La bibliothèque de Sorbonne Université a investi le champ de la science ouverte, à la fois à travers l'activité du département Publications & Open Access et, pour l’analyse de la production des chercheurs, par la mission Bibliométrie1.

La bibliothèque de Sorbonne Université (BSU) est fortement impliquée dans la mise en œuvre des engagements de l’université en faveur de la science ouverte. Progressivement structuré à partir du 1^er janvier  2018, le département Publications & Open Access (POA) du SCD joue désormais un rôle crucial : considéré par la gouvernance comme un opérateur essentiel des projets et services liés à la science ouverte, le SCD est actuellement impliqué dans le travail d’un groupe de réflexion sur le libre-accès, réuni à un rythme soutenu depuis l’automne 2018 et rassemblant des acteurs représentatifs de la communauté scientifique de Sorbonne Université. Mis en place par la Vice-présidente Recherche, Innovation et Science ouverte, il travaille à la formalisation d’une politique du libre-accès au sein de Sorbonne Université.

L’articulation entre science ouverte et bibliométrie, tenants d’une même politique de soutien aux chercheurs tout au long du processus de publication, se renforce à mesure que se formalise l’engagement de Sorbonne Université en faveur de la science ouverte et qu’émerge la nécessité de se doter d’outils de pilotage et d’évaluation de cette politique.

La formation au cœur du dispositif

Afin de préparer les chercheurs des trois facultés aux évolutions institutionnelles à venir du fait de l’implémentation du Plan national pour la science ouverte, ou du Plan S au niveau européen, le département Publications & Open Access axe désormais ses actions sur la formation. Pour ce faire, des contenus et formats participatifs sont élaborés, en partenariat avec le département Formation & Innovation pédagogique.

Un important travail de formation des jeunes chercheurs aux enjeux de la science ouverte est mené, pour leur permettre de maîtriser les outils mais aussi d’intégrer les pratiques liées à l’Open Access dans le cadre de leurs activités de recherche et de publication. Représentant plus de 4000 doctorants à Sorbonne Université, les jeunes chercheurs sont une cible particulièrement importante, car si les « bonnes pratiques » de publication sont acquises dès le début d’une carrière, la visibilité et la diffusion des travaux, nécessaires tant au niveau individuel qu’institutionnel, n’en seront que facilitées. Ainsi, la formation doctorale proposée par la BSU intègre la programmation d’un séminaire dédié à l’éthique scientifique, organisé deux fois par an en collaboration avec l’Institut de formation doctorale (IFD) de Sorbonne Université, mettant particulièrement en avant les questions liées à la science ouverte et à l’Open Access. En outre, à la rentrée 2018, un cycle de formation doctorale intégralement dédié à la science ouverte a été lancé. Porté par le département Publications & Open Access, Il se compose d’un séminaire introductif et de deux ateliers, l’un consacré à l’Open Access et l’autre à l’Open Data. Il a rencontré un succès immédiat auprès des doctorants, et se décline dorénavant en plusieurs sessions annuelles. En 2018, plus de 160 doctorants ont ainsi été formés aux questions relatives à la science ouverte, ainsi que près de 300 étudiants en licence et master. Certaines écoles doctorales, notamment en médecine, ont d’ores et déjà fait part de leur souhait d’intégrer également ces formations à leur offre.

Au-delà de l’offre dédiée aux doctorants, le département travaille actuellement à l’élaboration d’un catalogue de formations dédiées aux chercheurs embrassant l’ensemble des thématiques liées à la science ouverte, telles que celles de l’identité numérique du chercheur, des enjeux des données de la recherche, ou encore des ateliers pratiques pour l’utilisation des outils liés à l’Open Access. D’ores et déjà, le département propose un accompagnement et des interventions « à la carte » auprès des équipes de recherche : il peut s’agir, pour citer des exemples récents, d’une formation individuelle d’une heure pour accompagner une chercheuse en chimie de la matière condensée dans la gestion des collections de son laboratoire dans HAL, d’une présentation collective de l’archive ouverte pour une équipe d’épidémiologistes, ou encore d’un atelier de dépôt dans HAL pour des chercheurs en littérature anglophone. Quel que soit le public ciblé, une attention toute particulière est portée au format.

Enfin, la formation interne des agents de la BSU intègre désormais un module sur la science ouverte : dispensée à tous les nouveaux arrivants depuis la rentrée 2018, elle est aussi régulièrement proposée à toutes les personnes qui le souhaitent, pour permettre une meilleure information du public. Plus de 250 personnes issues de la communauté académique ont aussi été sensibilisées aux enjeux de la science ouverte lors des événements organisés par la BSU dans le cadre de l’Open Access Week 2018, sur différents sites de l’université.

Affiche russe L’Union des travailleurs et de la science 1917-1924

De la sensibilisation à l’Open Access à la formation au dépôt

Le lancement officiel du portail HAL Sorbonne Université2 au cours du premier semestre 2018 s’est inscrit dans le prolongement du travail de structuration d’un portail HAL institutionnel engagé par l’UPMC en 2011. Une démarche de fond avait déjà été engagée pour la sensibilisation des chercheurs, la mise en place de circuits de veille pour l’alimentation de l’archive, le déploiement d’outils associés à HAL (ExtrHAL,…). Depuis la création du département POA, la démarche est différente : il s’agit désormais moins, à la faveur d’une plus grande sensibilisation de la communauté scientifique aux enjeux de l’Open Access, de réaliser les dépôts à la place du chercheur que de proposer des outils de formation ou d’autoformation permettant aux chercheurs d’être autonomes.

Le département continue de prendre en charge des dépôts à partir des circuits de veille habituels, ou à la demande d’équipes de recherche transmettant leurs publications pour traitement par lot (Labex MATISSE par exemple3) – notamment dans la perspective de la rédaction des rapports Hcéres. Le travail mené pour une équipe entraîne parfois tout un laboratoire : un chantier de dépôts est prévu dans les semaines à venir pour toutes les publications de l’iPLEPS4. Néanmoins, à la faveur de la dynamique institutionnelle et dans la perspective de la formalisation, à l’échelle de Sorbonne Université, d’une politique volontariste, fortement incitative, l’organisation du travail au sein du département est progressivement revue afin de déployer plus de forces au service de la formation des communautés au dépôt : plusieurs dizaines de chercheurs ont déjà été formés et les demandes affluent des trois facultés.

Le portail rassemble désormais plus de 41 000 publications en texte intégral, essentiellement des articles, et 121 000 notices. La répartition disciplinaire reste fortement déséquilibrée, du fait de la disparité des pratiques de publication, de degrés de sensibilisation des communautés disparates et de l’historique HAL-UPMC pour les sciences et l’ingénierie. L’enjeu est désormais de réduire ce déséquilibre, en valorisant l’utilisation de HAL en médecine (alors que les chercheurs privilégient souvent un dépôt dans SIGAPS5) et, côté Lettres, en nettoyant le référentiel, en travaillant à la structuration de collections et en multipliant les formations sur les différents sites de la Faculté.

Perspectives : données de la recherche et services personnalisés

Au-delà de ces actions concrètes déjà mises en œuvre, afin de proposer un cadre institutionnel en cohérence avec les besoins des chercheurs, un fort engagement mutuel est nécessaire sur le chemin de la science ouverte. Pour cerner plus précisément les pratiques de publication et d’Open Access à l’œuvre à Sorbonne Université, une enquête a été menée auprès des chercheurs et enseignants chercheurs. Elle se compose de deux volets, l’un quantitatif et l’autre qualitatif, menés tous deux entre fin novembre et mi-décembre 2018. Au total, elle a réuni plus de 1100 répondants, dont plus de 700 ont répondu à l’intégralité du questionnaire. Les résultats de celle-ci sont en cours d’analyse, et permettront l’élaboration en 2019 d’une série de préconisations sur cette thématique, destinées à répondre au mieux aux besoins des chercheurs et aux attentes institutionnelles liées à la science ouverte.

La question de l’accompagnement juridique des chercheurs se pose de manière récurrente, tant pour les questions relatives au droit d’auteur que pour le droit d’archivage et de diffusion des publications (en archive ouverte mais aussi sur les sites personnels, les blogs et les réseaux sociaux de la recherche). Ce constat place les questions relatives à l’identité numérique du chercheur ainsi qu’aux licences au cœur des sujets pour lesquels le département s’attache à produire des contenus de formation et d’autoformation, pour permettre aux chercheurs de maîtriser au mieux leurs droits, et de les négocier en amont avec les éditeurs.

Enfin, la question des données de la recherche est un chantier d’envergure à mener. La bibliothèque a d’ores et déjà été sollicitée pour intervenir en support de la rédaction des Data Management Plans (DMP) nécessaires à l’élaboration des dossiers de l’Agence nationale de la recherche (ANR). La formalisation de ce volet indispensable permettra une approche au plus près des problématiques liées aux données produites par les chercheurs de Sorbonne Université. Pour ce faire, le département POA travaille à la création de contenus de formation et à la présentation de modèles adaptés aux différentes disciplines.