Interview de David Aymonin, directeur de l’Abes et Marianne Giloux, responsable du département Métadonnées et services aux réseaux de l’Abes, Interview réalisé par Véronique Heurtematte
Arabesques : Quels sont les grands axes de la collaboration entre CollEx-Persée et l’Abes ?
DAVID AYMONIN : à sa création, CollEx-Persée a pu sembler un objet non identifié mais la vraie nouveauté de ce dispositif est apparue rapidement : relier les attentes des chercheurs et le travail des bibliothécaires et permettre la construction de projets concrets élaborés par des binômes chercheurs/bibliothécaires. L’axe principal de la collaboration entre CollEx-Persée et l’Abes s’inscrit dans cette logique. Cela se traduit par diverses actions, comme le projet de valorisation en ligne du patrimoine cartographique des bibliothèques CartoMundi, la fourniture de documents à distance à travers une plateforme collective mais surtout l’acquisition de corpus numériques sous licence nationale, auxquels l’Abes facilite l’accès en fournissant des métadonnées via la base de connaissance BACON ou en mettant en œuvre des opérations de signalement dédiés (cf p. 23)
MARIANNE GILOUX : j’ajouterai également notre participation à de nombreux appels à projets CollEx-Persée pour lesquels nous sommes régulièrement sollicités pour des opérations autour des données (fourniture de notices bibliographiques et d’autorité, enrichissement, alignement d’identifiants...).
Comment s’articule cette collaboration avec les autres grands projets structurants de l’Abes ?
D. A. : c’est sans doute la grande question qui se pose dans tout le secteur de l’information scientifique et technique : comment les différents acteurs articulent-ils leurs actions ? Créé pour remplacer le réseau des Cadist et mieux intégrer les collections numériques au service des chercheurs, CollEx-Persée donne au paysage de l’IST française les moyens d’évoluer, grâce à une gouvernance adéquate et à des moyens d’action financiers et techniques. Cette impulsion induit, comme cela était souhaité dès l’origine, un repositionnement continu de chaque opérateur, processus complexe qui peut entraîner parfois des tensions mais que l’on résout par le dialogue.
M. G. : l’un des points structurants de notre projet d’établissement est le maintien du Sudoc au cœur de l’activité des bibliothèques, l’enrichissement de la qualité de ses données et l’amélioration des liens entre les données. Donc, répondre aux appels à projet de CollEx-Persée en fournissant des notices d’autorité et identifiants de chercheurs de la plateforme IdRef, participer avec le Sudoc-PS à la mise en œuvre des plans de conservation partagée des périodiques ou apporter notre expérience dans l’acquisition de ressources électroniques est tout à fait cohérent avec notre projet d’établissement.
Quelles sont les actions de l’Abes pour la valorisation des collections de CollEx-Persée ?
M. G. : l’Abes est copilote ou participe à plusieurs groupes de travail dédiés au signalement enrichi et à l’acquisition de ressources documentaires utiles aux chercheurs comme le projet de Cartographie des collections de CollEx-Persée (cf p. 12). Notre équipe est aussi très impliquée dans le groupe de travail consacré aux acquisitions de ressources électroniques. Il s’agit de réaliser des achats ciblés de ressources souvent complexes dans leur structure et destinées à un public de spécialistes.
D. A. : la valorisation des collections labellisées se traduit par les nombreuses actions de l’Abes pour optimiser le signalement des ressources. Au-delà de la fourniture et de l’enrichissement de données bibliographiques ou d’autorité déjà évoqués, la synchronisation entre le Sudoc, les logiciels de bibliothèque, les bases de connaissance et les outils de découverte, ou encore l’exposition de nos données dans Google et les autres moteurs de recherche sont des opérations essentielles. Reste la question de l’accès à ces ressources. Personnellement, j’aimerais qu’il y ait une réflexion à l’échelle nationale sur les droits et conditions d’accès aux bibliothèques universitaires et je rêve parfois d’une carte de lecteur unique qui permettrait aux étudiants, aux enseignants, aux chercheurs d’entrer dans n’importe quelle BU et d’y emprunter n’importe quel document de ce que nous pourrions considérer comme la « collection nationale ».
Quelles sont les passerelles entre CollEx-Persée et la science ouverte ?
M. G. : différentes actions menées par l’Abes dans le cadre de CollEx-Persée contribuent à la science ouverte, comme par exemple le projet de diffusion nationale des thèses numérisées. Nous observons aussi que des laboratoires qui ont découvert les activités de l’Abes dans le cadre des appels à projets CollEx continuent ensuite de nous solliciter, nous plaçant ainsi au cœur de la science ouverte.
D. A. : les activités de CollEx-Persée qui consistent à acquérir, numériser, valoriser des collections nécessitent d’élaborer des métadonnées très fines pour exploiter ces ressources dans la logique de la science ouverte. Ainsi, le recours à l’identifiant pivot IdRef sert concrètement à la valorisation des chercheurs et de leurs productions en garantissant l’interopérabilité avec les systèmes d’identification nationaux (ScanR) et internationaux (ISNI, ORCID, VIAF, ORCID, Wikidata...). Créées collectivement grâce au savoir-faire des bibliothèques de l’ESR, ces données d’une valeur inestimable facilitent l’accès aux ressources documentaires, accompagnant ainsi le grand virage de la science ouverte.
