La bibliothèque universitaire de Lille 1 se métamorphosera en Learning Center dédié à l’innovation en 2015. La pédagogie universitaire aura toute sa place dans ce nouveau dispositif.

© Université Lille 1

La démarche prend appui sur trois idées fortes qui conservent toute leur actualité : investir sans tarder le territoire de la production numérique en faisant valoir la compétence indispensable des bibliothécaires en matière de référencement ; faire reconnaître ce rôle au sein de l’université ; utiliser les leviers de la mutualisation régionale.

Quels sont les fruits de cette démarche délibérément volontariste ?

• une architecture technique qui a fait ses preuves, tirant profit des atouts du moissonnage et articulant le local, le régional et le national ;
• un dialogue de qualité qui s’est noué en local entre les bibliothécaires et les acteurs de la pédagogie, partenariat générant à son tour de nouvelles pistes d’action.

Cependant, en dépit d’un dispositif technique parfaitement rôdé et d’une convergence de vue sur les objectifs, l’obstacle principal à un enrichissement significatif du portail régional, qualitatif et quantitatif, demeure la réticence des producteurs de ressources face à une mise en ligne de cours et de matériel pédagogique qu’ils estiment destinés exclusivement à une utilisation locale au sein de la plateforme pédagogique (Moodle, pour Lille 1).

La poursuite du chantier n’est donc plus d’ordre technique, mais relève dorénavant du champ de la communication et de l’« advocacy », ainsi que nos collègues anglo‑saxons désignent le plaidoyer en faveur d’une plus large diffusion et consultation. Au sein du SCD, la réflexion commune avec notre partenaire du service enseignement et multimédia (SEMM) porte actuellement sur la nature des objets à valoriser et mettre en ligne (tous les cours ont-ils vocation à être mis en ligne ?) : c’est le premier axe de questionnement. Le second concerne les aspects juridiques et de protection des auteurs, notamment la généralisation de l’utilisation des licences. Enfin, la question de l’accompagnement des enseignants à la production de ressources se pose avec acuité dans un contexte de réduction des moyens humains alloués à l’université.

Il s’agit essentiellement pour le SCD Lille 1 de poursuivre patiemment le travail de défrichement entrepris autour du format LOM :

• investir toutes les pistes possibles d’action avec les partenaires (SEMM, enseignants, université numérique en région, universités numériques thématiques, ABES…) ;
• transformer ces actions en leviers propres à favoriser le développement de ce type de ressources documentaires ;
• ne rejeter a priori aucune idée (par exemple, les sujets d’examen). La mise en œuvre du projet de « Learning Center Innovation » autour de nouveaux modes d’apprentissage devrait constituer un terreau favorable à la dynamique des ressources pédagogiques numériques.

La mise en œuvre du dispositif régional

Fort de l’expérience pionnière de Grisemine, lancée en 2001, qui contient déjà, outre les thèses et des publications, des cours en ligne, le SCD s’intéresse au format LOM dès 2006, s’associe aux travaux de rédaction de son profil français d’application (LOMFR, puis SupLOMFR)1 et implémente une grille de description dans son dépôt IRIS2 sous DSpace. Des ressources tests fournies par quelques enseignants motivés servent à l’expérimentation. La mise à disposition de l’outil ORI-OAI en 2008 fournit la solution technique réellement adéquate.

La technique n’étant rien sans la volonté politique, le SCD s’emploie avec obstination à faire valoir la légitimité des professionnels de la documentation sur le terrain des TICE et des ressources multimédia. Plusieurs années sont nécessaires pour venir à bout de ce qu’il faut bien qualifier de scepticisme chez les partenaires. À cet égard, le groupe de travail « Indexation des ressources pédagogiques », créé en 2005 au sein de l’université numérique en région (UNR) et associant les 6 universités3, constitue un irremplaçable levier. Constitué d’enseignants-chercheurs et de représentants des cellules TICE et des SCD, il est placé sous un pilotage « bibliothécaire », initialement celui du SCD de Valenciennes, actuellement celui du SCD Lille 1. La proximité géographique de la communauté de développement ORI-OAI joue également un rôle essentiel.

L’ouverture du portail régional de ressources pédagogiques4, en novembre 2011, dote nos établissements d’une infrastructure de qualité pour un signalement mutualisé des ressources pédagogiques numériques produites au sein des 6 établissements.

L’architecture du portail régional articule le local, le régional et, à terme, le national. Chaque établissement a implémenté ORI‑OAI (la totalité des modules comme à Lille 1, ou certains modules seulement). Au niveau régional, une application « ORI-OAI RPN » agglomère par moissonnage les ressources pédagogiques numériques des 6 partenaires. Le dispositif est complété pour Lille 1 par un reversement direct dans l’université numérique thématique Unisciel des ressources produites localement.

Le circuit de référencement à l’université Lille 1

Le workflow local est effectif depuis mars 2011. Il associe le SCD et le SEMM, chargé depuis 1998 de la politique de développement des TICE de l’université Lille 1 et qui gère la plateforme Moodle ainsi que Lille 1 TV. Le SCD, et plus particulièrement son service Bibliothèque numérique, a entièrement assuré en interne le portage technique et fonctionnel du projet et le déploiement de l’application5. L’ingénieur pédagogique du SEMM soumet à la bibliothécaire du SCD une ressource dont il valide l’intérêt et la qualité et dont il a renseigné les champs des métadonnées descriptives et administratives. Le SCD complète la fiche avec l’indexation (Rameau et Dewey), les droits et effectue un contrôle qualité de conformité avec SupLOMFR. En charge du rôle de validateur final, il publie la ressource. Les ressources nouvelles concernant l’UNT sont ensuite moissonnées par Unisciel. Ce workflow « idéal » a vocation à s’élargir aux autres UNT.

Le rythme actuel de la production locale pour Lille 1 est d’une cinquantaine de ressources par an, auxquelles il faut ajouter des ressources rétrospectives en provenance d’Unisciel. L’accroissement est régulier mais reste modéré, tout comme la consultation encore assez faible. Ces éléments viennent appuyer le constat dressé en introduction : la phase technique est derrière nous, il convient dorénavant de passer à la phase de communication et d’incitation. Cela passera aussi vraisemblablement par un élargissement du périmètre des ressources. Ainsi, les dernières ressources intégrées dans le portail régional sont celles relatives au certificat Informatique et Internet (C2I) du ministère6 ainsi que des ressources en langues.

En conclusion un mot des sujets d’examen

Depuis 1997, le SCD Lille 1 met à disposition des étudiants une base de sujets d’examen consultable en intranet. Les statistiques de consultation de cette base sont comme on peut s’y attendre extrêmement élevées. C’est l’un des services les plus plébiscités par nos étudiants. Le SCD s’interroge actuellement sur la pertinence d’une description de ces ressources au format SupLOMFR. Gérés actuellement dans une base indépendante, ces sujets d’examen pourraient être intégrés au workflow des ressources pédagogiques numériques. Ce cas de figure est mentionné en conclusion, car il illustre assez l’attitude continue de défricheur à adopter dans un domaine qu’il convient d’arpenter avec un esprit ouvert et sans préjuger de ce que l’on va y récolter.

ORI-OAI, le chaînon manquant

L’ORI-OAI a été conçu pour répondre à deux objectifs complémentaires :

• la valorisation du patrimoine se matérialise par la création d’une archive institutionnelle, base regroupant tous les documents qui sont à la fois utilisés quotidiennement et suffisamment importants pour être conservés sur le long terme ;
• la construction de réseaux de portails interuniversitaires pour échanger et partager les patrimoines numériques de chaque établissement avec des partenaires locaux ou internationaux, gratuitement ou en fonction de droits d’accès.

Comme il n’existait pas d’outil répondant de manière satisfaisante aux besoins de gestion du patrimoine numérique des universités, des établissements de l’enseignement supérieur se sont associés pour créer ORI-OAI.

En pratique, ORI-OAI vise la mise en place d’un système libre et ouvert permettant de gérer tous les documents numériques produits par les établissements universitaires, de les partager avec d’autres établissements, de les valoriser par une indexation professionnelle, de les rendre accessibles, à distance et selon les droits définis, dans des interfaces ergonomiques. Source : https://www.ori-oai.org/

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Pour en savoir plus

Portail régional des ressources pédagogiques
www.unr-npdc.org/rpn

Les ressources pédagogiques de Lille 1
http://ori.univ-lille1.fr