Pour qui se souvient de la « préhistoire » de l’informatique documentaire, le dixième anniversaire de l’Agence bibliographique de l’enseignement supérieur prend un relief tout particulier. En effet, cette dernière décennie a été celle du développement et, pour une part, de l’aboutissement de grandes espérances nées il y a une trentaine d’années, pour la gestion des bibliothèques et de la documentation.
Cette « préhistoire » fut longue, semée d’expériences diverses, jalonnée d’échecs et de succès, alternant l’enthousiasme et les déceptions. Elle fut à l’image d’un organisme en train de naître.
Évolution qualification et coopération
Mais c’est bien la naissance de l’ABES qui a permis de préciser et d’accélérer un processus inéluctable : celui de la modernisation de la bibliothéconomie. L’ABES a su assurer sa mission et réaliser la convergence de deux courants : ceux de l’évolution technique et de la nécessaire coopération des établissements. Maîtriser les technologies d’accès aux connaissances et fédérer les objectifs, les savoir‑faire des professionnels, c’est ce que l’ABES, grâce à son potentiel, a su réaliser. Le premier aboutissement de son travail a pris pour tous un tour très concret au printemps 2001, lorsque les premières bibliothèques « déployées » dans le Système universitaire de documentation ont envoyé se former à Montpellier l’avant garde des futurs utilisateurs de WinIBW. Les différentes sources (BNF, OCLC, SIBIL…et les autres) ont pu confluer vers le Sudoc ; et ce passage, remarquablement préparé par l’ABES, s’est opéré sans heurt et dans l’enthousiasme, confortant le professionnalisme des équipes au niveau local.
Depuis lors, comme le manifestent chaque année les Journées réseaux de Montpellier, l’équipe de l’ABES renvoie l’image heureuse de l’addition réussie d’une haute qualification technique et d’un enthousiasme permanent.
Le dialogue qui s’est instauré entre l’ABES et les utilisateurs fédérés au sein de l’AURA a toujours été sincère et ouvert. Chacun a, désormais, trouvé sa place dans les échanges. Et l’on peut dire que la mise en œuvre et la montée en charge du Sudoc ont constitué, de ce point de vue, un test dont le résultat est positif. Le Sudoc continue à prospérer. Il s’enrichit chaque jour grâce à l’assiduité et à la qualité du travail des catalogueurs, grâce également à la parfaite maîtrise qu’en ont les équipes de l’ABES. Les perspectives sont donc excellentes et nombreux sont les organismes et établissements divers qui « veulent en être ». On ne mesure pas encore l’incidence très prometteuse de l’afflux de cette diversité pour le réseau documentaire national, pour sa lisibilité, et pour son organisation à venir.
Autres projets
Mais d’autres projets arrivent à maturité et la mise en œuvre du portail, notamment, constitue une avancée complémentaire vers l’optimisation de l’accès à la documentation.
« L’avenir est inévitable », disait un artiste du livre aujourd’hui disparu. C’est pourquoi il semble nécessaire, pour l’ABES comme pour l’ensemble de la profession, de conforter les avancées, de les faire évoluer, d’explorer des contrées voisines.
Deux axes de réflexion et d’« exploration » me semblent devoir être ouverts : celui de l’évolution de la documentation électronique et celui des relations avec d’autres partenaires, et notamment avec COUPERIN ; ils doivent s’articuler dans une complémentarité efficace.
Mais il faut également songer aux dimensions du monde dans lequel nous vivons. Ne serait‑il pas souhaitable d’envisager de faire rayonner le Sudoc sur l’immensité et la variété des territoires de la francophonie ? Il s’agit là d’un challenge qui concerne l’ensemble de notre potentiel documentaire national, dont nous avons toutes les raisons d’être fiers.
Dix ans : c’est l’âge de raison. C’est aussi l’âge des promesses. Avec l’ABES, sachons ensemble relever les défis documentaires qui nous attendent, afin de répondre toujours mieux et toujours davantage aux missions qui sont les nôtres.
L’AURA
Association, créée en janvier 2002, des établissements utilisateurs de l’Agence bibliographique de l’enseignement supérieur, l’AURA a son siège à l’AMUE – Agence de mutualisation des universités et établissements.
Nommé, en mai 2004, membre du conseil d’administration de l’ABES, Georges Perrin est président de l’AURA depuis 2002.