Une passion dévorante

Sciences et Sudoc à Limoges

DOI : 10.35562/arabesques.3880

p. 13-14

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La bibliothèque des sciences de l’Université de Limoges avait toujours rêvé de dévoiler ses secrets dans un des superbes feuillets d’Arabesques pour une raison très simple : elle fait partie du premier fan-club qui avait été créé dès le premier numéro afin de vouer au sein d’une association unique un même culte à la prestigieuse série télévisée éponyme et au fruit des amours passionnelles entre les bibliothèques universitaires et l’ABES. Au premier instant d’émoi succède malgré tout une légère perplexité sur la légitimité à revendiquer quelque spécificité : les bibliothèques scientifiques ne sont-elles pas désormais vouées à se ressembler, partageant les mêmes réalités et projets avec un agréable sentiment d’empathie et de réconfort ?

Certes, ici l’université est récente (1968), le nombre d’étudiants à l’UFR des sciences et techniques réduit (à peu près 4 000 avec les deux écoles d’ingénieurs), la documentation sur papier peu volumineuse avec 22 000 ouvrages (c’est vrai que l’on passe son temps à jeter !), 140 abonnements à des titres de revues (mais à quoi bon multiplier le papier puisque le nombre de revues en ligne semble ne vouloir jamais décroître, 3 400 aujourd’hui), une centaine de vidéos et un millier de thèses (mais qui s’arrachent à prix d’or via le prêt inter) mais dorénavant, qu’est-ce qui nous distingue fondamentalement des autres bibliothèques scientifiques ?

La participation au consortium Couperin semble homogénéiser les corpus de revues électroniques disponibles. Comme beaucoup, nous avons décrété la chasse aux cédéroms qui sont désormais en voie d’extinction ; les bases scientifiques se consultent en ligne, si possible via des interfaces « intégratrices », avec des liens vers le plein texte en attendant d’y adjoindre des mécanismes d’accès transversaux entre les divers outils (style SFX). Les Chemical Abstracts en ligne remportent également un succès indéniable.

Comme partout, priorité a été donnée à l’intégration dans le catalogue des fonds des bibliothèques associées, en l'occurrence, celles des deux écoles d’ingénieurs, l’ENSIL (École nationale supérieure d’ingénieurs de Limoges) et l’ENSCI (École nationale supérieure de céramique industrielle) ainsi que l’antenne de l’IUT à Brive et à la mutualisation des acquisitions avec les bibliothèques de recherche.

Au bout du compte, la spécificité se maintiendrait plutôt au niveau des monographies en fonction de la demande, en progression constante pour les STAPS (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) par exemple, mais aussi des domaines de recherche de l’université ; acquisition quasi systématique, grâce en partie à une subvention du CNL (Centre national du livre), d’ouvrages français en électronique, sciences des matériaux, biologie et sciences de l’eau.

Désormais, l’accent a été mis sur la formation : première année de DEUG avec participation de la bibliothèque au PPP (projet personnel et professionnel), maîtrise et DEA (diplôme d’études approfondies) pour les ressources en ligne, thèses enfin avec la formation à l’utilisation de la feuille de style pour la diffusion en ligne dans le cadre du projet national « Thèses en ligne ».

Et le Sudoc dans tout ça ?

Qu’ajouter de neuf : c’est un outil extraordinaire que tout un chacun vénère et qui, avouons le franchement, fonctionne fort bien.

Côté usager, le plébiscite est unanime, à tel point que sous la pression, il a bien fallu remplacer les bornes OPAC de la bibliothèque par des bornes OPAC ET Sudoc ! Quelques grincheux réclament bien encore après Docthèses ou quelque autre vieillerie mais ils ont vite fait d’être convertis par notre nouveau robot tout en un. Dommage que le (relatif) enclavement de notre région ne permette pas aux usagers non encore financés par les laboratoires de profiter de toutes les merveilles offertes pour ainsi dire à portée de main. Heureusement, pour les thèses les microfiches subsistent en attendant les textes en ligne et pour les revues les portails locaux prennent le relais.

Ce succès se vérifie immanquablement lors des formations aux ressources disponibles en ligne dont le Sudoc est la pierre d’angle.

Côté acteur, mille raisons également de se réjouir ; la base d’appui est un trésor : (presque) fini l’effroi du catalogueur scientifique face à l’absence de notice nationale pour le dernier ouvrage sur Excel…

Le travail peut s’effectuer dans un environnement convivial grâce à la liste de diffusion et les mises à jour pimentent le quotidien en l’empêchant de sombrer dans la routine.

Enfin depuis le début de l’année, le nouveau système de bonification permet d’avantageusement favoriser les sujets doués de créativité en pénalisant justement les petits accès d’indolence qui incitent à ranger temporairement l’ouvrage dont la notice n’existe pas encore sur une étagère prévue à cet effet dans l’attente de jours meilleurs…

Côté prêt entre bibliothèques, le Supeb ne démérite pas même si la portée s’en trouve réduite en sciences par le recours systématique à l’INIST (Institut national pour l’information scientifique et technique) pour les demandes de photocopies d’articles ; cette solution permet en effet d’obtenir un compte unique et limite la multiplication de petites factures, cauchemar de l’agent comptable et des gestionnaires de comptes en local. D’autant que les tarifs (frais de gestion en sus) ne sont pas particulièrement concurrentiels…

Des attentes

Bien sûr, nous en avons toujours : par exemple, il est dommage que le passage de toutes les bibliothèques universitaires dans le Sudoc n’ait pas été l’occasion de réfléchir collectivement à l’articulation entre les deux types de catalogues, national et local. Des choix différents ont été effectués au niveau des données d’exemplaire, ce qui ne se justifiait peut-être pas : quel intérêt y a-t-il à conserver le numéro d’inventaire, la cote (si ce n’est pour vérifier qu’aucune bibliothèque en France n’attribue le même indice à un ouvrage donné !) au niveau national ?

Des décisions communes auraient pu être prises si des certitudes avaient pu être énoncées au niveau d’une future remontée des données locales. Par ailleurs, pour en revenir au domaine des sciences et avec la suprématie croissante de la documentation électronique, pourquoi ne pas permettre à une bibliothèque qui le souhaite de pouvoir pointer directement sur son propre catalogue de périodiques papier au niveau du Sudoc – il peut s’avérer en effet légitime de s’interroger sur la nécessité de maintenir parallèlement des états de collection aux niveaux national et local lorsqu’il n’y a pas de transaction informatisée sur les documents ?

Et puis bien sûr, dans le cadre de nos multiples projets, nous gardons un œil sur tous les développements concernant l’accès au texte intégral (c’est avec une joie secrète que nous observons le déchargement sans bourse délier de champs « enrichis » 856, mêlée cependant de quelque stupeur au regard de l’hétérogénéité de leur contenu), la participation au projet de signalement partagé des ressources électronique gratuites (signets), l’articulation future avec nos « portails » documentaires locaux, l’archivage du texte intégral de l’ensemble des revues auxquelles en France nous sommes abonnés en ligne, l’intégration automatique des métadonnées issues des thèses électroniques au moment de leur catalogage avec WinIBW et maintes activités à venir tant le Sudoc et par extension l’ABES nous semblent désormais à la fois comme un collègue proche mais aussi une sorte de démiurge des bibliothèques universitaires dont on peut tout attendre...

References

Bibliographical reference

Jean-Pierre Jacquet and Thierry Samain, « Une passion dévorante », Arabesques, 29 | 2003, 13-14.

Electronic reference

Jean-Pierre Jacquet and Thierry Samain, « Une passion dévorante », Arabesques [Online], 29 | 2003, Online since 19 janvier 2024, connection on 19 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=3880

Authors

Jean-Pierre Jacquet

Directeur du SCD de l'université de Limoges

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Thierry Samain

SCD de l'université de Limoges

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