Une enquête du Collège « Données de la recherche » du CoSo sur le lien entre démarches de recherches participatives et gestion des données a donné lieu à 15 recommandations dont certaines concernent directement les bibliothèques.
Le Collège « Données de la recherche »1 du Comité pour la Science Ouverte (CoSo) contribue au deuxième axe du Plan national pour la science ouverte2 autour de la structuration, du partage et de l’ouverture des données de la recherche. Devant l’attrait croissant, dans toutes les disciplines, des projets de recherches participatives portés notamment par de récents appels à projets nationaux, le Collège a souhaité réaliser une enquête3 sur les pratiques de gestion et d’ouverture des données produites dans ce cadre, et notamment sur la qualité des données et métadonnées obtenues. Pilotée par Kenneth Maussang (université de Montpellier), cette enquête nationale a collecté 359 réponses de novembre 2021 à janvier 2022, complétées par une dizaine d’entretiens de porteurs de projets et de services de soutien aux chercheurs dédiés. Elle a fait l’objet d’un important document de synthèse proposant enjeux et recommandations issues d’exemples concrets de projets de recherches participatives. Les cibles de ce questionnaire étaient constituées de tous les acteurs du processus de recherche potentiellement impliqués, y compris le secteur associatif et le secteur privé (innovation ouverte, recherche partenariale)4.
Globalement, les répondants ont déclaré que les démarches de recherches participatives apportent des bénéfices sur leurs données tels que l’augmentation de la quantité de données, un plus large panel géographique et sociologique ainsi qu’une plus large variété des conditions expérimentales.
Cette enquête a également souligné la place stratégique des services d’accompagnement à la recherche. Les bibliothèques ont là aussi un rôle important à jouer, dans la lignée du développement des services à la recherche, notamment en matière de stratégie de qualité des données et métadonnées, de plans de gestion de données, voire de protocole d’interopérabilité et d’outils numériques. Par ces projets participatifs, elles sont amenées à toucher un large milieu, y compris non-académique, ce qui amène à repenser les logiques traditionnelles de partenariat avec les chercheurs. Plusieurs des 15 recommandations émises par le groupe de travail intéressent directement les bibliothèques et contribuent à les positionner en actrices d’un projet de recherches participatives :
- l’élaboration d’un plan de gestion de données : son usage se révèle déterminant, afin de clarifier et anticiper les spécificités associées à la production ou l’analyse de données par des non-scientifiques. Il montre son utilité dès la phase de conception du projet, qui est plus importante encore que pour un projet classique.
- la définition d’une politique des données : celle-ci ne se substitue pas au plan de gestion de données mais a pour objectif d’informer le participant non-scientifique à l’aide d’un document plus accessible qu’un plan de gestion de données.
- l’accompagnement et la formation des participants, particulièrement non-scientifiques, aux problématiques des données et métadonnées (qualité, norme standard), afin qu’ils puissent contribuer efficacement aux tâches qui leurs sont attribuées et ainsi favoriser le succès du projet.
En continuité avec leurs missions traditionnelles, les bibliothèques facilitent également dans le cadre des recherches participatives l’accès à un savoir académique pour un public non-scientifique.
Pour l’heure, à la lumière des réponses de l’enquête, force est de constater que seul un tiers des projets a mis en œuvre un plan de gestion de données, la moitié a défini une stratégie préalable afin d’assurer la qualité des données et moins d’un tiers a assuré le processus qualité des métadonnées. De quoi interroger toujours plus en avant la relation du bibliothécaire et du chercheur, et de repositionner les services documentaires au cœur des démarches avec et pour la société.
