Congrès LIBER 2019

p. 23

Plan

Texte

Le 48ème congrès annuel de LIBER, la Ligue des bibliothèques européennes de recherche, s’est tenu cette année dans le superbe cadre du Trinity College de Dublin, véritable symbole de l’Irlande à la fois par sa renommée scientifique et par les trésors conservés dans sa bibliothèque patrimoniale, que des visiteurs du monde entier viennent admirer.

Le thème du congrès 2019, Les bibliothèques de recherche pour la société, était lui aussi symbolique de la place que les bibliothèques se doivent d’occuper : loin d’être tournées vers elles-mêmes, les structures documentaires contribuent pleinement à soutenir la recherche et à favoriser son impact sur la société. A cette aune, l’intervention inaugurale de la doyenne recherche du Trinity College a proposé une réflexion inspirante : mettre l’accent sur l’objectif (la recherche pour la société) ne suffit pas, il faut également se poser la question de la collaboration (la recherche avec la société), en remettant les bibliothèques dans le jeu1.

Le programme a tout naturellement fait la part belle à l’implication des bibliothèques dans les initiatives récentes pour la science ouverte, telles que le Plan S et ses différentes déclinaisons nationales. Dans ce contexte, les bibliothécaires jouent le rôle de facilitateur du passage de la stratégie politique à la pratique, en proposant des services personnalisés : l’accompagnement des chercheurs dans le processus de montage et suivi des projets européens, pour la problématique de l’ouverture des données, ou bien la veille et l’information autour de l’épineuse question des éditeurs prédateurs.

Bibliothèques et communication scientifique

Au-delà d’aider les chercheurs à respecter les contraintes des circuits académiques de valorisation de la recherche, les bibliothécaires apportent, comme à l’Université de Manchester, une expertise dans la communication des résultats de leurs travaux auprès d’un public plus large (médias, sites de partage, Twitter,…). Mesurer l’impact de la recherche en dépassant la bibliométrie traditionnelle représente désormais un enjeu central, comme le montre le projet innovant Data for Impact, qui s’attèle à produire des indicateurs de l’impact sociétal : dépôt de brevets, intégration des résultats dans des guides de pratiques cliniques ou des rapports officiels, dissémination via les réseaux sociaux.

 

 

Créer les conditions de l’open access

Faciliter l’accès aux ressources numériques reste néanmoins une mission centrale des bibliothèques ; comme preuve, les retours sur les accords transformants d’abonnement aux revues électroniques, alliant accès aux publications et développement du gold open access. L’étude d’accords conclus avec de grands éditeurs scientifiques en Allemagne, où ce modèle tend à se généraliser, apporte la preuve de son efficacité dans le développement de l’open access immédiat, tout en en montrant les limites : pour que le tournant envisagé par le Plan S se produise, il faudrait qu’un nombre significatif de pays grands producteurs de recherches s’engage dans une telle évolution. Très attendus également, les résultats des enquêtes menées dans des pays ayant fait le choix d’arrêt de certains big deals montrent que cette stratégie a un léger impact négatif sur les chercheurs, tout en permettant de sensibiliser cette population aux coûts des publications et au libre accès.

Pour les bibliothèques, la promotion de l’open access se décline nécessairement selon un autre axe, celui de la production de métadonnées de qualité et de leur mise en relation. Le projet allemand DeepGreen, par exemple, propose le transfert automatique des métadonnées des éditeurs vers les archives institutionnelles, en assurant également la vérification des droits ; ce type de circuit illustre l’importance de la fourniture des métadonnées dans les négociations de documentation électronique, ainsi que le rôle de celles-ci dans le développement de l’accès ouvert aux publications.

Enfin, plusieurs présentations et ateliers du congrès ont été consacrés à ce qui représente un angle mort, les e-books librement accessibles en ligne, dont le signalement et l’identification posent malheureusement encore de nombreux problèmes. La transition des ouvrages vers l’open access ne se fera clairement pas sans les bibliothèques, dont l’engagement est attendu sur plusieurs actions : participer à la création d’un nouveau modèle économique et le soutenir, s’impliquer dans le processus éditorial proprement dit, signaler les ouvrages en open access dans les catalogues et outils de découverte, en sensibilisant tous les acteurs concernés. Un vaste programme pour les bibliothécaires du monde entier.

1 Bon nombre des supports des communications du congrès est disponible à l’adresse : https://zenodo.org/communities/liber2019/?page=1&size=20

Notes

1 Bon nombre des supports des communications du congrès est disponible à l’adresse : https://zenodo.org/communities/liber2019/?page=1&size=20

Illustrations

 

Citer cet article

Référence papier

Raluca Pierrot, « Congrès LIBER 2019 », Arabesques, 95 | 2019, 23.

Référence électronique

Raluca Pierrot, « Congrès LIBER 2019 », Arabesques [En ligne], 95 | 2019, mis en ligne le 17 janvier 2020, consulté le 29 mars 2024. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=1321

Auteur

Raluca Pierrot

Service Accompagnement des réseaux – ABES

raluca.pierrot@abes.fr

Autres ressources du même auteur

Articles du même auteur

Droits d'auteur

CC BY-ND 2.0