eIFL Pour un accès plus équitable à la connaissance

DOI : 10.35562/arabesques.2699

p. 18-19

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Electronic Information for Libraries, (eIFL http://www.eifl.net/) est une organisation à but non lucratif juridiquement implantée aux Pays-Bas et physiquement basée à Rome. Elle représente les intérêts de 48 consortiums de bibliothèques nationales d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Asie, de pays de l’ex-Union Soviétique et d’Europe de l’Est. Reposant sur le principe fondamental que l’accès à la connaissance est essentiel pour l’éducation, la recherche, le progrès économique et l’autonomie des citoyens, eIFL plaide, à l’échelle mondiale, pour un accès équitable à l’information. En effet, pour eIFL, il est primordial que les pays en voie de développement ne soient plus exclus des progrès que les TIC1 ont apportés aux pays plus riches. Comment lever les barrières qui empêchent les bibliothèques et leurs usagers d’accéder à la connaissance ? En 2001, eIFL a initié la création de consortiums locaux de bibliothèques des anciens pays d’Union Soviétique et d’Europe de l’Est afin de renforcer leur position face aux éditeurs scientifiques dans les négociations d’achat de ressources électroniques. Puis eIFL a progressivement étendu ses activités à d’autres régions défavorisées dans le monde, poursuivant ainsi l’objectif de tisser un véritable réseau de partage de la connaissance entre l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud. Pour ce faire, eIFL met en place chaque année dans les pays membres bon nombre de stages professionnels, de campagnes d’information, d’ateliers thématiques et de formations en ligne pour répondre aux besoins de leurs communautés de bibliothécaires. La Conférence générale annuelle marque le rassemblement le plus important de ce réseau et permet aux bibliothécaires des pays membres d’échanger sur leurs pratiques, de discuter des problématiques actuelles et de prendre part activement aux développements des bibliothèques numériques.

Les sept piliers de la modernisation

Pour faciliter la modernisation des bibliothèques de ses membres, eIFL s’appuie sur sept axes forts.

  • Négocier l’accès aux contenus scientifiques électroniques (licences)
  • Construire des consortiums de bibliothèques viables
  • Soutenir la création de dépôts d’archives institutionnelles
  • Sensibiliser au mouvement de l’open access
  • Renforcer les compétences sur les questions relatives aux droits d’auteur
  • Favoriser l’implantation des technologies du libre open source
  • Établir des partenariats stratégiques

Au nom de ses membres, eIFL négocie avec les éditeurs afin d’obtenir l’accès aux ressources en ligne à des taux préférentiels (et parfois même totalement gratuits) et aux conditions les plus justes pour les bibliothèques.

Concrètement, une licence type a été conçue : elle est utilisée à chaque fois qu’un accord est conclu avec un éditeur. Au fil des ans, eIFL s’est forgé une réputation de solide négociateur et a conclu des marchés avec des éditeurs et agrégateurs de ressources anglaises et russes de grand renom.

La création de consortiums de bibliothèques puissants et durables est une des autres activités de ce réseau. Depuis ses débuts, eIFL n’a cessé d’encourager la mise sur pied de consortiums de bibliothèques de recherche, universitaires et publiques dans des pays où le partage des ressources et des connaissances n’était pourtant pas une tradition ; elle a également soutenu le renforcement de consortiums là où il y avait déjà eu des tentatives de coopération internationale. Ainsi, pour les pays francophones, eIFL subventionne actuellement la consolidation de consortiums de bibliothèques dans les pays d’Afrique de l’ouest (Cameroun, Ghana, Mali, Niger et Sénégal), ainsi qu’au Moyen-Orient, et en Asie centrale et du sud-est.

Les plus avancés de ces consortiums ont diversifié leurs activités en très peu de temps, atteignant des résultats remarquables en termes de modernisation, de coopération nationale et de partenariats internationaux.

En plus de promouvoir les revues en libre accès et de plaider pour le mouvement en faveur de l’open access auprès des instances nationales et des décideurs du monde de la recherche, ce programme organise régulièrement des ateliers de sensibilisation et d’apprentissage (par exemple en Pologne, en Ukraine, en Lituanie, en Serbie, en Bulgarie, en Russie, en Chine, en Afrique du Sud, au Lesotho et au Swaziland). Bien que eIFL se soit attaché, depuis ses débuts, à favoriser la production de ressources électroniques, c’est vers la création de dépôts institutionnels académiques que ses efforts se sont tournés récemment, en évaluant les besoins spécifiques, en construisant les savoir-faire et en assurant le support technique dans les pays membres. La Pologne, l’Ukraine, la Biélorussie, la Serbie, la Bulgarie, la Mongolie, la Chine, la Russie, l’Afrique du Sud, le Zimbabwe, le Ghana, etc., qui se sont engagés activement dans la réalisation de tels dépôts, verront progressivement leur production scientifique disponible sur la toile.

Avec son programme « Plaidoyer pour l’accès à la connaissance : le copyright et les bibliothèques », eIFL a favorisé la création d’un réseau d’experts sur les droits d’auteur. En prodiguant des conseils juridiques, l’organisation aide ces experts à mettre en avant le nouveau rôle des bibliothèques dans ce domaine, aussi bien auprès de collègues bibliothécaires que de responsables politiques. Après l’édition d’un manuel sur le copyright et problèmes apparentés, suivra l’élaboration d’un modèle juridique dans la sphère du copyright spécifiquement destiné aux bibliothèques.

Portrait de famille

Portrait de famille

L’équipe de l’organisation eIFL et les coordinateurs nationaux de chaque pays membres, réunis lors de la 5e Conférence générale annuelle, en octobre 2005, en Lituanie.

Photo : V. Jasinevicius pour eIFL.

Grâce à l’impact de cette initiative inédite, eIFL est crédible lorsqu’elle présente, au nom de ses membres, ses conclusions en matière de droits numériques et de droits de reproduction auprès d’organismes telle que l’OMPI2. Pour remettre les pays en voie de développement à niveau sur ces questions, eIFL s’est associé avec des ONG et des organisations de bibliothèques tels que EBLIDA3 et l’IFLA4.

Naissance d’une e-communauté

À la suite d’une étude sur l’utilisation des logiciels open source en bibliothèque, l’initiative eIFL-FOSS (Free and Open Source Software) a vu le jour en octobre 2006. Elle a pour but de favoriser leur implantation, en réponse aux prix inabordables des logiciels propriétaires. Pour y parvenir, eIFL-FOSS plaide pour la conception et la livraison d’un logiciel de bibliothèque clé en main (« Library in a box »), facile à installer et à maintenir ; des sites pilotes, parmi les pays membres, seront choisis pour le tester. En parallèle, seront développés des outils libres tels que les blogs et les wikis qui contribueront ainsi à façonner une e-communauté ; celle-ci, par son interactivité, facilitera les échanges et le transfert de connaissances.

eIFL s’est toujours montré prompt à s’associer à d’autres initiatives tentant de résoudre le problème majeur de la place accordée aux TIC dans les bibliothèques des pays en voie de développement. Elle souhaiterait accueillir dans son réseau autant de pays que possible, prête à élargir son terrain d’action. Un exemple : eIFL travaille avec de nombreux pays francophones en Afrique (Cameroun, Mali, Sénégal), au Moyen-Orient (Liban, Syrie) et en Asie (Cambodge, Laos), où l’accès aux ressources scientifiques en français est très demandé. Dans cette perspective, eIFL souhaiterait initier des partenariats avec la communauté des éditeurs francophones et des bibliothèques françaises.

Des synergies sont nécessaires : poursuivre les mêmes buts, c’est soutenir les mêmes valeurs.

Notes

1 TIC : Technologies de l’information et de la communication.

2 Organisation mondiale de la propriété intellectuelle.

3 European Bureau of Library, Information and Documentation Associations.

4 International Federation of Library Associations.

Illustrations

  • Portrait de famille

    Portrait de famille

    L’équipe de l’organisation eIFL et les coordinateurs nationaux de chaque pays membres, réunis lors de la 5e Conférence générale annuelle, en octobre 2005, en Lituanie.

    Photo : V. Jasinevicius pour eIFL.

References

Bibliographical reference

Isabel Bernal, « eIFL Pour un accès plus équitable à la connaissance », Arabesques, 47 | 2007, 18-19.

Electronic reference

Isabel Bernal, « eIFL Pour un accès plus équitable à la connaissance », Arabesques [Online], 47 | 2007, Online since 12 août 2021, connection on 19 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=2699

Author

Isabel Bernal

isabel.bernal@eifl.net

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Translators

Christine Fleury

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Laurent Piquemal

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