Créé en 2009, Médici, réseau national des métiers de l’édition scientifique publique, fédère les personnels exerçant au sein d’une chaîne éditoriale dans une structure publique (presses universitaires, pôles éditoriaux, laboratoires, bibliothèques, etc.)1. Né de la volonté de personnes isolées de se retrouver pour échanger sur leurs pratiques professionnelles, le réseau s’est progressivement donné pour missions le partage d’informations (via une liste de discussion, aujourd’hui forte de près de 800 abonné.e.s) et la formation (rencontres annuelles, webinaires, etc.). Animé par un comité de pilotage, il est structuré en groupes de travail thématiques dans lesquels chaque membre peut s’investir2.
Le réseau Médici a évolué en lien avec les transformations de la recherche et de la communication savante, de l’accès ouvert vers la science ouverte. Ces dernières années, la communauté professionnelle s’est élargie. Documentalistes et personnels des bibliothèques ont rejoint le réseau, ce qui traduit une convergence des problématiques et une volonté d’avancer collectivement.
Documentation, édition, bibliothèques : des métiers connexes
Le cœur du métier d’éditeur se situe dans la relation au texte et avec les auteur.rice.s, ainsi que dans l’élaboration de lignes éditoriales de revues et de collections. La science ouverte renforce la collaboration entre les métiers de l’information scientifique et technique. Si les emplois types d’éditeur-ice présentent depuis une dizaine d’années le renforcement du lien entre édition et documentation, pour Médici, ce rapprochement s’est accéléré grâce à sa collaboration avec le réseau Mir@bel à partir de 2017. Les bibliothèques universitaires ont quant à elles toujours eu un rôle central dans l’édition scientifique, notamment du point de vue du modèle économique : acquisitions et abonnements, modèle freemium, subscribe to open, etc. Elles se transforment elles aussi sous l’effet de la science ouverte pour renforcer leur rôle d’accompagnement, en investissant les données de la recherche et l’édition scientifique.
Les actions menées conjointement avec les réseaux Mir@bel, Renatis et Repères ont permis une montée en compétences des membres sur des sujets tels que le référencement et l’indexation. Les transformations actuelles mettent néanmoins en lumière un flottement concernant la définition de la fonction éditoriale.
Des compétences et des moyens complémentaires au service des communautés savantes
Les plateformes mises en place par les bibliothèques universitaires répondent à un réel besoin et reflètent l’implication croissante des établissements dans l’édition scientifique. Elles proposent des outils et des services de publication ainsi qu’un accompagnement des équipes de rédaction sur de nombreux sujets : préparation de copie, structuration de contenu, référencement, contrats de cession de droit d’auteur, charte éthique, etc. Cette fonction d’accompagnement permet de diffuser de bonnes pratiques et de faire progresser l’ensemble de la communauté de l’édition scientifique publique.
Une des craintes que peut susciter le développement de ce modèle d’accompagnement est de reléguer au second plan le travail éditorial en lui-même. Former chercheur.se.s ou enseignant.e.s-chercheur.se.s pourrait laisser penser qu’ils et elles sont en mesure de prendre en charge l’ensemble du processus éditorial. Or, ce travail est un métier et nécessite des professionnel-le-s formé-e-s. En outre, l’expertise des chercheur-se-s est avant tout attendue sur les aspects scientifiques. Une équipe éditoriale intégrant un-e professionnel-le de l’édition est ainsi la garantie de construire et de diffuser efficacement des contenus de qualité.
L’ambiguïté sur les rôles et les fonctions est source de nombreux malentendus : qui est l’éditeur-ice ? Qu’est-ce qu’un-e éditeur-ice dans le cadre de l’édition scientifique à l’heure actuelle ? Ces questions n’ont jamais été aussi débattues qu’aujourd’hui, tant dans la relation entre chercheur-e et éditeur-ice qu’entre bibliothécaire et éditeur-ice. Le travail des réseaux et en inter-réseaux permet de mener un dialogue entre les différentes parties. Médici a déjà largement intégré les collègues documentalistes et des bibliothèques universitaires qui ont pu bénéficier et désormais porter des formations. Ces collaborations, fructueuses, contribuent à développer un service public de l’édition scientifique de qualité.