Depuis sa création en 1971, les missions de l’Atelier national de reproduction des thèses, l’ANRT, ont évolué ; quelles sont-elles aujourd’hui ? Pourquoi Lille et Grenoble ?
Le fonds des thèses reproduites à l’ANRT de Lille depuis 1971, date de sa création, atteint près de 50 000 titres et constitue un gisement de savoir unique.
Avant 1984, les thèses étaient imprimées en offset et diffusées sous cette forme aux institutions.
Depuis 1985, les thèses validées par l’université de soutenance sont reproduites sous forme de microfiches, respectivement par l’ANRT de Lille pour les domaines des lettres, sciences humaines et sociales, art et droit et l’ANRT de Grenoble pour ceux des sciences exactes, médecine, économie et gestion, et diffusées systématiquement aux institutions – SCD, CADIST, EFE (Écoles françaises à l’étranger)… Ces microfiches peuvent être commercialisées à la demande, à destination des particuliers, librairies, associations, musées...
Depuis 1999, l’ANRT de Lille est fortement impliqué dans le projet national de diffusion électronique des thèses par sa participation au comité de pilotage auprès du Ministère. Il assure depuis 2001 un rôle moteur de coordination au sein du comité interuniversitaire Nord-Pas-de-Calais : en amont de la soutenance, une formation des doctorants aux exigences de la « Thèse électronique » (feuilles de style, métadonnées…) a été mise en place et est ouverte à toutes les écoles doctorales de la région ; un accueil est réservé aux thésards pour les aider à traiter leurs fichiers afin de favoriser la mise en ligne de leur thèse (conversion encouragée en XML) : ce contact direct, joint aux facilités d’impression des exemplaires avant soutenance à l’ANRT, permet de vaincre certaines réticences liées à la diffusion sur Internet.
L’ANRT de Lille peut jouer dans le prochain circuit électronique de la thèse le rôle d’agence de services aux universités ou aux SCD qui lui en feraient la demande pour le traitement des fichiers de thèses sous divers formats de bonne qualité (PDF, XML…), opération souvent assez lourde vu l’hétérogénéité des fichiers remis par les doctorants. Soulignons la nécessité de former tôt les doctorants afin d’obtenir des documents corrects et structurés.
Quelles sont les techniques de reproduction appliquées aujourd’hui ?
La microfiche mère est générée sur support argentique à partir de la version papier transmise par les SCD, grâce à deux caméras CODUFIDEX. Elle sert ensuite à la duplication diazoïque à l’aide de deux duplicateurs DATAMASTER II pour la diffusion aux destinataires institutionnels ou une éventuelle commercialisation.
L’ANRT utilise deux techniques de numérisation :
- à partir des scanners FREE FLOW 665 pour une production de masse
- à partir de la caméra DIGIBOOK pour les ouvrages anciens et fragiles
Dans les deux cas, les fichiers numériques obtenus peuvent servir à l’impression sur notre matériel de reprographie noir et blanc XEROX DOCUTECH 6115 et sur le copieur couleur KONICA-MINOLTA C350 et éventuellement la diffusion sur la toile.
Parallèlement, l’ANRT récupère et traite les fichiers électroniques des doctorants sous divers formats (WORD, STAROFFICE, LATEX…) pour archivage et/ou diffusion.
Le service « thèse à la carte » est particulièrement lié au monde de l’édition. Quels sont vos principaux partenaires ? Quel est l’utilisateur type du service de « thèse à la carte » ?
Grâce à la numérisation des thèses, nous avons pu mettre en place le service « Thèse à la carte » : les thèses sont imprimées dans leur intégralité sans remaniement, dans un format de type ouvrage (16×24 cm), recto verso, en autant d’exemplaires que le souhaite l’acquéreur. Ceci suppose, bien entendu, que les auteurs aient donné leur accord en signant un contrat de diffusion.
Les thèses sont répertoriées par discipline dans notre catalogue accessible sur le site www.anrtheses.com.fr et sont vendues à la demande de toute personne privée : enseignant, chercheur, étudiant,… ou organisme public : bibliothèques universitaires, services d’archives, instituts, librairies spécialisées dans les ouvrages universitaires, centres de recherche tant en France qu’à l’étranger.
Quelle place occupe l’ANRT dans les projets de numérisation des fonds patrimoniaux des bibliothèques ?
L’expertise reconnue de l’ANRT de Lille en matière de numérisation lui vaut d’être sollicité pour des opérations raisonnées de numérisation de fonds documentaires anciens dont la fragilité empêche la consultation, en vue de leur mise en ligne (projet « Nordnum » avec la bibliothèque d’histoire régionale de l’UMR IRHiS et le SCD de Lille-III : bibliothèque numérique d’histoire régionale xixes. du Nord Pas-de-Calais). L’ANRT s’est équipé d’une caméra spécifique DIGIBOOK 6002 ainsi que d’une station informatique et du logiciel de nettoyage et de redressement BOOKRESTORER pour traiter ces ouvrages fragiles tout en les préservant dans leur état d’origine. À ce jour, 300 livres au total ont été numérisés pour « Nordnum », dont une partie est accessible sur le site : http://nordnum.univ-lille3.fr.
Un projet de partenariat est en cours pour la numérisation rétrospective des thèses de l’Université des sciences et technologies de Lille, le SCD se chargeant des questions de droits et l’ANRT de Lille réalisant la prestation technique. Ce service pourrait être élargi à d’autres universités françaises, soit par scannage de la version papier, soit par numérisation à partir de la microfiche mère dont l’ANRT est le seul possesseur.
Pouvez-vous dresser un rapide tableau statistique de votre activité : production, diffusion, état du catalogue à Lille et à Grenoble ?
Chiffres-clés :
- 50 000 thèses microfichées
- 5 100 titres « Thèse à la carte » disponibles sous 10 jours
- 6 000 exemplaires vendus chaque année
- 300 ouvrages anciens numérisés
- 50 thèses en ligne
Propos recueillis par Josiane Faïta-Hugues
Abes