Tout a commencé par la mise en place du schéma directeur de modernisation des bibliothèques, longue quête qui a abouti, en fin d’année 1994, à la création de l’ABES à Montpellier.
Une fois l’établissement créé sur le papier, encore fallait‑il qu’il ait une existence concrète, et ce fut chose faite avec la nomination de son directeur, de ses personnels ; des locaux furent loués, des bureaux, chaises, matériels acquis… L’aventure de l’ABES pouvait démarrer. Et s’il fallait décrire cette période, voici en vrac quelques mots‑clés qui peut-être résonnent encore auprès de certains d’entre vous : sunist, centre national du ccn, cncim, peb, peb micro, texto, basis, vm, mvs, earn, bastex, kermit, lasertex, minitel, 3615 sunk, rbccn, pancatalogue, téléthèses, rameau, foudre, docthèses, myriade, telnet…
Nous sommes tous arrivés, avec ces mots plein la tête, mais tout en sachant que l’aventure dans laquelle nous nous engagions allait justement bouleverser cela.
Nous n’étions pas plus d’une vingtaine, mais déjà, dès le départ la composition du personnel de l’ABES répondait à une exigence qui s’est révélée être notre spécificité par la suite : mettre ensemble dans un même établissement des personnels de bibliothèques et des ingénieurs informaticiens, et ceci afin de pouvoir coordonner de la manière la plus efficace qui soit la mise en place d’outils collectifs pour la communauté universitaire.
Il a alors fallu apprendre à jouer avec les mots, les anciens, les nouveaux, longue période d’écriture des spécifications de ce que devait être le futur système par l’analyse des systèmes et des réseaux de bibliothèques existants. La difficulté de la tâche était de continuer à maintenir en parallèle les « anciennes applications » (ccnps, peb, rameau, téléthèses, pancatalogue…) afin que ces services ne soient pas interrompus.
Pendant cette période, des mots ont continué à avoir du sens : rbccn, sibil, oclc, bn‑opale, myriade, docthèses, pebnet…
D’autres sont apparus : su, appel d’offres, pica/bull, migration des applications, reprise des données, déploiement, sites-pilotes, passage à l’an 2000, peb 2000, winibw, webopc, système de pilotage, guide méthodologique, comor…
Mais s’il fallait trouver un adjectif illustrant toute la période de mise en place du système, je parlerais d’effervescence générale. Les réunions avec les bibliothèques, avec Pica/Bull, en interne à l’ABES, avec les fournisseurs de données, les périodes de recettes des systèmes avec des choix pas toujours évidents, comme en juin 1999 quand le système a été rejeté, décision qui a bien évidemment fait prendre beaucoup de retard à la mise en place du projet et qui, également, nous faisait douter par moment de sa faisabilité.
Nous n’avons pu éviter l’interruption temporaire de service pour la consultation des données début 2000. Mais ayant toujours en tête le service au public, nous avons toujours cherché des solutions comme lors de la mise en place de ThèseNet (Docthèses sur le web) ou de Peb 2000 pour pallier l’interruption de Téléthèses et de Peb en ligne.
Et enfin, le 3 avril 2000, le catalogue SU ouvrait ses portes sur le web. À partir de cette date, les événements se sont succédé, expérimentation par les sites‑pilotes, prédéploiement du CCNPS, déploiement des bibliothèques source par source, puis « hors sources », postdéploiement du Peb. Enfin, tous les éléments indispensables à la construction de ce qui fut le SU, le SUD, le SUDoc et enfin le Sudoc aujourd’hui. Et même si maintenant, le « projet Sudoc » en lui-même, tel que défini dans le marché initial est terminé, le système continue à vivre. Il est en continuel mouvement et doit s’adapter aux nouvelles technologies qui ne cessent d’émerger. Après avoir mis en place un système répondant à la demande du plus grand nombre, il doit satisfaire les spécificités de chacun, avec la mise en place d’UNICODE par exemple aujourd’hui, pour permettre le catalogage en écriture originale.
De nouvelles bibliothèques adhèrent et souhaitent adhérer au Sudoc ; le réseau du Sudoc ne cesse de s’élargir. Les projets continuent, de nouveaux apparaissent et cette effervescence, que nous avions envisagée temporaire, ne s’arrête pas.
Notre glossaire continue à s’étoffer avec en premier lieu le portail documentaire du Sudoc mais également, XML, Dublin Core, OAI, les ressources électroniques, l’accès aux documents, le texte intégral… Et comme nous travaillons dans un monde où tous les jours les hommes inventent de nouveaux outils d’information et de communication, notre vocabulaire va continuer à s’enrichir et c’est justement ce qui fait la richesse de ce travail, ici, à l’ABES depuis dix ans maintenant et pour les années à venir.