Président de l’ADBS1, l’Association des professionnels de l’information et de la documentation, de 1992 à 1997, vous êtes, Jean MICHEL, consultant et aussi formateur en management de l’information-documentation-connaissance (IDC), un « professionnel reconnu du domaine »…
Vos expériences – et vos projets – quant à la formation des usagers à la recherche documentaire, dans l’enseignement supérieur et la recherche ?
Cette problématique de la formation des usagers a été un axe majeur de ma carrière professionnelle. J’ai eu notamment à piloter des programmes nationaux et européens sur ce terrain (comme notamment le projet EDUCATE, devenu Into Info), plus particulièrement dans le domaine de l’enseignement supérieur technologique et ai publié de nombreux articles sur le sujet et aussi un Guide méthodologique pour le compte de l’UNESCO sur la formation des ingénieurs à la maîtrise de l’information spécialisée. Aujourd’hui, cet impératif de la formation des usagers est plus important que jamais à l’heure de la prolifération des sources numériques et de la dimension sociale et sociétale de l’information. Mais il ne faut pas se tromper de combat. Il ne s’agit pas de transformer nos étudiants ou chercheurs en « bons bibliothécaires ou documentalistes » connaissant bien les subtilités des normes de catalogage ou capables de faire des équations d’interrogations documentaires impeccables.
Il faut surtout préparer les personnes à agir de façon efficace et citoyenne dans la nouvelle société de l’information, en concevant et transférant de solides méthodes du travail collectif basé sur la production, la gestion et la capitalisation des ressources info-documentaires.
Pour les établissements d’enseignement supérieur, je militerais volontiers pour un véritable projet d’innovation pédagogique intégrant cette dimension méthodologique autour de l’information. C’est du reste ce qui m’a conduit à susciter, la production prochaine sur ce thème (Information Literacy), d’un numéro spécial de la revue European Journal of Engineering Education, dont je suis l’éditeur.
Dans les entreprises ou organisations, cette problématique est tout aussi importante et conduit à penser des interventions méthodologiques de sensibilisation, de formation ou encore d’accompagnement pour amener chacun (à tous les niveaux de la structure) à devenir acteur efficace et responsable de l’infopolis.
Dans cette perspective de « formation », les professionnels de l’information-documentation ont désormais un rôle crucial à jouer et c’est, je crois, ce qui commence à leur être demandé un peu partout. En bref, et pour reprendre la formule bien connue, « Apprendre à pêcher plutôt que se contenter de donner le poisson ».