Le principe du code ISSN a été adopté, en 1970, par un groupe de travail de l’ISO/TC 46 ; d’autre part, dans le cadre de l’Unesco, était reconnue la nécessité d’un système international d’enregistrement des titres de périodiques. La réalisation de ces projets était fusionnée et confiée au Centre international de l’ISSN, dont une des principales missions consistait à développer un réseau de centres nationaux ISSN, dont une dizaine ont été créés très rapidement dans les pays intéressés. L’application de l’ISSN était alors principalement orientée en faveur de l’identification des publications imprimées. Les centres ISSN, aujourd’hui au nombre de 78 dans le monde, ont identifié les publications en série imprimées mais aussi électroniques, et leur ont attribué des ISSN. Plus de 1 185 000 ISSN valides sont maintenant référencés dans le Registre1, dont près de 30 000 ISSN identifient des périodiques2 électroniques. Ce dernier chiffre est désormais en constante augmentation, par l’action des centres pour assurer l’identification des périodiques, créés en permanence sur le web, mais aussi en raison des perspectives d’adaptation et d’évolution de l’ISSN.
En effet, les travaux d’harmonisation des règles de catalogage AACR2, ISBD(CR) et ISSN, ont abouti à l’adoption d’un nouveau champ d’application de l’ISSN, formulée avec de nouveaux concepts, dans le « Manuel de l’ISSN »3.
« Tout ISSN est l’identificateur unique d’une ressource continue spécifique. Les ISSN sont applicables aux ressources continues, qu’elles soient passées, présentes ou à paraître dans un avenir prévisible, quel que soit le support matériel de production. Les ressources continues sont des ressources bibliographiques dont la publication se poursuit au cours du temps sans que la fin en soit prédéterminée ; elles comprennent les publications en série et les ressources intégratrices permanentes... »
En outre, dans ce nouveau manuel, les règles favorisant l’application de l’ISSN aux périodiques électroniques sont mentionnées en conformité avec les autres standards de catalogage. Celles-là précisent les données requises pour l’identification, mais aussi pour effectuer les relations entre les différentes versions des périodiques, de même que pour accéder aux périodiques sur le web. Elles permettent ainsi à l’ISSN d’assurer différentes fonctions, particulièrement adaptées aux périodiques électroniques.
Fonction d’identification
C’est la fonction originelle et fondamentale de l’ISSN, réalisée par l’attribution d’un ISSN à un seul périodique, et réciproquement. De plus, tout ISSN est associé à une forme normalisée et unique du titre du périodique identifié : le titre clé. Les règles d’attribution des ISSN indiquent que les différentes éditions linguistiques ou géographiques reçoivent des ISSN différents. De même, les périodiques produits sur des supports physiques différents (imprimé, électronique, CD-ROM, etc.) sont identifiés par des ISSN différents. Ces règles sont appliquées pour tous les périodiques, même si le titre des différentes versions d’un périodique est identique. Donc, tous les périodiques électroniques sont ou seront identifiés par des ISSN, associés à des titres clés uniques.
Fonction de différenciation
Les principes d’identification fine des ressources et de leurs différentes versions permettent de satisfaire les besoins d’identification distinctive, en évidence pour la gestion des abonnements et pour la distribution des périodiques. Il est clair que la réalisation de cette fonction correspond pour l’ISSN à un objectif fondamental à l’avenir.
Fonction de relation
Dans tous les formats bibliographiques que pratique l’ISSN (ISSN-MARC, MARC 21, UNIMARC), des zones de lien renseignent sur les éventuelles relations entre des périodiques. En complément des traditionnelles relations généalogiques (tel périodique fait suite à tel périodique, etc.), les liens, établissant les relations entre les différents supports physiques des périodiques, sont introduits et accessibles dans les notices de l’ISSN. Ainsi, tout périodique électronique, qui serait la version sur le web d’un périodique imprimé, est identifié par un ISSN, qui est lié à l’ISSN de l’édition imprimée, et réciproquement. Aujourd’hui, sur le portail de l’ISSN4, tout ISSN permet de connaître les ISSN qui lui sont éventuellement liés. Demain, dans le cadre d’un service nouveau, des fonctionnalités améliorées devraient faciliter la fonction de relation entre les ISSN des différents supports physiques des périodiques et la transformer en une fonction de regroupement des différentes versions.
Fonction d’accès
Cette fonction est spécifiquement active pour les périodiques électroniques, qui sont accessibles grâce aux adresses électroniques (URL), contenues dans les notices de l’ISSN. Les adresses référencées dirigent vers les sites web des périodiques électroniques ou vers les sites des éditeurs des périodiques ; elles sont mises à jour régulièrement, mais aussi archivées. La maintenance des adresses URL est exigeante à réaliser, aussi d’autres dispositifs ont-ils été développés pour lancer des recherches directement sur des moteurs généralistes ou pour lancer des requêtes via le protocole OpenURL. Ces outils sont déjà fonctionnels à partir des notices ouvertes sur le portail de l’ISSN. Demain un panorama plus ouvert et plus étendu de chemins d’accès sera déployé pour mieux établir l’accès aux périodiques électroniques.
Fonction de combinaison
Bien que cette fonction semble nouvelle aujourd’hui, elle est, en vérité, opérationnelle depuis plusieurs années. L’ISSN est, en effet, utilisé avec d’autres données pour composer des identifiants spécifiques : pour l’identification d’un article de périodique l’ISSN est inclus dans les SICI5, pour faciliter la distribution et la gestion des périodiques l’ISSN fait partie des codes à barres EAN6.
Photo de groupe, lors de la réunion, à l’ABES le 16 mars 2005, des CR du Sudoc-PS – Centres régionaux du Système universitaire de documentation pour les publications en série.
D’autres systèmes d’identification ou de résolution intègrent l’ISSN dans leurs syntaxes :
- les DOI7 pour les périodiques et les articles utilisent les ISSN comme suffixes ;
- le protocole OpenURL8, qui sert à créer des liens contextuels, inclut l’ISSN dans les métadonnées des ressources électroniques ;
- l’URN9, identifiant unique et permanent des ressources électroniques ;
- le projet ISTC10 de norme ISO, définit la relation entre un ISTC et un ISSN.
Toutes ces fonctions sont opérationnelles et seront progressivement améliorées, sans modifier la structure des ISSN (toujours à 8 chiffres), ni changer les règles d’attribution. La plupart des fonctions sont déjà accessibles sur le portail de l’ISSN, qui vient de remplacer « ISSN Online ».
Pour réaliser toutes ces missions, le réseau de l’ISSN est particulièrement impliqué et actif. Plusieurs centres ISSN coopèrent dans leur bibliothèque nationale au dépôt légal des ressources électroniques dans leur pays, d’autres centres ont établi des accords de partenariat avec de grands éditeurs de périodiques électroniques. Comme on le voit, l’environnement du travail d’identification des périodiques électroniques n’est pas le même dans tous les pays, aussi une attention nouvelle et spécifique aux utilisateurs de l’ISSN est développée. Notamment, nous invitons tout utilisateur de l’ISSN à effectuer des demandes d’attribution d’ISSN pour les périodiques électroniques, qui ne sont pas encore référencées dans le Registre.
En 2006, la nouvelle norme ISO 3297 pour l’ISSN sera probablement publiée. Aujourd’hui, le groupe de révision pour la norme travaille à introduire et à consigner toutes ces fonctions, essentielles et adaptées à l’évolution de l’ISSN, l’identifiant des périodiques électroniques.
Témoignage d’une expérience : le signalement des périodiques électroniques dans le Sudoc au SICD 1 de Grenoble
Depuis janvier 2005, le SICD 1 de Grenoble a décidé de signaler dans le Sudoc une partie de ses abonnements de périodiques électroniques, rejoignant ainsi la dizaine d’établissements qui semblent s’être lancés dans l’aventure.
Il ne nous paraît ni souhaitable, ni possible à long terme, de tout signaler, d’autant que nous n’avons pas les moyens humains de cataloguer puis de maintenir les états de collection électronique de nos 5 200 titres de revues électroniques (chiffre actuel). Nous avons donc décidé de ne signaler que ce qui a vraiment un intérêt pour le réseau, c’est-à-dire les titres les plus recherchés. Concrètement, il s’agit pour l’instant de 130 titres de revues relevant de la mission CADIST (physique), titres pas (ou peu) disponibles en version papier, et qui sont publiés par des éditeurs qui nous autorisent à fournir les articles via le PEB. Nous pouvons déjà dresser un rapide bilan de cette opération. Cela a été l’occasion d’un vrai travail d’équipe entre le service G@el, qui gère nos abonnements électroniques et a dépouillé les contrats passés avec les éditeurs, l’équipe des périodiques imprimés, qui connaît bien nos collections papier et le catalogage des périodiques dans le Sudoc, et le service PEB.
Environ 15 journées de travail ont été nécessaires pour le signalement de ces 130 revues. Reste pour nous à décider d’étendre ou non l’expérience à d’autres revues de physique : l’usage qui sera fait de ces revues via le PEB sera déterminant.
Magali Bergia
SICD1 de Grenoble