Parlez-nous de vos fonctions actuelles…
J’exerce à l’ENTPE, une école d’ingénieurs située à Vaulx-en-Velin, active dans les champs de l’aménagement durable des territoires, sous la tutelle du ministère de l’Écologie. Je suis responsable d’une équipe de trois personnes qui gère aussi bien la bibliothèque que la plateforme pédagogique Moodle de l’école. Ma partie technique concerne l’informatique documentaire ou pédagogique et la documentation électronique. Je suis aussi investi dans le réseau Mir@bel et les projets qu’il porte. Notre particularité de petite bibliothèque est de rendre à peu près le même type de services pour la formation et la recherche que ceux délivrés par une bibliothèque universitaire mais à petite dose, le plus souvent sans les approfondir, sauf sur quelques points forts : acquisitions pour les enseignements, dépôt des thèses et mémoires étudiants. Nous devons jongler avec des compétences multiples.
Quelles sont les étapes qui vous semblent les plus importantes dans votre parcours professionnel ?
J’ai débuté comme ingénieur d’études à l’INRA Jouy-en Josas à l’époque de la crise de la vache folle et des premiers faucheurs d’OGM. Côté documentation c’était la fin d’un monde – on pratiquait encore les interrogations pour les chercheurs - et le début d’un nouveau : la National Library of Medicine (NLM) venait d’ouvrir l’accès gratuit à Pubmed, Google n’avait pas encore fêté sa première bougie. J’y ai découvert l’univers des revues scientifiques que je n’ai plus quitté depuis. À l’École normale supérieure de Lyon pendant 14 ans, j’ai eu à créer le service de la documentation électronique puis à participer au projet de réinformatisation de la bibliothèque Diderot : de 4 bibliothèques et 3 établissements au départ, nous nous sommes retrouvés avec une bibliothèque unique par le jeu des fusions-absorptions. C’est à cette même période que nous avons lancé Mir@bel et son réseau avec Sciences Po Lyon et Sciences Po Grenoble. Ce fut aussi des moments très intenses syndicalement.
Quelles sont vos relations avec l’Abes ?
Un peu distantes au début car l’Abes a mis du temps à s’adapter à la documentation électronique, mais elle s’est fortement rattrapée depuis. Je gère les relations avec l’Abes pour l’ENTPE, pour les transferts réguliers du Sudoc comme pour les quelques marchés de ressources auxquels nous souscrivons. C’est surtout via Mir@bel que je suis amené à collaborer avec les équipes en charge des ressources continues et aussi celles de BACON ou d’IdRef. Nous conduisons ensemble et avec d’autres partenaires le projet Mir@bel 2022 pour améliorer le référencement des revues scientifiques françaises et disposer d’un référentiel de structures éditrices.
Quels défis majeurs, d’après vous, aura à relever l’Abes dans les prochaines années ?
Réussir le passage à un nouveau système de gestion de métadonnées me semble à la fois le plus difficile et le plus indispensable pour renforcer les services de l’Abes et en proposer de nouveaux. Quand on voit l’affrontement récent entre OCLC et Clarivate Analytics à propos du projet MetaDoor, cela interroge sur la capacité des acteurs nationaux à atteindre la masse critique nécessaire à l’avenir. L’Abes doit, de plus, continuer à embarquer tout le monde, pas seulement les grosses BU. La diversité des établissements auxquels elle doit s’adapter n’a peut-être jamais été aussi grande.
Qu’appréciez-vous le plus dans votre métier ?
Un bon dosage entre liberté et technicité. L’inventivité du quotidien à laquelle nous pousse la modestie de nos ressources.
Qu’est-ce qui vous énerve le plus ?
La mauvaise organisation, y compris parfois la mienne.
Quelle image donneriez-vous pour qualifier l’Abes ?
L’Abes est « bleue comme une orange » (Paul Éluard). À 25 ans passé, c’est un beau fruit mûr. Le bleu est sa couleur. Elle se sépare en quartiers mais seule son unité lui confère sa rondeur. Elle est amour et partage (des métadonnées documentaires, bien sûr !).
Votre expression favorite ?
Le jeu de mots entre optimisme et pessimisme, intelligence et volonté. Cela donne « Pessimisme de la raison et optimisme de la volonté » chez le philosophe Antonio Gramsci mais peut s’inverser. L’essentiel est la confiance en l’intelligence collective.