Canal Psy : Comment situez-vous cet ouvrage dans le champ des recherches en Psychologie Clinique ? Quelles sont ses filiations mais aussi sa portée polémique et critique ?
Alain Ferrant : C’est un travail centré sur l’emprise, un concept un peu négligé et mal aimé par les psychanalystes et les psychologues cliniciens en général. Ce concept est peu employé par Freud : on le trouve environ seize fois dans toute son œuvre entre 1895 et 1939. De plus, il a été utilisé par les psychanalystes comme pratiquement synonyme de pulsion de mort. En lisant Freud, je me suis rendu compte que l’emprise n’avait pas, a priori, grand-chose à voir avec la pulsion de mort. Il y a effectivement un nouage entre emprise et pulsion de mort dans la dernière partie de son œuvre mais, dans « Trois essais sur la théorie sexuelle1 », « Métapsychologie2 », ou même, d’une certaine manière, dans « Au-delà du principe de plaisir3 », l’emprise est davantage connectée à l’auto-conservation, aux mouvements de vie du sujet. Il me semblait donc qu’il y avait un travail à faire : « reparcourir » le corpus freudien pour situer et interroger plus profondément ce concept avec l’idée qu’il pouvait être désolidarisé de la pulsion de mort. Ce fut ma source conceptuelle, théorique, première.
L’autre source est plus clinique. Il se trouve que pendant mes années de formation à la psychologie j’étais éducateur. J’avais été confronté aux « enfants des cités », les « sauvageons » comme certains disent aujourd’hui. Lorsqu’on mettait à leur disposition un espace libre, ces enfants et ces adolescents, souvent issus de familles nombreuses avec peu d’espace à l’intérieur de l’appartement pour chacun, se mettaient à construire des cabanes, à fonder leur territoire. Il y avait bien sûr une dimension culturelle : ils reproduisaient le modèle de l’habitat pavillonnaire mais, en même temps, il y avait autre chose. Je prenais la mesure de la nécessité, pour chaque être humain, de s’approprier un espace, de transformer cet espace à son image, de lui donner un périmètre précis. Tout était lié à l’appropriation du corps propre, au processus d’habitation du corps (comme dit Winnicott). Plus tard, je me suis rendu compte qu’il y avait un lien avec la question de l’emprise. J’avais cliniquement le modèle selon lequel l’emprise n’est pas synonyme de mort mais aussi constitutive de la vie, de l’image du corps et des appareillages psychiques.
Ma troisième source est mon travail thérapeutique avec des patientes anorexiques dans le cadre du psychodrame psychanalytique. Je me suis rendu compte que ces jeunes filles exerçaient une emprise non seulement à l’égard d’elles-mêmes, de leur propre corps, mais aussi sur leur entourage. C’est ce que j’ai interprété comme une forme d’emprise, l’emprise froide, en la définissant comme conséquence de l’échec d’un travail d’emprise premier, nécessaire, dans le lien avec la mère.
Ces trois sources m’ont donné envie d’engager une recherche universitaire, c’est-à-dire de me lancer dans une étude raisonnée, méthodique, autour du concept d’emprise tout en essayant d’ouvrir d’autres champs. Tout s’est engagé à partir de la rencontre entre des préoccupations cliniques à orientation globalement sociale, des préoccupations cliniques à orientation thérapeutique et des interrogations théoriques.
Canal Psy : Quels sont les apports fondamentaux de votre travail, qu’avez-vous particulièrement désiré mettre en lumière ?
Alain Ferrant : Les apports fondamentaux tournent, me semble-t-il, autour de cette reprise approfondie du concept d’emprise. J’espère avoir mis en lumière qu’on ne pouvait pas rapporter systématiquement l’emprise à la pulsion de mort. Pour cela, il a fallu que je montre que l’emprise joue un rôle organisateur dans la naissance à la vie psychique, en particulier à travers un élément qui n’a pas été repéré par les analystes jusque-là, sauf par Paul Denis4 dans son livre sur les deux formants de la pulsion : l’appareil d’emprise, qu’on trouve chez Freud en 1905. La notion d’appareil, chez Freud, suppose toujours un travail. Là où il y a appareil (appareil de langage, appareil psychique…), il y a travail : travail des représentations, travail du deuil, travail psychique. J’ai donc forgé l’hypothèse que l’emprise était susceptible d’entrer en travail et j’ai proposé le concept de travail de l’emprise pour préciser la manière dont l’emprise contribue à l’appropriation du corps, à l’organisation de la psyché. J’ai rencontré une difficulté car il m’a fallu discuter la question du rapport entre l’emprise comme pulsion et l’emprise comme instinct. J’ai tenté de résoudre cette question en rapportant l’emprise aux conduites de cramponnement analysées par I. Hermann5 et au processus d’attachement tel que J. Bowlby6 le définit. La pulsion d’emprise va naître de la rencontre avec l’objet. Elle va, si j’ose dire, pulsionnaliser le cramponnement, pulsionnaliser l’attachement.
Canal Psy : Les terrains d’aventures ?
Alain Ferrant : Oui, je n’allais pas manquer l’occasion d’évoquer l’extraordinaire époque des terrains d’aventures. J’essaye de montrer comment l’emprise était mobilisée dans cette opération d’appropriation de l’espace et du corps. Notre société quadrille beaucoup les espaces, comme toute société, et les enfants s’approprient l’espace en le détournant de ses fonctions attribuées. Il suffit de se promener dans n’importe quelle galerie marchande, ou couloir d’immeuble, pour voir comment les enfants s’approprient ces espaces. Mais quand un enfant n’a pas pu, dans sa famille, vivre ces expériences basales pour la construction du corps, il expérimente ailleurs et les terrains d’aventures ouvraient cette possibilité. À la place, aujourd’hui, on propose des jardins propres avec des cabanes toutes faites. Les enfants sont consommateurs. Les terrains d’aventures offraient à certains d’entre eux, parmi les plus défavorisés, la possibilité d’inventer le monde. Je pense qu’on ne peut vraiment utiliser le monde que si, d’abord, on a pu l’inventer suffisamment.
Les enfants commençaient à construire leurs cabanes et trois jours après, tout était détruit. Il y avait un rythme construction-destruction. C’est ce que René Roussillon définit comme le jeu de la destructivité. Les enfants passaient plusieurs semaines, voire des mois, à détruire et reconstruire sans cesse. Je laissais faire, sans chercher à stabiliser les choses trop vite. C’est seulement à cette condition que les constructions s’organisaient.
Canal Psy : Tout cela naissait de la possibilité pour les enfants de créer-détruire et aussi d’utiliser pour cela les outils qu’ils choisissaient ?
Alain Ferrant : C’était souvent assez drôle. Au début, les enfants plantaient avec la pelle, creusaient avec le marteau, avec leurs mains… Il fallait leur laisser ce tâtonnement pour qu’ils puissent découvrir petit à petit la bonne utilisation de l’outil. La présence de l’adulte était très importante. Il était le témoin, le miroir bienveillant de ce qu’ils faisaient et de ce qu’ils étaient. On constatait alors que les enfants trouvaient les règles tout seuls et c’était extraordinaire de voir comment se construisait le groupe. Une fois que les constructions étaient stabilisées, le temps d’une génération, un corps groupal émergeait suivant les quatre dimensions de l’étayage, l’appui, l’empreinte, l’écart et la reprise. En ce sens, les terrains d’aventures avaient une fonction thérapeutique.
Canal Psy : Que sont devenus les terrains d’aventures ?
Alain Ferrant : Ils ont disparu. Actuellement, les terrains d’aventures, ce sont les tags sur les murs, les « caves-cabanes », les rodéos. Les terrains d’aventures n’étaient évidemment qu’un petit espace de respiration, mais il y a eu un moment, dans les années 80, où la société n’a plus toléré ces accrocs dans le tissu social. Elle voulait (et veut encore) une enfance pure, propre, idéale. Les enfants ont besoin d’exercer leurs pulsions, d’expérimenter et de s’approprier leur corps, ce qui n’est pas toujours possible avec le sport. Ce n’est certainement pas possible avec les aires de jeu aménagées qui peuplent les villes.
Canal Psy : Quels sont les autres champs de votre livre ?
Alain Ferrant : Le deuxième champ d’application, c’est la pathologie de l’anorexie. J’ai essayé de montrer que la question de l’emprise est centrale, dans cette pathologie et dans le soin. Ces patientes exercent sur elles-mêmes une auto-emprise mortifère et il faut inventer une réponse en force dans le cadre du psychodrame. Il ne s’agit pas d’avoir une action contraignante à leur égard, il faut simplement contrer dans le jeu. Elles ont besoin de rencontrer quelqu’un qui s’oppose, qui tient le coup, qui n’est pas détruit. Quand on a pu passer ce cap, on s’aperçoit qu’elles vont mieux parce qu’elles ont enfin rencontré un objet qui résiste, qui exerce une emprise. Contre l’emprise qu’elles imposent, qui est une emprise froide, il faut une contre-emprise que j’appelle l’emprise de vie. Tout cela passe, entre autres, par une réorganisation du couple sadisme-masochisme, c’est-à-dire une relance de l’activité pulsionnelle.
Il y a un autre champ proche de celui-ci, c’est le champ de la psychanalyse. J’ai proposé l’idée que l’histoire de la fondation du cadre analytique divan-fauteuil, tel qu’on le pratique aujourd’hui, passe par un processus spécifique sous l’angle de l’emprise. Dans un premier temps, Freud est très directif avec les patients (dans « Dora7 » ou les « Études sur l’hystérie8 » avec Breuer). Il intervient beaucoup et exerce une sorte de contrainte thérapeutique. J’ai proposé de parler d’emprise thérapeutique. Puis, en 1907, tout bascule dans une réunion de la Société de Vienne. Il dit que le dispositif psychanalytique a changé : désormais le patient est libre de commencer comme il veut. Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui fait que Freud passe d’une position très active à une position passive, patiente, d’écoute ? Toute l’histoire serait ici à reprendre, en particulier le fait qu’au même moment Freud a « L’Homme aux rats » sur son divan, qu’il a parallèlement beaucoup avancé sur la question du sexuel infantile et de l’organisation psychique. Mon idée est que l’emprise qui était exercée par le thérapeute est devenue locataire du cadre. Le psychanalyste n’a plus à exercer d’emprise sur son patient, c’est le cadre qui s’en charge. Les rituels organisateurs de la rencontre tiennent, cramponnent, attachent et donnent des limites : le cadre contient la dimension d’emprise qui était avant exercée par le thérapeute.
Un troisième champ est relatif aux témoignages des personnes qui ont connu les camps de concentration pendant la deuxième guerre mondiale. J’ai essayé de montrer comment Primo Levi, Jorge Semprun et Robert Antelme ont eu recours à l’emprise. Il fallait, quand on perdait tout, son statut d’humain, sa personnalité, se constituer une sorte de territoire d’objets absolument intangible, extrêmement serré, inviolable. L’emprise était une modalité de survie. Je voulais montrer que c’est grâce à ces objets de cramponnement qu’ils avaient pu survivre. L’important était de souligner que l’emprise était ici au service de la vie, en tout cas de la survie.
Canal Psy : Pourtant, en lisant Primo Levi, on a l’impression qu’il est mort intérieurement.
Alain Ferrant : Oui, c’est ce que tous disent : ils ont réussi à survivre, chacun avec ses nuances, puisqu’à Buchenwald où se trouvait Jorge Semprun, il n’y avait pas les sélections qui assassinaient au hasard ceux qui étaient à Auchszwitz. Primo Levi dit qu’on s’y résignait. Mais il y a tout ce qu’il décrit : l’économie du camp, ce qu’il appelle « s’organiser ». Ceux qui ne s’organisaient pas mouraient rapidement. Primo Levi dit alors, de façon effrayante : « Nous qui avons survécu, nous nous sommes organisés ; d’une certaine manière, nous nous sommes accommodés de l’innommable, de l’impensable, de l’inhumain. Les seuls vrais humains sont morts ». L’histoire a été tellement folle, tellement meurtrière, que les gens qui ont survécu meurent quand même du camp vingt ou trente ans après. Au fond, ils ne sont jamais sortis du camp. Jorge Semprun entend encore le mot en polonais qui veut dire « debout », il est terrorisé dès qu’il fait nuit et qu’il neige car cela lui évoque les appels interminables, la nuit, à Buchenwald. L’emprise les a aidés à survivre sur le moment mais pour la majorité d’entre eux, leur vie a été radicalement brisée.
Canal Psy : On voit ainsi comment l’emprise de vie peut faire face, au moins momentanément, à l’emprise de mort. Quel autre domaine avez-vous abordé à partir de ce concept ?
Alain Ferrant : Le dernier champ sur lequel j’ai essayé de travailler c’est le champ de l’écriture et de la littérature autour de deux auteurs : Guy de Maupassant et Louis-Ferdinand Céline.
Maupassant meurt à 43 ans de paralysie générale qui est l’aboutissement de la contamination syphilitique. Il écrit une œuvre fulgurante en 16 ans. Il est encadré par Flaubert, Zola, tous les écrivains de la deuxième partie du XIXe siècle. Il n’écrit pas que des romans, c’est aussi un conteur. Il va naître deux ans après le décès du frère de sa mère, Alfred Le Poittevin qui était le grand ami de Flaubert. Ils formaient tous deux un couple étonnant qui avait donné naissance à un personnage imaginaire qu’ils appelaient « le Garçon ». Flaubert et Le Poittevin étaient de joyeux fêtards et ils imitaient souvent « le Garçon ». C’est donc la naissance d’un enfant au sein d’un couple au moins potentiellement homosexuel. Le Poittevin était un génie dont on attendait une œuvre. Flaubert a été broyé par le décès de son ami et Laure (la mère de Maupassant) n’a pas réussi à surmonter cette perte.
Mon hypothèse est que Laure, d’une certaine manière, a façonné son fils pour qu’il devienne l’écrivain qu’Alfred n’a pas été. On connaît les symptômes de Maupassant : il souffre d’héautoscopie c’est-à-dire qu’il hallucine son double et, en même temps, il ne se voit pas dans les miroirs. Là, je suis un peu entré dans un débat, parce que je ne rapporte pas ce symptôme héautoscopique à la syphilis. Je pense que lorsqu’il voit son double, ce n’est pas tout à fait son oncle qu’il voit, tel qu’il l’a rencontré dans le regard maternel. Cela va beaucoup plus loin : il ne voit pas que l’oncle, il voit aussi « le Garçon ». Il « est » le Garçon, le fils imaginaire de Flaubert et Le Poittevin, il est aussi le fils imaginaire de Laure et Flaubert. En même temps, Laure s’efforce de rompre les liens entre Guy et son père réel qu’elle méprise, Gustave de Maupassant (il porte le même prénom que Flaubert). Et Maupassant va réussir cette sorte de gageure absolument inouïe au prix d’un grave trouble narcissique identitaire : devenir un écrivain célèbre, réincarnant l’oncle, être adoubé comme fils par Flaubert et porter le nom du père au firmament.
Céline est le deuxième auteur. À mon avis, et je ne suis pas le seul à penser cela, Céline est avec Proust, l’un des plus grands auteurs de langue française au XXe siècle. Mais c’est un auteur scandaleux. Il a en effet écrit trois livres, juste avant et pendant la guerre, des pamphlets antisémites virulents, qui d’une certaine manière contiennent des appels au meurtre et qui ont eu, il faut le souligner, un large succès. Ils correspondaient au fort courant antisémite qui a démarré, avant l’affaire Dreyfus, avec les publications de Drumont. Quand il a su ce qui s’était réellement passé, l’extermination des juifs, les camps de concentration et d’extermination, Céline n’est jamais revenu sur ce qu’il avait écrit. Il a simplement dit qu’il voulait éviter la guerre, qu’il était pacifiste. C’est un auteur scandaleux, embourbé dans le scandale qui a déchiré le XXe siècle, l’Holocauste. En même temps, il réinvente la littérature. Il est seul à tenir le coup en face de Proust. Pour moi, il est incontournable. J’ai essayé de travailler la question du style célinien sans annuler la question de l’antisémitisme, en essayant de montrer comment l’antisémitisme appartient profondément à sa littérature. On ne peut pas dire « Il y un a bon et un mauvais Céline » ; il y a un auteur et quand on le lit, il faut tout prendre, tout travailler. C’est un auteur vis-à-vis duquel on ne peut pas être tiède. J’ai essayé de montrer comment l’emprise organise son écriture. Pour Maupassant, j’ai voulu montrer comment il avait été sous l’emprise de sa mère et comment, par l’écriture, il essayait de s’en dégager. Pour Céline j’ai tenté de montrer comment par son style, il essayait de former avec le lecteur une sorte de couple. Céline écrit et projette des tas de fragments inorganisés dans la tête du lecteur mettant ce lecteur en charge de les travailler. Il y a des lecteurs qui n’y parviennent pas : ils sont dégoûtés, écœurés. Le modèle de l’écriture célinienne, c’est la scène de Mort à crédit9 où le petit garçon et la femme vomissent l’un dans l’autre. C’est un modèle terrifiant mais je crois que c’est le modèle fondamental de toute écriture, simplement Céline l’exprime crûment.
Canal Psy : En couverture de votre livre se trouve un détail du tableau « Le concert au bas-relief » de Valentin de Bourgogne représentant un couple de musiciens. Comment métaphorise-t-il le lien d’emprise ?
Alain Ferrant : D’un côté l’emprise étouffe, de l’autre elle fait danser. L’art est une déclinaison d’emprise. Je suis tombé sur ce tableau de Valentin de Bourgogne qui met en scène deux guitaristes, une fille et un garçon. J’ai trouvé la scène remarquable : le garçon regarde ailleurs, un peu de biais, et la fille est fixée sur le jeu de guitare du garçon, sur la main qui plaque les accords. On a l’impression qu’elle est cramponnée à ses doigts, à son geste. On retrouve là les trois composantes de l’appareil d’emprise : le regard, la main et la bouche. Dans un coin du tableau, il y a un troisième personnage qui boit. Je voulais que la guitare apparaisse sur le tableau car je suis guitariste. Ce tableau est parfait car il dit quelque chose de l’emprise telle qu’elle s’exerce et en même temps il montre que l’emprise n’est pas la mort. L’emprise est une entreprise, elle donne naissance à la musique, elle engage dans un processus de vie.
Canal Psy : Comment voyez-vous l’évolution future de votre recherche ?
Alain Ferrant : Je me suis interrogé tout au long de ce livre sur la question des excès d’emprise : comment l’emprise donne naissance à des conduites et des comportements, comment elle est organisatrice de la vie psychique. Je ne me suis pas posé la question du défaut d’emprise, sauf à la fin. Par ce biais, je me suis trouvé confronté à la question de la honte. Je me suis demandé si, quand on perd la maîtrise de soi, on n’a pas quelque chose qui se déclinerait à partir de la perte d’emprise et aboutirait à une forme de torsion narcissique. J’en suis arrivé à travailler la question de la honte à partir de l’idée d’une déflation de l’emprise.
Toute recherche en clinique est, pour moi, nécessairement liée à des questions de pratique, à des questions cliniques concrètes. C’est comme ça que je conçois mon travail. Dans notre position d’enseignant, plus on est en recherche en lien avec la pratique et la théorie, plus on peut transmettre l’envie de chercher. On suscite ainsi chez les étudiants non pas une identification à ce qu’on est mais au mouvement de recherche dans lequel on est pris et qui nous anime.