Plan

Texte

La bibliothèque universitaire de lettres de Nancy fut construite en 1964‑65, à la suite de la nouvelle faculté des lettres qui, pour accueillir ses 4 000 étudiants, avait dû quitter les locaux devenus insuffisants du centre‑ville et s’était installée sur un domaine de 5 hectares. Construite sur deux niveaux, selon les instructions ministérielles de l’époque, elle occupait 5 000 m2 et offrait 650 places.

Des enseignants

Les collections de sciences humaines, extraites de la bibliothèque universitaire centrale qui regroupait à l’origine toutes les disciplines (sauf la médecine), se sont rapidement enrichies, particulièrement dans le domaine historique, sans doute grâce à la fréquentation assidue et stimulante des enseignants historiens qui contribuaient par leurs demandes à l’accroissement de leur discipline. L’enseignement de l’histoire était d’ailleurs une longue tradition à l’Université de Nancy, pas seulement en histoire médiévale, où s’est illustré André Deléage1, un élève de Marc Bloch. En 1884 avait été créée la chaire d’histoire de l’Est de la France qui a toujours un rayonnement fort. Ceci a nécessairement influencé les collections de la bibliothèque. De F. Braesch à Christian Pfister, d’André Gain à Robert Parisot, plus près de nous de Jean Schneider à René Taveneaux, le catalogue des auteurs recense environ 21 000 titres en histoire ; 171 collections sont toujours régulièrement suivies ; 108 périodiques vivants sont consacrés à l’histoire, 109 autres, morts et conservés en magasin, sont toujours utilisés. Le fonds comporte aussi, outre la grande majorité des ouvrages historiques sur la Lorraine, la collection des tirés à part de Charles‑Edmond Perrin, membre de l’Institut, déposée par Jean Schneider, doyen de la faculté des lettres lors de sa construction.

Des enchères

Depuis 1965, la bibliothèque universitaire conserve aussi tous les mémoires de maîtrise soutenus sur l’histoire locale à différentes périodes.

Récemment, plus d’une centaine de volumes des XVIIe et XVIIIe siècles, faisant partie de la bibliothèque de René Taveneaux dispersée aux enchères, a pu être acquise avec l’aide de la Région et reste comme un témoignage de l’œuvre de ce grand spécialiste de l’histoire religieuse.

Ces collections sont complétées et renforcées par celles de l’Institut d’études lorraines ainsi que celles de l’Institut de paléographie et diplomatique.

En 1996, une extension de la bibliothèque universitaire, prévue dès l’origine, mais jamais financée, a enfin permis de donner au bâtiment 2 200 m2 supplémentaires avec 300 places nouvelles.

Des enjeux

Le service commun de la documentation de l’université Nancy‑II est entré dans le Système universitaire de documentation en octobre 2001.

En 2004, c’est l’installation d’un nouveau système informatisé de gestion de bibliothèque (SIGB Horizon Sunrise), sur tous les sites documentaires de l’université Nancy-II, qui est attendue – avec impatience ce printemps – et représentera un progrès considérable.

Les historiens de l’université Nancy-II ont toujours porté une attention particulière à la documentation, ce qui a permis à la bibliothèque universitaire de constituer un fonds historique homogène et, surtout, de l’alimenter de manière intelligente.

Et, pour finir sur l’un d’entre eux : la communauté des enseignants-chercheurs historiens a eu la joie de fêter, tout récemment, le centenaire de son chef de file, le Doyen Jean Schneider.

Les cartulaires de l’UMR

Sis au bâtiment principal du campus de lettres et sciences humaines, fondé vers 1965 par le Doyen Jean Schneider et dirigé successivement après lui par R. Fossier, Ph. Contamine et M. Bur, l’Institut de paléographie et diplomatique est un centre d’études spécialisé dans les sources de l’histoire du Moyen Âge. Son fonds rassemble 3 500 volumes, essentiellement des publications de documents et des ouvrages de sciences auxiliaires.

Si les collections couvrent l’ensemble du champ médiéval, leurs points forts se situent du côté des ouvrages étrangers, notamment allemands (une collection complète des Monumenta Germaniae historica avec les volumes possédés par la bibliothèque universitaire de lettres) et du côté des éditions d’actes, puisque l’Institut possède la plus riche série (environ 600) de cartulaires français détenue par une université française. Au sein d’un ensemble où dominent les livres antérieurs à 1900, quelques pièces rares se détachent, ainsi une Histoire de la Lorraine de Dom Calmet en trois volumes in–folio (1728) ou encore l’édition italienne (1789) du De re diplomatica de Dom Jean Mabillon. Abonné à des revues rares (Archiv für Diplomatik, Studi gregoriani), le centre comprend également de nombreux fac-similés de manuscrits médiévaux, des planches rares et coûteuses de la chalcographie du Louvre et aussi les tirés à part du grand médiéviste Robert Favier, professeur à la Sorbonne. Le fonds s’accroît régulièrement grâce à des dons et des achats – environ 60 à 70 volumes chaque année. Sa gestion est assurée par le service des bibliothèques d’UFR de l’université Nancy‑II.

L’Institut de paléographie est un des fondements de l’unité mixte de recherche « Moyen Âge » de l’université et du CNRS – UMR 7002. Accueillant de nombreux doctorants, il est fréquenté par tous les médiévistes lorrains et a rendu d’utiles services, dans leurs travaux, à maints savants français ou étrangers.
Patrick Corbet
Professeur d’histoire du Moyen Âge, responsable de l’Institut de paléographie et diplomatique UFR Sciences historiques et géographiques, université Nancy-II.

 

Jansénisme en Lorraine

La bibliothèque de l’Institut d’études lorraines compte environ 10 000 ouvrages et une dizaine de revues actives, obtenues par échange avec la revue « Les Annales de l’Est » ; il s’agit de revues régionales comme Lotharingia ou de publications plus locales comme Les Cahiers Naboriens. Cette bibliothèque, qui se caractérise par l’importance de ses fonds anciens (livres, manuscrits...), a été créée par les fondateurs de l’Institut dans les années 1930 et très enrichie par le professeur René Taveneaux. Celui-ci a acquis également de nombreux textes d’histoire religieuse, particulièrement intéressants pour l’histoire du jansénisme. C’est ainsi que cette bibliothèque possède les œuvres de Dom Calmet, des traités politiques des XVIIe et XVIIIe siècles, des coutumes...Elle est riche aussi de documents très divers : les notes sur l’histoire du jansénisme prises par un professeur de Bar‑le‑Duc, des brochures de pèlerinage du milieu du XXe siècle, des tirés à part... Certains de ces volumes sont uniques et c’est pour cette raison que la bibliothèque collabora avec l’Académie Stanislas à la publication de la thèse de M. Hatton – la bibliothèque possédant un exemplaire ronéotypé complet qui est progressivement ressaisi pour publication. Les achats sont réguliers et la bibliothèque s’enrichit sans cesse.

Son classement fait apparaître quatre axes.

1. Histoire générale de la Lorraine. Après les ouvrages généraux, on suit un classement par ordre chronologique.
2. Histoire des quatre départements. Chaque section s’ouvre sur les études départementales puis les volumes sont regroupés par localité.
3. Histoire thématique avec des rubriques comme l’histoire des sciences, le folklore, l’histoire religieuse – section particulièrement importante.
4. Les mémoires de maîtrise ayant trait à l’histoire lorraine et plus particulièrement à la période « moderne ».

La bibliothèque de l’Institut d’études lorraines est ouverte aux étudiants d’histoire mais également à toutes les personnes fréquentant l’université. Les enseignants des différentes sections d’histoire y ont recours en permanence, la souplesse d’utilisation leur permettant de consulter des documents rares ou difficiles d’emprunt. La bibliothèque souffre d’être située dans une salle de cours, ce qui limite les possibilités d’ouverture. Elle demeure un des fonds les plus riches sur l’histoire de notre région.
Philippe Martin
Enseignant à l’université Nancy-II, responsable de l’Institut d’études lorraines.

Notes

1 André Deléage, résistant passionné pendant ses années d’enseignement à Nancy entre 41 et 44, fut tué lors d’une reconnaissance sur un poste avancé à la frontière germano-luxembourgeoise ; il s’était opposé à ce qu’un jeune camarade se chargeât de cette besogne dans la nuit de Noël 1944. Retour au texte

Citer cet article

Référence papier

Francine Heddesheimer et Jean-Noël Gérard, « Des enseignants dans l’histoire », Arabesques, 33 | 2004, 5-6.

Référence électronique

Francine Heddesheimer et Jean-Noël Gérard, « Des enseignants dans l’histoire », Arabesques [En ligne], 33 | 2004, mis en ligne le 30 août 2023, consulté le 18 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=3632

Auteurs

Francine Heddesheimer

Directrice du service commun de la documentation de l'Université de Nancy-II

Autres ressources du même auteur

  • IDREF

Jean-Noël Gérard

Service commun de la documentation de l’université Nancy-II

Autres ressources du même auteur

  • IDREF

Droits d'auteur

CC BY-ND 2.0