« Notre objectif est de rassembler les professionnels francophones autour de l’ia »

DOI : 10.35562/arabesques.3093

p. 21

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En juin 2022 s’est créé un chapitre francophone dans ai4LAM1, une communauté participative et internationale autour de IA dans les bibliothèques, les musées et les archives. Explication avec les trois membres du secrétariat de ce chapitre2.

Arabesques : Qu’est-ce que la communauté ai4LAM ?

C’est une communauté participative et internationale, à la structure assez informelle, qui vise à partager et faire connaître les usages des technologies liées à l’intelligence artificielle appliquée aux domaines des bibliothèques, archives et musées. La communauté s’est montée en 2018 autour de l’université de Stanford, de la Bibliothèque nationale de France et de la Bibliothèque nationale de Norvège. Cette dernière a accueilli la première conférence ai4LAM en 2018, Stanford la seconde en 2019, la BnF et l’université Paris-Saclay la dernière conférence en décembre 20213.

En juin dernier est né le projet de créer un « chapitre » francophone au sein de cette structure. En quoi consiste ce projet ?

Lors de la conférence Les futurs fantastiques de 2021, une réunion a été organisée pour réfléchir collectivement à l’opportunité de créer un chapitre francophone, aux enjeux d’une telle création et aux grandes lignes d’un programme d’action. Partage d’expériences, traduction des contenus existants, formations ont été les principaux axes de travail suggérés pour le chapitre. Depuis, nous avons élaboré avec quelques autres personnes4 une charte pour ce chapitre francophone5, qui précise notamment le programme d’action du chapitre pour un an et ses modalités générales d’organisation. Cette charte a été approuvée par une cinquantaine de participants lors de la deuxième réunion en juin 2022. Le chapitre s’est donné pour objectifs de décloisonner les communautés, de lever les obstacles linguistiques, de faciliter le partage d’expériences et la mutualisation. Il travaillera dans le respect des principes FAIR6 et CARE.

Comment fonctionnera ce chapitre et quelle sera son articulation avec la structure mère ?

Ai4LAM est une structure assez informelle, sans statut juridique. Pour officialiser la création d’un chapitre, le bureau de ai4LAM demande juste une charte et la liste des premiers membres du chapitre. Nous lui avons envoyé ces documents. Si la demande est validée, un espace sur le site Web ai4LAM et des outils de travail seront ouverts au nouveau chapitre.

Le chapitre est animé par un secrétariat, qui sera assuré par nous-mêmes pendant ses premiers mois d’existence. À compter de la deuxième année, les membres du secrétariat seront élus par les membres du chapitre. Le chapitre a décidé de s’intéresser dans un premier temps, dans le cadre de groupes de travail informels, au recensement des projets HTR (reconnaissance d’écriture manuscrite) et à la question des formations (état des lieux et besoins).

Existe-t-il déjà une communauté de professionnels français autour de ces questions ?

Plusieurs établissements ont développé des expertises, lancé des projets dans certains domaines de l’IA. Les projets de machine learning appliqués à la reconnaissance des écritures manuscrites représentent l’essentiel des travaux, en particulier en archives et en bibliothèques. Il existe aussi, à notre connaissance, des projets relatifs à la reconnaissance d’entités nommées, à la classification ou l’indexation automatique de textes et d’images, à la création d’agents conversationnels. Mais il n’y a pas pour l’instant d’espace qui transcende les barrières sectorielles et géographiques et permette de partager véritablement expériences et états de l’art, voire de mutualiser les ressources (vérités terrain, modèles d’apprentissage etc.) et idéalement les infrastructures qui accueillent les outils.

Y a-t-il une spécificité française ou francophone ?

États de l’art, modèles et outils dépendent souvent de la langue et du système d’écriture des corpus ainsi que du contexte culturel dans lequel les corpus s’inscrivent. Aussi, structurer des communautés linguistiques qui manipulent des corpus dans un contexte francophone est un enjeu fort d’efficacité de ces travaux. L’omniprésence de l’anglais dans la littérature et les outils relevant de l’IA peut être dissuasive pour certains collègues. Nous souhaitons produire ensemble, en français, et rendre accessibles une documentation plus large et des outils d’apprentissage adaptés, ce qui donnera aussi de la visibilité aux projets et à la production francophone.

Quels établissements ou professionnels sont concernés ?

Tous les acteurs qui souhaitent travailler dans un cadre francophone peuvent devenir membres du chapitre sur simple message à l’adresse ai4lamfre@gmail.com. Il leur sera juste demandé de prendre connaissance de la charte et de confirmer leur adhésion au chapitre et à ses principes. Selon les règles d’ai4LAM7, à l’inverse des institutions publiques qui peuvent être membres, les acteurs privés ne peuvent participer qu’à titre individuel. Sont potentiellement concernés les acteurs venant de la recherche, publique ou industrielle, les sociétés de services spécialisées, les établissements conservant des biens culturels et toute personne intéressée par ces sujets.

Quel est le calendrier des actions et les prochaines étapes ?

Les prochaines étapes sont la mise en place des espaces de travail et d’une liste, l’organisation de webinaires en 2022, la constitution des groupes de travail, des réunions du chapitre et un événement plus important en 2023.

Notes

1 https://sites.google.com/view/ai4lam

2 Luc Bellier, directeur adjoint des bibliothèques de l’université Paris-Saclay ; Florence Clavaud, responsable du Lab des Archives nationales ; Antoine Courtin, chargé de développement des ressources numériques du Centre de ressources et de recherches de l’Établissement public du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie Valéry Giscard d’Estaing.

3 https://www.bnf.fr/fr/les-futurs-fantastiques

4 Parmi lesquelles Céline Leclaire (BnF) et Pauline Charbonnier (Archives nationales).

5 https://docs.google.com/document/d/1mWP2qf0Y0xGFiTxz0gdcdEJjItIkvyrR1A6hMMO4e1Q/edit

6 Acronyme de Findable, Accessible, Interoperable, Reusable. Voir www.go-fair.org/fair-principles

7 https://drive.google.com/file/d/1oSfiBwHEax9N-JpSk9AJ4hj1BUEzGWzh/view

References

Bibliographical reference

Luc Bellier, Florence Clavaud and Antoine Courtin, « « Notre objectif est de rassembler les professionnels francophones autour de l’ia » », Arabesques, 107 | 2022, 21.

Electronic reference

Luc Bellier, Florence Clavaud and Antoine Courtin, « « Notre objectif est de rassembler les professionnels francophones autour de l’ia » », Arabesques [Online], 107 | 2022, Online since 14 octobre 2022, connection on 18 août 2025. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=3093

Authors

Luc Bellier

Directeur adjoint des bibliothèques de l’université Paris-Saclay

luc.bellier@universite-paris-saclay.fr

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By this author

Florence Clavaud

Responsable du Lab des Archives nationales

florence.clavaud@culture.gouv.fr

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Antoine Courtin

Chargé de développement des ressources numériques du Centre de ressources et de recherches de l’Établissement public du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie Valéry Giscard d’Estaing

antoine.courtin@musee-orsay.fr

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Copyright

CC BY-ND 2.0