Depuis une dizaine d’années, s’appuyant sur les développements du web, les initiatives de valorisation des thèses offrent une vitrine de la production scientifique des différents domaines scientifiques d’une très grande richesse. Que cette valorisation soit effectuée à l’initiative de grandes écoles (ENA, INSA de Lyon avec CITHER...), de bibliothèques universitaires (SCD d’Aix-Marseille-II, BIUM, SCD de Limoges, SCD de Strasbourg-I, BUST de Lille avec Grisemine…), d’universités (Lyon-II, Nancy…), de laboratoires ou d’écoles doctorales (Bordeaux-I, IMAG, IRISA…), qu’il s’agisse de projets articulés autour d’une discipline (INRP) ou d’un principe (l’autoarchivage, la francophonie…), l’idée commune est de favoriser l’accès à ce document hybride – à la fois diplôme et document scientifique – que constitue une thèse.
Depuis la circulaire ministérielle no 05-94 de mars 2005, la reconnaissance de la thèse électronique comme « document officiel » ouvre un champ nouveau. Outre la garantie d’un archivage pérenne de ces données numériques (mission confiée au CINES), l’outil STAR, en s’appuyant sur le format TEF, enrichira considérablement les métadonnées associées aux thèses. Ceci permettra une plus grande finesse d’indexation et a fortiori facilitera l’accessibilité au document en ligne – sous réserve bien sûr d’autorisation des auteurs et en fonction des clauses de confidentialité. En outre, l’attribution d’un identifiant unique permettra au jeune docteur de déposer sa thèse sur la toile où bon lui semble tout en garantissant au chercheur qu’il s’agit bien là de la thèse officielle, telle que validée par le jury. En effet, à l’ère de l’interopérabilité des données permise par les nouveaux protocoles informatiques, l’objectif n’est-il pas aujourd’hui d’obtenir un paysage le plus complet possible de cette production scientifique florissante ? Il s’agit de valoriser les travaux de recherche d’une université, d’un laboratoire ou d’une école doctorale tout en œuvrant pour l’ensemble de la communauté scientifique internationale. Nous porterons ici une attention particulière à quatre points d’accès significatifs de cette logique de valorisation à multiples entrées.
PASTEL1, une logique de réseau d’écoles
Élaboré par les centres de documentation des onze grandes écoles d’ingénieurs regroupées sous le label ParisTech, PASTEL permet le dépôt électronique des thèses sur un serveur commun à l’ensemble des écoles, ce, directement par le lauréat après la soutenance de sa thèse.
Outre l’archivage et la conservation des documents, ce dépôt permet l’accès direct à la consultation en ligne du texte intégral des thèses déposées (près de 800 thèses actuellement). En plus de la répartition par école, par domaine scientifique ou par année, les écrans de recherche proposent de nombreux index, ce qui renforce l’accessibilité aux documents.
L’INRP2, une logique de discipline scientifique
L’Institut national de recherche pédagogique a vocation à développer et favoriser la recherche en éducation et formation.
C’est dans cette logique que sur le site de l’INRP sont recensées les thèses ayant trait aux différents thèmes des sciences de l’éducation. Les références d’environ 600 thèses sont actuellement disponibles ainsi que le lien vers la thèse en ligne, s’il existe.
TEL3, une logique d’autoarchivage
Mis en place par le CCSD (Centre de communication scientifique directe), le serveur TEL (Thèses en ligne), environnement spécifique du bassin d’archives ouvertes HAL (Hyper articles en ligne), propose l’autoarchivage en ligne des thèses afin de faciliter l’accès à ces documents scientifiques particuliers.
Côté auteur : après s’être enregistré, chaque docteur peut librement déposer ses travaux. Le dépôt peut également être effectué par une personne du laboratoire (un bibliothécaire par exemple) ayant l’accord de l’auteur pour le faire. Le document est ensuite vérifié par le CCSD (contrôle sur les informations administratives et bibliographiques fournies) mais en aucun cas, il n’est effectué d’évaluation scientifique. Le plus souvent, la thèse est disponible en ligne dans les 24 heures. La thèse n’a pas à être récente : bien au contraire, le dépôt de thèses anciennes (certaines datent de 1986), est fortement encouragé.
Côté utilisateur : près de 5 000 thèses sont accessibles via TEL. Outre la recherche (simple et avancée), l’interface de TEL permet une consultation par domaine scientifique, par année de soutenance, mais également par établissement (ex : les thèses de l’École des hautes études en sciences sociales) ou par collection (ex. : les thèses du laboratoire Kastler-Brossel). Ce type d’accès est un moyen de valoriser la production scientifique d’un établissement, d’une école doctorale ou d’un laboratoire, tout en valorisant les particularités des angles de recherches abordés.
CYBERTHESES/CYBERDOCS4, une logique de réseau international
Projet francophone d’archivage et de diffusion électronique des thèses, CyberThèses a été initié par les Presses de l’Université de Montréal et l’Université Lumière (Lyon-II) avec le soutien du Fonds francophone des inforoutes. Alimenté par moissonnage OAI-PMH, Cyberthèses donne accès à une vingtaine de dépôts de thèses électroniques, soit à près de 11 000 thèses en texte intégral.
Le « réseau CyberThèses » regroupe aujourd’hui de nombreuses institutions – francophones ou non – à travers le monde. On note la possibilité d’accéder aux thèses soutenues dans des pays comme le Sénégal, le Chili, le Pérou : un pas à poursuivre pour une diminution concrète de la fracture numérique ?