « fut sans doute également rédigée par Arsenne Thiébaut », note 23, p. 44. Retour au texte

26 Giuseppe Ninci, Storia dell’isola d’Elba [1815], Bologna, Forni Editore, 1898. Retour au texte

27 Voir Ibid. p. V : « Parvenutami però sotto gli occhi l’opera citata [le Voyage all’isle d’Elbe] ; e parendomi (forse m’ingannerò) che non si stasse alla promessa, che nulla cioè o ben poco più vi si dicesse di quel pochissimo che era stato detto da Sebastiano Lambardi nelle sue memorie dell’isola d’Elba ; e che solo si fosse distinto l’autore a mottegiare insipidamente gl’isolani di questa, mi determinai fermamente di terminar la mia opera. » Retour au texte

28 Voir Ibid., p. I-III. Retour au texte

29 Arsène Thiébaut de Berneaud, Voyage à l’isle d’Elbe, op. cit., p. 41-50, et particulièrement p. 43. Retour au texte

30 Ibid., p. 44. Retour au texte

31 Ibid., p. 158. Retour au texte

32 Ibid., p. 44. Retour au texte

33 Ibid., p. 72. Retour au texte

34 Voir Ibid., p. 46, 60-61, 74. Retour au texte

35 Ibid., p. IX. Retour au texte

36 Ibid., p. 43. Retour au texte

37 Arsène Thiébaut de Berneaud, Voyage à l’isle d’Elbe, op. cit., p. 43. Retour au texte

38 À ce sujet, j’ai pu échanger avec Giancarlo Molinari qui partage cette opinion. Je le remercie sincèrement pour le temps qu’il m’a accordé et pour nos échanges. Retour au texte

39 Luigi Berti, « Il viaggio all’isola d’Elba di Arsenne Thiébaut de Berneaud », dans Sandro Foresi (dir.), Elba. Pagine vecchie e nuove, Portoferraio, Tipografia Popolare, 1934, p. 83-87. Je remercie à nouveau Giancarlo Molinari de m’avoir fait parvenir cet article. Retour au texte

40 Ibid., p. 83. Retour au texte

41 Ibid., p. 84. Retour au texte

42 Ibid., p. 86. Retour au texte

43 Michelangelo Zecchini, Relitti romani dellisola d’Elba, Lucca, Maria Pacini Fazzi Editore, 1982. Retour au texte

44 Voir Michelangelo Zecchini, Isola d’Elba : le origini, Lucca, Edizioni S. Marco Litotipo 2001. Voir aussi Michelangelo Zecchini, Elba isola, olim Ilva. Frammenti di storia, Lucca, Edizioni S. Marco Litotipo, 2014. Retour au texte

45 Je tiens à remercier chaleureusement Tiziana Pisani pour son aide précieuse, de m’avoir donné accès à la bibliothèque de son père, d’avoir échangé longtemps avec moi et pour son exquise hospitalité. Retour au texte

46 Tiziana Pisani dans Arsène Thiébaut De Berneaud, Viaggio all’isola d’Elba, op. cit., p. VI. Retour au texte

47 Giuseppe Massimo Battaglini, « Londra 1814 – L’Elba in vetrina », dans Lo scoglio, n. 81, 2007, p. 7-8. Retour au texte

48 Richard Colt Hoare, Tour through the Island of Elba, W. Blumer and Co., London, 1814. Retour au texte

49 Arsène Thiébaut de Bernaud, op. cit., p. 45. Retour au texte

Citer cet article

Référence papier

Lucia Lo Marco, « Le Voyage à l’isle d’Elbe d’Arsène Thiébaut de Berneaud et sa traduction italienne : un parcours de près de deux siècles », Textures, 26 | 2021, 44-55.

Référence électronique

Lucia Lo Marco, « Le Voyage à l’isle d’Elbe d’Arsène Thiébaut de Berneaud et sa traduction italienne : un parcours de près de deux siècles », Textures [En ligne], 26 | 2021, mis en ligne le 30 janvier 2023, consulté le 20 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/textures/index.php?id=300

Auteur

Lucia Lo Marco

Université Lumière Lyon 2

Droits d'auteur

CC BY 4.0