La publication par l’IFLA1 d’une « édition intégrée provisoire » de l’ISBD2 en 2007 ; celle, deux ans plus tard, des nouveaux Principes internationaux de catalogage3 remettaient en question le jeu de normes utilisés en France pour le catalogage4, car ces normes s’inspirent précisément des précédents textes normatifs publiés par l’IFLA, à présent caducs.
Cette double publication survenait au terme de près de deux décennies de travaux de réexamen en profondeur des techniques catalographiques dans une perspective de meilleure adaptation aux besoins des publics contemporains et de leurs pratiques.
Pour la première fois, des modèles sur lesquels appuyer les codes de catalogage ont été élaborés : les FRBR5 pour les notices bibliographiques, les FRAD6 pour les données d’autorité. L’exploration se poursuit en ce moment en direction des standards du web, dans une perspective d’exposer les données des catalogues de bibliothèque dans le web sémantique.
Au cœur de cette activité frénétique, deux nouveaux codes de catalogage ont été portés à la connaissance des professionnels : les Reicat7, nouvelles règles italiennes présentées lors du congrès annuel de l’IFLA, à Milan en 2009, et RDA8 destiné à remplacer les AACR29. Ces deux nouveaux codes tiennent compte du nouvel état de l’art (voir article ci- dessus), de sorte qu’il y a lieu de se poser la question de l’avenir des normes françaises d’une manière inédite : rester dans la continuité des textes normatifs de l’IFLA, ou adopter RDA, qui présente l’avantage d’une ouverture clairement revendiquée vers les autres standards (notamment ceux utilisés par l’édition et ceux du web d’une manière générale), et qui pourrait devenir de fait LE nouveau standard international.
Dans cette perspective, l’AFNOR – éditeur des normes actuelles – a constitué deux groupes de travail chargés de définir la position de la France vis à vis de RDA : un groupe stratégique présidé par Raymond Bérard (ABES, ancien président de la CG4610) et un groupe de travail technique animé par Françoise Leresche (BNF).
Le groupe de travail technique se réunit régulièrement depuis le 9 septembre 2010 dans le cadre existant du « groupe d’experts » AFNOR/CG46/CN357/GE611 « Évolution de la description bibliographique » et a pour missions de procéder à une analyse fine du nouveau code (au regard de l’ISBD et des normes AFNOR), de proposer le schéma d’implémentation de RDA à adopter en France et d’en étudier les impacts sur les SIGB12 et les catalogues existants, ainsi que sur les échanges et la mise à niveau des données existantes. Les besoins en formation sont également à évaluer.
Parallèlement le CFU13 a été chargé par le PUC14 de préparer les modifications des différents formats UNIMARC (notices bibliographiques et d’autorité principalement) nécessaires à l’application des FRBR (et donc de RDA). Un premier et très important train de propositions a été produit et soumis au PUC, qui vient de l’approuver (mars 2011). C’est aussi en collaboration avec le CFU (et la FULBI15) que le groupe d’experts GE6 a organisé une première réunion de concertation avec les fournisseurs de systèmes informatisés pour bibliothèques. Il en est prévu une seconde au cours du deuxième trimestre 2011. Les fournisseurs de données (autres que la BNF, l’ABES et Électre, déjà représentés au GE6) seront également consultés.
Le programme de travail du GE6, particulièrement chargé, ne constitue que la première étape du processus de décision, dont l’issue n’est pas attendue avant fin 2011.
Le groupe stratégique a tenu sa première réunion le 25 mars 2011. C’est à lui qu’incombe la prise de décision finale, cela au vu du rapport des travaux du groupe technique et des choix qui seront faits au niveau international. RDA est encore en phase d’évaluation dans les pays anglo-saxons : la bibliothèque du Congrès des États-Unis se prononcera en juin 2011. Sa décision est évidemment très attendue, et aura une grande influence sur le débat français. Bien sûr un refus d’appliquer RDA serait une très grosse surprise, mais même dans l’hypothèse d’une décision positive, l’on attend avec beaucoup de curiosité le détail des modalités d’application. RDA peut en effet s’utiliser d’une manière traditionnelle (voir article ci-dessus). Si tel était le cas à la bibliothèque du Congrès et au sein des systèmes bibliographiques importants au niveau international, le choix deviendrait plus ouvert quant à la France. Les Reicat devraient être examinées à leur tour, de même que l’hypothèse de l’ISBD consolidé, accompagné d’une révision indispensable de nos normes sur le choix et sur la structure des points d’accès.