Premières journées nationales de la science ouverte : de la stratégie à l’action

Texte

Le Plan national pour la science ouverte a été annoncé par Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, le  4 juillet 2018, lors du congrès LIBER. Rendant obligatoire l’accès ouvert pour les publications et pour les données issues de recherches financées sur projets, le Plan préconisait la mise en place d’un Comité pour la science ouverte (CoSO) désormais opérationnel, et dont les travaux peuvent être suivis sur le site « Ouvrir la science »1.

C’est pour dresser un premier bilan de l’avancée du Plan national que se sont tenues pendant trois jours (4-6 décembre 2018) les premières « Journées de la science ouverte », fort justement sous-titrées « de la stratégie à l’action ». Elles prenaient d’autant plus de relief que, le 4 septembre précédent, à l’initiative de la Commission européenne et de la « cOAlition S » (avec le soutien, pour ce qui est de la France, de l’Agence nationale de la recherche), avait été annoncé le « Plan S », fixant pour objectif la publication en libre accès, dès 2020, de l’ensemble des travaux de recherche bénéficiant d’un financement public.

Ces trois journées2 - dont on ne pourra bien entendu restituer qu’un bref aperçu au vu de la richesse des interventions - étaient organisées autour des thématiques suivantes :

- aborder les grandes questions posées par la science ouverte et établir un état des lieux clair, multidisciplinaire et international, sur l’ensemble des chantiers couverts par le Plan national pour la science ouverte ;

- faire un point sur le partage des données de la recherche à partir des initiatives de la Research Data Alliance (RDA3), organisation internationale de plus de 7000 membres, tout récemment implantée en France, où ses activités ont commencé en mars 2018, et dont l’objectif est de faciliter le partage des données scientifiques ;

- présenter les nouvelles modalités, mesures et pratiques de l’évaluation, peer review et autres, un sujet crucial pour l’acceptation des initiatives liées à la science ouverte.

Lors de la 1ère journée, commentant les ambitions du Plan national et du Plan S, les intervenants montrèrent que, au-delà des déclarations, ambitieuses, et des intentions, généreuses, la mise en œuvre pratique - surtout dans des délais aussi courts que ceux préconisés par le Plan S - ne serait pas forcément facile, sans qu’il faille y voir la mauvaise volonté des chercheurs, le plus souvent partagés entre des injonctions contradictoires, tant sur les modalités de leurs recherches (éthiques, responsables) que sur leur dissémination (ouverte, mais évaluée). Pour beaucoup, la transition sera plus longue et plus délicate que souhaitée – mais peut-être, en cela, mieux acceptée.

La Science pratique… inventions récentes par L. Huard 1895

La Science pratique… inventions récentes par L. Huard 1895

Source gallica.bnf.fr – BnF

La 2ème journée consacrée à la RDA illustra le foisonnement d’initiatives autour de cette alliance, ouverte à toute personne ou association désireuse de faciliter le partage et la réutilisation de données selon les grands principes prônés par RDA4. Le fonctionnement de RDA est très souple, les membres s’auto‐organisant en groupes de travail spécialisés (Working Group) ou en groupes d'intérêt prospectifs (Interest Group). On retiendra que beaucoup de travaux sont menés autour de l’interopérabilité des données et des métadonnées, notamment par l’élaboration d’ontologies dans le cadre du web sémantique : nul doute que les bibliothèques auront à l’avenir tout intérêt à collaborer avec cet « autre » RDA.

Enfin, la 3ème journée se partagea entre l’évaluation par les pairs et le Text et Data Mining (TDM). Pour ce qui est du premier sujet, au-delà de la peer review, il s’agissait de réfléchir à « un monde qui ne serait plus dominé par l'obsession des supports de publication, et en particulier du Journal impact factor ». En effet, la transformation des modalités d’évaluation est une condition sine qua non de l’engagement des chercheurs vers la science ouverte. Quant au TDM, il doit permettre aux chercheurs de retrouver un contrôle sur l’exploitation de l’avalanche de données disponibles et/ou non exploitées, puisqu’on estime que, sur 160 millions de documents scientifiques indexés, la moitié n’est jamais lue.

Notes

1 https://www.ouvrirlascience.fr/ Retour au texte

2 Vidéos et comptes rendus sur le site des JNSO : https://jnso2018.sciencesconf.org/ Retour au texte

3 Il est bien dommage pour les professionnels des bibliothèques qu’un même sigle, RDA, soit associé à deux champs d’intervention auxquels ils ont à s’intéresser : la Research Data Alliance, donc, qui œuvre pour l’ouverture des données de la recherche, mais aussi Resource description and access, standard de catalogage en cours d’élaboration. Retour au texte

4 Principes ici résumés : https://rd-alliance.org/group/rdacodata-legal-interoperability-ig/wiki/legal-principles-data.html Retour au texte

Illustrations

Citer cet article

Référence électronique

« Premières journées nationales de la science ouverte : de la stratégie à l’action », Arabesques [En ligne], 93 | 2019, mis en ligne le 16 juillet 2019, consulté le 01 août 2025. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=576

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