Formation de formateurs dans les URFIST

Où commencent le travail intellectuel, l’analyse, l’esprit critique et la création

DOI : 10.35562/arabesques.3023

p. 9-10

Texte

La formation des utilisateurs a acquis depuis une quinzaine d’années une importance croissante dans le travail des bibliothécaires, y prenant une place à part entière et occupant beaucoup de leur temps. Plusieurs facteurs ont permis ce développement. Tout d’abord, sous l’impulsion de la SDBIS, la formation des usagers a été inscrite dans les axes prioritaires de l’activité des SCD, notamment par le biais des contrats État-Universités. D’autre part, l’offre de ressources électroniques a fortement augmenté et les bibliothécaires ont pris conscience de la difficulté de leurs publics à les utiliser. Enfin, la demande des utilisateurs eux-mêmes s’est accrue devant le déferlement de ces masses d’informations et la variété des outils. Les unités régionales de formation à l’information scientifique et technique (URFIST) ont accompagné ce changement puisque leur mission est de former, outre les enseignants, chercheurs et étudiants avancés, les bibliothécaires et documentalistes de l’université. La formation des utilisateurs se faisait souvent de manière artisanale, mélange d’intuitions et de bonne volonté. Elle est devenue une mission incontournable et mise en avant. Or, les professionnels des bibliothèques n’ont pas reçu de formation à la pédagogie. Ils ne savent pas toujours transmettre leur savoir. Cette « nouvelle » tâche n’est pas toujours bien perçue par l’ensemble des équipes ni très reconnue. Les demandes de formation des bibliothécaires se sont donc accrues et diversifiées. À côté des formations aux bases de données documentaires spécialisées, aux différents logiciels ou plateformes d’interrogation, a émergé un fort besoin de formation à la pédagogie de la recherche documentaire autour de trois axes principaux.

  1. La didactique de l’information : réfléchir sur les contenus de l’IST (délimitation des savoirs info-documentaires, définition des notions, etc.), sur leur progressivité selon les niveaux du LMD pour ensuite concevoir un cours et des supports
  2. L’ingénierie de formation : construire très en amont un plan de formation, y travailler avec les enseignants et l’environnement universitaire en général, définir des objectifs de formation, concevoir des programmes, installer et équiper des salles de formation, assurer la promotion des formations et les évaluer
  3. Les méthodes pédagogiques : savoir donner un cours, transmettre des savoirs et savoir-faire et évaluer son activité d’enseignant.

Les URFIST produisent également des cours en ligne, des tutoriels, des dossiers, des aides à la conception de scénarios de formation selon les niveaux du LMD, des sélections de ressources, etc. (voir les sites des différentes URFIST et des outils plus spécifiques comme Metafor, ou Forsic – Voir aussi Sinfodoc sur le site de l’ADBU http://www.adbu.fr/sinfodoc/). Tous ces documents sont mis en ligne, gratuits et à la disposition des formateurs.

Les URFIST peuvent assurer directement la formation des étudiants avancés (master et doctorat) et ce notamment dans le cadre des centres d’initiation à l’enseignement supérieur (CIES) où les étudiants-moniteurs reçoivent une formation de formateurs, puisqu’ils sont normalement appelés à encadrer des étudiants moins avancés. L’étudiant en master ou doctorat a souvent une connaissance et une pratique correcte des outils de base de la recherche documentaire (les catalogues des bibliothèques) mais méconnaît les ressources électroniques offertes par le SCD (bases de données documentaires spécialisées, périodiques électroniques), les utilise mal (stratégies de recherche insuffisantes notamment) et a tendance à interroger des moteurs généralistes, ignorant complètement l’existence de moteurs académiques.

Face à la facilité apparente de recherche et à l’assurance de multiples réponses, il a également de gros problèmes de sélection des informations pertinentes et d’évaluation de l’information.

Les formations se structurent donc autour de 4 grandes thématiques.

  • Recherche documentaire et recherche d’information : panorama de l’information scientifique et technique, typologie des outils, web visible et invisible, principes d’interrogation et utilisation des bases de données documentaires spécialisées et périodiques électroniques, recherche d’information via des moteurs de recherche généralistes mais aussi spécialisés ou académiques, évaluation de l’information, utilisation d’outils de traitement et de cartographie de l’information, droit d’auteur et éthique, veille documentaire – blogs, fils RSS, etc.
  • Nouvelles modalités de production et de diffusion de l’information scientifique : thèses électroniques, archives ouvertes, revues électroniques en libre accès, travail collaboratif…
  • Rédaction de bibliographies de manière automatisée via des logiciels spécialisés.
  • Présentation et communication de travaux scientifiques.

Les URFIST ont participé, avec l’ENSSIB (à la suite des dernières Journées Formist en juin 2006, sur le thème « Exploitation et usages de l’information pour les étudiants avancés »), à un travail de définition de contenus et de niveaux de formation pour le 3e cycle (à paraître sur le site Formist).

Elles travaillent aussi à la constitution de réseaux de formateurs (ou de groupes de travail) afin de mettre en commun les expériences de formation et les ressources – banques d‘exercices, supports de cours, programmes… Il ressort de toutes ces réflexions que les formateurs doivent être en mesure d’aider les usagers à s’approprier les outils, formation technique et pratique qui demeure. Mais l’accent doit être mis sur la méthodologie de la recherche (savoir analyser un sujet, un discours, trouver des mots-clefs et des stratégies efficaces), sur l’appropriation de connaissances pour les transformer en savoir, sur la compréhension des enjeux techniques, économiques, cognitifs, législatifs, sociétaux des TIC (technologies de l’information et de la communication), sur la critique et l’évaluation des outils et techniques et des résultats qu’ils produisent. Il s’agit bien d’éduquer à l’information pour la maîtriser, l’utiliser en toute connaissance de cause afin de savoir où s’arrête l’aide qu’apportent ces technologies et où commencent le travail intellectuel, l’analyse, l’esprit critique et la création.

Page de titre d'un support de cours « Formation de formateur »

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Citer cet article

Référence papier

Marie-France Andral, « Formation de formateurs dans les URFIST », Arabesques, 45 | 2007, 9-10.

Référence électronique

Marie-France Andral, « Formation de formateurs dans les URFIST », Arabesques [En ligne], 45 | 2007, mis en ligne le 01 juillet 2022, consulté le 03 septembre 2025. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=3023

Auteur

Marie-France Andral

URFIST de Bordeaux

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