L’Open Access des débuts est né d’une observation rationnelle du monde réel transformé par l’irruption d’internet, qui a permis d’élaborer les concepts et les modèles évoluant ensuite pour devenir ceux de la Science ouverte.
C’est grâce notamment aux « articles séminaux »1 de Stevan Harnad – dont le très fameux « Subversive proposal » de 1994 et « Cielographie scientifique» de 2002 – et de Jean-Claude Guédon – « À l’ombre d’Oldenburg » de 2001 – que toute une communauté humaine de savants et de bibliothécaires s’est mise à pousser les murs !
Le militantisme a beaucoup joué dans l’affaire, stimulé prosaïquement par la serial pricing crisis2, elle-même amplifiée par les big deals, ces accords conclus entre bibliothèques et/ou consortia et éditeurs pour permettre l'accès à des "bouquets" de revues en nombre important – mais avec des coûts à l'avenant.
Vingt ans plus tard, la Science ouverte est devenue possible et désirable grâce aux évolutions technologiques et aux compétences acquises par les communautés, mais aussi grâce à l’idéal de liberté, de partage et de responsabilité maintenu intact par des chercheurs et des bibliothécaires impliqués à tous les niveaux du système universitaire mondial.
Moins d’un an après le lancement du Plan national pour la science ouverte, il nous a paru opportun de consacrer un numéro entier d’Arabesques à ces questions. Les principes et les actions politiques en sont détaillés par Marin Dacos dans son article. L’action de terrain nous est relatée par nos collègues, nombreux et motivés, qui montrent à quel point les bibliothèques s’engagent, et comme il est difficile mais aussi gratifiant de participer à ce mouvement, en prenant tout d’abord contact avec « l’extérieur », pour identifier les acteurs dans les laboratoires et les instances de gouvernance, puis pour identifier leurs besoins et dès lors FAIRE ce qui est nécessaire et adéquat.
Ces témoignages doivent encourager chaque professionnel de l’IST à trouver la voie originale et unique, souvent tortueuse, qui le mènera dans son établissement à contribuer à une science plus ouverte, pour le bien des chercheurs mais aussi de toute la société. La diversité et l’étendue de la tâche peuvent freiner les ardeurs des plus intrépides, mais c’est à ce moment qu’il faut réaliser quel est l’apport essentiel de chacun-e à sa communauté.
En prenant en charge la création de métadonnées ouvertes concernant les auteurs, les affiliations et les publications, et en participant à la conservation numérique de ces dernières, notre métier sert à rendre visibles, trouvables et pérennes les productions scientifiques de nos établissements. Assurant ainsi la fonction essentielle définie par Lorcan Dempsey dans son modèle de l’inside-out library 3.
Noble mission n’est-ce pas ?