Le Journal des Arts

Éd. ArtClair n° 306, 26 juin 2009

Le cas du CR 32 Art et archéologie

« Couvrir l’art de tous les temps et de tous les pays », cette vocation de la bibliothèque d’art et d’archéologie, fondée par le couturier et mécène Jacques Doucet (1853-1929), peut également être celle du centre régional thématique Art et archéologie, le CR 32, hébergé à l’Institut national d’histoire de l’art (INHA). Fondée en 1908, puis rattachée en 1972 aux universités Paris‑I et Paris-IV, la bibliothèque d’art et d’archéologie Jacques‑Doucet intègre, en janvier 2003, l’Institut national d’histoire de l’art. Créé en 2001, l’INHA répond à un véritable besoin de la recherche française dans les domaines de l’histoire de l’art et de l’archéologie.

Il comprend deux départements : le département de la bibliothèque et de la documentation et le département des études et de la recherche. L’INHA constitue le pôle de formation et de recherche en histoire de l’art le plus important de France, se hissant ainsi au niveau des grands instituts d’art mondiaux. Dans ce cadre, la bibliothèque rassemblera, d’ici 2014, outre les collections Doucet, celles de la bibliothèque centrale des musées nationaux et les collections imprimées de la bibliothèque de l’ENSBA (École nationale supérieure des beaux-arts). Attributaire d’un exemplaire du dépôt légal imprimeur, dès 1926, puis éditeur, la bibliothèque est également, depuis 1980, CADIST – centre d’acquisition et de diffusion de l’information scientifique et technique (en art et archéologie).

Étudiants, chercheurs, professionnels et amateurs

Le CR 32 gère un ensemble de 49 bibliothèques et centres de documentation. Huit de ces bibliothèques, de statut universitaire, sont déployées dans le Système universitaire de documentation ; les 41 bibliothèques, non déployées, sont des bibliothèques de musées, de laboratoires de recherche ou d’écoles spécialisées.

Deux d’entre elles, la bibliothèque des arts décoratifs et la bibliothèque Kandinsky, possèdent une entrée secondaire1. Les bibliothèques du CR 32 et de la BINHA (Bibliothèque de l’INHA) desservent un public commun composé d’étudiants en art, de chercheurs, de particuliers justifiant de leurs recherches et de professionnels de l’art.

Le CR 32 est intégré, au sein du service du développement des collections, à la section « Périodiques ». Trois agents sont affectés à la section Périodiques. Une bibliothécaire coordonne l’équipe, gère les acquisitions et les abonnements d’environ 1 550 titres vivants (sur un total de 7 672 titres) et mène les chantiers liés à l’ouverture, en 2014, de la nouvelle bibliothèque. Le responsable du CR consacre la moitié de son temps au CR et à la gestion, dans WinIBW, des périodiques de l’INHA, l’autre moitié au catalogage des monographies en se déplaçant au service Catalogue. Une contractuelle de catégorie A est en charge du bulletinage, du suivi des réclamations et des mises à jour dans WinIBW sur trois quarts de son temps et de la réception des monographies du dépôt légal sur le reste de son temps.

De manière très classique pour les CR thématiques, le travail effectué pour les collections des bibliothèques du CR et le travail effectué pour les collections d’autres services sont complémentaires (BINHA, CADIST, dépôt légal). Un temps précieux est gagné puisqu’une correction est valable pour plusieurs bibliothèques.

Malgré cette apparente simplicité, il est toujours possible d’être pris au dépourvu lorsqu’il faut cataloguer un document en telougou2 pour le musée Guimet…

L’histoire de l’art est par définition le domaine qui véhicule une grande masse d’images car toute étude d’un objet d’art, ou d’une antiquité archéologique, se fonde sur l’observation de sa représentation.

Or, les revues sont un important vecteur d’images ; rapidement éditées, elles permettent de faire circuler des représentations (une œuvre nouvellement attribuée, les résultats d’une fouille, etc.). Leur signalement est donc primordial pour la recherche. Soulignons aussi la place des bulletins de musées qui constituent un outil non négligeable de diffusion d’une information très localisée et très spécialisée (par exemple, les dernières acquisitions d’un musée).

La salle Labrouste, classée aux monuments historiques et future salle de lecture de la bibliothèque de l’INHA, était, jusqu’au déménagement des collections sur le site François‑Mitterrand, la salle de consultation du département des Imprimés de la Bibliothèque nationale de France.

Photo : Philippe Couette/BNF

Un CR bien ancré

Le CR 32 est bien ancré dans un plan de coopération des bibliothèques d’art et d’archéologie d’Île-de-France. Bibliothèque de référence en art et en archéologie, la BINHA s’insère dans un réseau de bibliothèques parisiennes spécialisées.

Ce réseau est pleinement représenté par le CR 32. La politique documentaire mise en place tient compte des pôles d’excellence de chacun de ces établissements et la coopération avec les bibliothèques est renforcée par le biais de conventions signées, par exemple, avec la bibliothèque de la Cité de l’architecture, la bibliothèque Kandinsky ou encore la bibliothèque Gernet‑Glotz. Les collections de référence sont développées selon trois niveaux de complétude : du moins exhaustif au plus exhaustif.

Elles tendent à l’exhaustivité pour l’art et l’archéologie de l’Occident, de l’Antiquité classique à nos jours et elles proposent des collections de référence pour l’histoire de l’art et l’archéologie mondiales. Enfin, les acquisitions entre les documents plutôt théoriques acquis à l’INHA et les documents plutôt techniques acquis dans les bibliothèques d’écoles (ENSBA, écoles d’architecture, Institut national du patrimoine) se complètent.

Les domaines d’excellence des bibliothèques présentes dans le CR 32, beaux‑arts, architecture, arts premiers, arts asiatiques, arts décoratifs, arts du spectacle, cinéma, musique et restauration/conservation, permettent au CR 32 d’enrichir les deux disciplines phares de l’INHA, tout en assurant une complémentarité des collections. Ces relations menées dans le cadre de la politique documentaire de la BINHA ont une implication directe sur l’activité du CR 32. Ainsi, le renforcement des relations avec la bibliothèque Kandinsky l’a amenée à se doter d’une entrée secondaire en novembre 2009. Une formation au catalogage des collections s’est mise en place avec la Cité de l’architecture. Ces relations influent également sur les projets de prospection.

La prospection se porte sur les secteurs moins représentés dans le fonds de l’INHA, peu présents dans la carte documentaire française ou encore en direction des domaines jugés prioritaires par les instances scientifiques de l’INHA. En conséquence, les projets de prospection se tournent aujourd’hui en direction des bibliothèques des écoles d’architecture.

Au niveau national, ces bibliothèques organisées en réseau produisent une base de données bibliographiques qui référence plus de 86 000 articles de revues d’architecture et de paysage, françaises et étrangères : ArchiRes.

Trois des sept bibliothèques situées en Île-de-France sont déjà dans le CR 32 et, dans un souci de signalement et d’aide au chercheur, il sera intéressant de réunir, dans le Système universitaire de documentation pour les publications en série, les états de collection de ces sept bibliothèques.

Arrivée en novembre 2009, la bibliothèque de Marne‑la-Vallée est la dernière recrue ! Ce projet pourra être présenté à l’ABES dans le cadre de la signature des nouvelles conventions sur objectifs. Deux autres réseaux complètent le signalement des publications en série en Île‑de-France.

Le réseau des bibliothèques des musées nationaux, dont en tête, la bibliothèque centrale des musées nationaux, située au Louvre, fait partie du CR 32. Ce réseau produit le catalogue collectif des bibliothèques des musées nationaux.

Le réseau Archéo-IDF rassemble des centres de ressources documentaires en archéologie situés en Île‑de-France, fédérés autour d’une maison des sciences de l’homme, la MSH René‑Ginouvès, dont la bibliothèque fait partie du CR 32. Le réseau Archéo‑IDF participe à FRANTIQ (Fédération et ressources sur l’Antiquité), catalogue collectif national.

Le centre régional 32 Art et archéologie, inscrit dans un paysage documentaire en mouvement et dans un projet de future bibliothèque, est toujours en alerte… et c’est passionnant !