La BU de Versailles : une nouvelle dimension dans l’université

DOI : 10.35562/arabesques.1105

p. 24-25

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La bibliothèque universitaire de Versailles a été programmée en 2004 comme une bibliothèque assez classique. Avec son ouverture en janvier 2013, sa mutation en learning centre est-elle possible ou artificielle ?

Le modèle du « learning centre » est avant tout un concept pédagogique. Mais pour s’en tenir ici aux espaces, on peut noter avec Suzanne Jouguelet, qu’« une clé des learning centres réside dans la qualité des projets architecturaux »1. Or, l’édifice résolument contemporain de Versailles, conçu par le cabinet Badia-Berger, est remarquable par son intégration dans le site, la qualité de traitement de la lumière intérieure avec les « pièges à lumière » des failles et des sheds, l’alternance entre les grands plateaux de lecture et des zones plus intimes, le plateau suspendu du premier étage, sans oublier le porte-à-faux de la zone sud. Le bâtiment est basse consommation : pompe à chaleur, mur Trombe, brise-soleils fixes, isolant et bardage en aluminium anodisé qui signe le bâtiment. La reconnaissance de la presse spécialisée, avec de nombreux articles dans des revues d’architecture, en est le principal témoignage.

Les grandes baies vitrées de la mezzanine : lumière et environnement boisé, une ambiance propice au travail

Les grandes baies vitrées de la mezzanine : lumière et environnement boisé, une ambiance propice au travail

Un lieu de vie propice au travail

Dans le programme initial, le hall pouvait accueillir des expositions, mais un espace cafétéria était jugé inutile en raison de la présence de distributeurs dans les autres bâtiments. En 2009, les learning centres se sont imposés comme des projets de référence et, en 2010, l’université de Versailles Saint‑Quentin- en-Yvelines (UVSQ) a souhaité se doter de deux learning centres : réhabilitation pour Saint-Quentin et infléchissement du projet de construction de la BU de Versailles, dont les travaux venaient enfin de commencer.

En juillet 2010, au cours d’une réunion de chantier, les architectes approuvent la décision de transformer un espace de collections en cafétéria2 et d’introduire des espaces de détente au sein des plateaux, les « lounges ». Le fonds détente, déjà prévu, trouve naturellement sa place dans cette « BUvette ». Le mobilier est choisi par les architectes, avec une réflexion sur l’harmonie des couleurs en écho au campus boisé, l’introduction de formes rondes et organiques dans l’univers géométrique des rayonnages et des tables.

Les étudiants se sont appropriés ces lounges : dans de nouvelles postures, ils s’allongent pour une sieste, installent leur PC portable sur les genoux, le plus souvent seuls, voire enfoncés dans un fauteuil tourné vers les rayonnages, pour s’isoler dans une bulle de concentration.

Depuis l’ouverture au public le 14 janvier 2013, le compteur de passage enregistre des chiffres très encourageants (une moyenne de près de 1 000 entrées par jour, le double par rapport à l’ancienne BU), des retours d’étudiants ravis de leurs nouvelles conditions de travail, des fans sur la page Facebook de la BU3, des idées et des demandes de service personnalisé en réponse à l’enquête Libqual (nov.‑déc. 2012)

Décloisonnement des services (mais aussi des collections)

Ce nouvel équipement participe au décloisonnement par l’intégration de personnels d’autres services de l’université : une conseillère du dispositif ABRI (Accompagnement Bilan Réorientation Insertion) qui accueille des étudiants de licence sur rendez-vous, un technicien informatique qui gère le projet de cartable numérique de l’unité de formation et de recherche (UFR) et, à la rentrée, une représentante de l’école doctorale.

Les collections ont été réorganisées en pôles disciplinaires (tous supports confondus) améliorant l’accessibilité des périodiques et la visibilité des thèses ; en libre accès, sauf mention contraire du jury ou de l’auteur, ces dernières sont davantage consultées. L’intégration prochaine des périodiques du laboratoire de mathématiques favorisera le rapprochement avec les enseignants-chercheurs de ce domaine. Enfin, le positionnement des PC entre les plateaux et les alcôves assure une meilleure répartition des services numériques.

Accompagnement pédagogique à la BU

Un constat : les enseignants sont interpellés par le copier/coller, mais aussi par l’étudiant de master qui ne pense pas à mettre son nom sur son rapport de stage. Convaincue dès 2010 par l’aspect pédagogique du Learning Centre, la direction de l’UFR des sciences souhaite inclure, avec le personnel de la bibliothèque, la recherche documentaire dans les maquettes du projet quinquennal de 2015. D’ici là, les départements de chimie et maths/info testent via des modules de L2 ou L3 un dispositif varié permettant à l’étudiant de se former selon son besoin et non plus en séance magistrale de deux heures. Outre les classiques – mais indispensables – visites de rentrée, ateliers de 20 minutes à l’heure du déjeuner, formations à un outil spécifique, on imagine une intervention des bibliothécaires en fin de travaux dirigés, puis de l’enseignant avec un bibliothécaire dans la salle de formation de la BU pourvue d’un tableau numérique interactif, puis une séance de travail libre à la BU selon le principe suivant : les étudiants qui s’installent dans la « salle de tutorat » manifestent ainsi leur besoin et le bibliothécaire en poste au premier étage pourra les accompagner dans leur travail de recherche. Un système de validation d’heures de travail peut également être mis en place, ce qui suppose une très bonne coordination avec l’enseignant.

Cet accompagnement repose sur un projet de service 2012 de la Direction des bibliothèques et de l’information scientifique et technique (DBIST) visant à réinvestir le service public par les catégories A, déchargées des acquisitions reprises par les catégories B, alors que les tâches d’exemplarisation sont dévolues aux catégories C. Tous les agents susceptibles d’animer des formations (cat. A et B) ont par ailleurs suivi un cycle de formation en interne pour faire évoluer leurs pratiques pédagogiques laissant jusqu’alors peu de place à l’interactivité. Renouant avec les bonnes pratiques du « marketing de service » où l’agent en contact avec le public est le plus qualifié, la BU de Versailles profite aussi du transfert des tâches de prêt-retour sur les automates de prêt RFID : en dehors du prêt de PC portables, le personnel à l’accueil se consacre à l’assistance aux usagers rencontrant un problème sur les automates (souvent un moyen privilégié de faire passer une information), à l’accueil des nouveaux arrivants pour lesquels le premier contact est primordial et à l’information sur les activités proposées.

Les agents volants des deux plateaux de lecture occupent – ou non – des points d’information dont la forme ovale et l’équipement (2 PC et 2 sièges) invitent plus à la collaboration que le positionnement classique en face à face.

Des espaces lounges pour la détente

Des espaces lounges pour la détente

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La BUvette

La BUvette

Où la question des horaires d’ouverture retrouve sa juste place

Le premier écho dans la presse professionnelle, paru dans Livres Hebdo, déplore que « l’ouverture cinq jours par semaine de 8 h 30 à 19 h, avec fermeture le samedi, n’est pas des plus performantes »4. De plus pour Suzanne Jouguelet « une grande amplitude horaire est la règle, y compris un service de nuit »5. Après une modeste extension en septembre 2011 dans les anciens locaux (ouverture avancée de 9 h à 8 h 30), la BU se retrouve confrontée à la fermeture du campus à 19 h en semaine et à 13 h le samedi. L’ouverture le samedi de 10 h à 18 h reste à privilégier et implique un personnel de sécurité du campus de 13 h à 18 h et un budget de moniteurs étudiants. Déjà rôdé au travail le samedi à la BU de Saint-Quentin (cat. A depuis 2009), le personnel est prêt à s’investir. De son côté, la mairie de Versailles avait déjà avancé des négociations avec la compagnie de bus desservant le campus. La balle est maintenant dans le camp des étudiants…

En attendant, les bibliothécaires développent « l’expérience BU » qui « donne envie de travailler » : les étudiants s’exprimant ainsi n’auraient-ils pas réussi la traduction du « learning centre » ?

Pour en savoir plus

Le blog du chantier :
www.bib-versailles.uvsq.fr

La page Facebook de la BU des sciences :
https://www.facebook.com/bu.versailles

Le portail des bibliothèques de l’UVSQ :
http://www.bib.uvsq.fr

1 Suzanne Jouguelet, Les learning centres : un modèle international de bibliothèque intégrée à l’enseignement et à la recherche, Inspection générale

2 Pour maintenir le linéaire, les rayonnages sont passés en 2,10 m au lieu de 1,80 m.

3 Lancée le 15 sept. 2011, la page Facebook de la BU comptait 449 fans avant l’ouverture et 606 début mai 2013. Le blog du chantier régulièrement

4 Laurence Santantonios, « Versailles Saint-Quentinen- Yvelines, sage BU du XXIe siècle », Livres Hebdo, 11 janvier 2013.

5 Op. cit., p. 1.

Notes

1 Suzanne Jouguelet, Les learning centres : un modèle international de bibliothèque intégrée à l’enseignement et à la recherche, Inspection générale des bibliothèques, Rapport 2009-022, décembre 2009, p. 2.

2 Pour maintenir le linéaire, les rayonnages sont passés en 2,10 m au lieu de 1,80 m.

3 Lancée le 15 sept. 2011, la page Facebook de la BU comptait 449 fans avant l’ouverture et 606 début mai 2013. Le blog du chantier régulièrement alimenté jusqu’à l’ouverture au public sera fermé le jour de l’inauguration.

4 Laurence Santantonios, « Versailles Saint-Quentinen- Yvelines, sage BU du XXIe siècle », Livres Hebdo, 11 janvier 2013.

5 Op. cit., p. 1.

Illustrations

Les grandes baies vitrées de la mezzanine : lumière et environnement boisé, une ambiance propice au travail

Les grandes baies vitrées de la mezzanine : lumière et environnement boisé, une ambiance propice au travail

Des espaces lounges pour la détente

Des espaces lounges pour la détente

La BUvette

Citer cet article

Référence papier

Marie-Estelle Créhalet et Chantal Merle, « La BU de Versailles : une nouvelle dimension dans l’université », Arabesques, 71 | 2013, 24-25.

Référence électronique

Marie-Estelle Créhalet et Chantal Merle, « La BU de Versailles : une nouvelle dimension dans l’université », Arabesques [En ligne], 71 | 2013, mis en ligne le 27 août 2019, consulté le 29 mars 2024. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=1105

Auteurs

Marie-Estelle Créhalet

Responsable de la BU de Versailles

marie-estelle.crehalet@uvsq.fr

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Chantal Merle

Adjointe de la responsable de la BU Versailles

chantal.merle@uvsq.fr

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