Parmi les bibliothèques de la plus grande université du secteur « Lettres - Sciences humaines et sociales » au nord de Paris, nombreuses sont celles dont les fonds traitent, en totalité ou en partie, de langue et de littérature. Nous nous intéresserons plus particulièrement ici aux acquisitions en langue et littérature anglo‑américaines qui constituent un pôle fort du SCD de Lille‑III, université qui compte environ 22 000 étudiants… et enseigne 22 langues.
Dès 53, à la BA…
Ces acquisitions, au niveau du SCD, sont réparties entre le secteur langue et littérature anglo‑américaines de la bibliothèque universitaire centrale (BUC), et la bibliothèque Angellier (BA), bibliothèque de l’UFR Angellier – Langue, littérature et civilisation des pays anglophones. La BUC est une ancienne bibliothèque dont les collections remontent au XIXe siècle. Ses collections de langues et littératures sont riches, en particulier dans le domaine anglo-américain qui constitue l’un de ses pôles d’excellence. Elle bénéficie depuis quelques années, de la part du service de dépôt légal de la BNF, de dons d’ouvrages de littérature anglo‑américaine. La bibliothèque Angellier créée en 1953, est de son côté une structure très active qui possède environ 40 000 volumes. Elle vise un public large et nombreux. Plus de 1 600 étudiants de Lille-III sont inscrits à l’UFR Angellier pour des cursus fondamentaux, chiffre auquel il faut ajouter les inscrits en cursus optionnels. L’UFR compte par ailleurs une bonne cinquantaine d’enseignants. Toutes les nouvelles acquisitions de la BA, depuis 2002, sont localisées et visibles dans le Sudoc via le service de catalogage centralisé mis en place à la BUC. C’est aussi le cas d’une partie de ses fonds antérieurs puisque, dès 1997, la BUC a initié une politique de catalogage rétrospectif des fonds des bibliothèques de composantes de Lille‑III. Grâce ensuite aux opérations de conversion par ISBN, puis de remontées des exemplaires dans le Sudoc menées par la BUC pour l’ensemble des bibliothèques du SCD en collaboration avec l’ABES, la BA est aujourd’hui localisée dans le Sudoc pour près de 7 000 volumes. Cette visibilité, même encore partielle, des collections de la BA a d’ores et déjà permis d’augmenter le nombre de demandes de prêt entre bibliothèques, effectuées via la BUC, auprès de cette bibliothèque – demandes auxquelles elle accède volontiers.
Grand écart
Comme dans bien d’autres établissements et disciplines, la BUC et la BA doivent se livrer à l’exercice périlleux de résoudre la quadrature du cercle, tout en faisant le grand écart si possible… : offrir en quantité suffisante aux étudiants des premières années tous les manuels et textes dont ils ont besoin, permettre aux étudiants préparant les concours de disposer d’un maximum de documentation nouvelle dans des délais très courts, fournir à la recherche tous les outils qui lui sont indispensables et tenter de maintenir une cohérence dans les collections...Tout cela, bien sûr, avec des crédits en baisse constante : 9 000 euros à la BUC pour les acquisitions de monographies en langue et littérature anglo‑américaines et 12 000 euros à la BA pour les langue, littérature et civilisation anglo‑américaines, monographies et périodiques, imprimés et autres supports. Il est clair que dans ces conditions, une politique de concertation et de coopération pleine et entière entre la BUC et la BA n’est pas un luxe mais une nécessité vitale. Compte tenu de toutes ces contraintes, les axes prioritaires d’acquisitions que se sont fixées d’un commun accord la BUC et la BA pour la recherche sont les suivants :
- la langue et la littérature irlandaises ; l’UFR abrite en effet un centre de recherches très dynamique, l’EA 2454 CERIUL (Centre d’études et de recherche irlandaises de l’université de Lille-III) ; ce centre possède sa propre bibliothèque dont les fonds, gérés par la BA, sont depuis octobre 2003 catalogués eux aussi dans le Sudoc ;
- la littérature anglaise et américaine contemporaine des 20 dernières années ;
- la littérature victorienne ; en effet, durant de nombreuses années, le CEV (Centre d’études victoriennes) a été un centre de recherche particulièrement actif, dirigé par un enseignant très soucieux de la documentation et qui a aidé le SCD à se constituer un fonds riche et complet de sources dont il serait vraiment regrettable de perdre la cohérence ;
- le maintien de la cohérence de grandes collections, à condition que les crédits le permettent…
Par ailleurs, la BA fait un effort particulier depuis quelques années pour axer une partie de ses acquisitions sur l’enseignement précoce des langues (achats de méthodes de langue spécifiques à l’enseignement précoce des langues et d’ouvrages de littérature de jeunesse, des plus petits aux adolescents), fonds constitué en rapport avec l’option « Enseignement précoce des langues – anglais » assurée conjointement avec l’UFR de psychologie et pour lequel elle est, la plupart du temps, la seule bibliothèque localisée dans le Sudoc. Dans une période où les contraintes économiques obligent à des choix drastiques, on ne saurait trop redire l’intérêt d’un catalogue collectif comme le Sudoc. Toutefois, pour qu’il puisse offrir un service totalement fiable, il est indispensable qu’il rende compte de la totalité des richesses documentaires des campus. En d’autres termes, il est nécessaire que se poursuive la politique de « rétroconversion » en direction des services communs de documentation – bibliothèques universitaires et bibliothèques de composantes. Et d’autre part, mais les solutions techniques sont pour ainsi dire déjà là, il faut aussi parvenir à une bonne prise en compte des fonds en caractères non latins, nombreux sur notre campus – hébreu, arabe, persan, russe, chinois, japonais, etc.