Depuis quelques années, la formation des étudiants, voire des enseignants et des chercheurs, est devenue une préoccupation majeure des bibliothèques universitaires. Les mauvais esprits pourraient considérer que, face à l’avènement de l’accès à distance à la documentation, à la concurrence des moteurs de recherche et d’Internet, mais aussi face à une certaine désaffection quant à la fréquentation physique des locaux de la bibliothèque, les professionnels cherchent à trouver parades ou expédients pour stimuler la demande et justifier leur expertise.
Le souci volontariste oblige à considérer la question sous un angle plus pertinent : les usagers, étudiants débutants ou avancés, mais aussi enseignants ou chercheurs, semblent souvent désemparés quand il s’agit de recherche documentaire, à la fois en termes de méthode (que chercher, comment chercher, comment évaluer les résultats) et d’outils (consulter le catalogue de la bibliothèque, une base de données, des revues en texte intégral, etc.).
Dans ce contexte, les formations à la recherche documentaire acquièrent une importance renforcée : si les usagers fréquentent moins, ou moins longtemps, les bibliothèques universitaires, il faut améliorer pour eux le couple « rapidité/efficacité » qui veut qu’une bonne recherche est une recherche certes rapide, mais surtout pertinente quant aux résultats obtenus.
Paradoxalement, si l’accès à distance à la documentation peut amener à une désaffection physique de l’établissement, elle souligne de façon aiguë le besoin de formation comme une opportunité pour ces mêmes établissements : pouvant s’appuyer sur les professionnels présents dans leur « exploration » des rayonnages de la bibliothèque, les étudiants se retrouvent seuls, parfois chez eux, ou dans un cybercafé, à explorer l’univers électronique, où les points d’appui sont rares.
Le chantier est immense, d’avoir été trop longtemps peu exploré, aussi bien par les bibliothèques que par les enseignants. La bibliothèque comme lieu matériel ne s’est jamais appréhendée avec autant d’évidence que le supposaient ses gestionnaires, la bibliothèque immatérielle pose des problèmes nouveaux, soulève des interrogations d’autant plus impérieuses qu’il faut lutter contre le mythe du « tout, tout de suite » qui constitue la pierre d’angle de l’illusion Internet.
Le « service aux usagers », désormais axe fort du développement des bibliothèques universitaires, trouve une de ses meilleures illustrations dans la formation des usagers, qui légitime l’expertise des bibliothèques en favorisant l’accès à la documentation, en justifiant les coûts mis en œuvre pour son acquisition, et en renforçant les liens entre l’établissement et ses utilisateurs, pour mieux répondre à leurs besoins.