Notes de la rédaction

Propos recueillis par Catherine Bonte.

Notes de l’auteur

Le monde de l’enfance vu, senti, entendu, touché et parlé par Zave est une histoire douce-amère. Hélène Hinze propose dans son premier roman un voyage et peut-être aussi une illustration sensuelle de concepts de la psychologie. Diplômée du DESS de psychologie et psychopathologie cliniques, Hélène Hinze exerce en tant que psychologue à l’Éducation nationale, comme vacataire au SIMEF, et comme formatrice. Hélène Hinze sort des sentiers battus, et écrit « tout haut » ce que d’autres collègues écrivent parfois « tout bas » en catimini… Hélène Hinze, La cour. Éd. Passe-Rêve Éditeur, Lyon, 1995, 127 p., 85 F.

Texte

Canal Psy : Comment avez-vous vécu ce moment d’écriture de La Cour ?

Hélène Hinze : Je l’ai écrit en plusieurs fois. Je n’arrive pas à écrire chez moi, j’ai donc écrit en louant des maisons, des gîtes… Par périodes de 15 jours. J’ai fait cela trois ou quatre fois. Les gens qui écrivent trouvent cela très court… Je ne pouvais pas écrire chez moi car les rituels en place ne laissent pas la place à une introspection ou à un silence (comme le dirait Marguerite Duras). J’ai donc eu besoin de m’isoler dans un contexte très différent du mien pour avoir accès à ce que j’avais envie, besoin d’exprimer à ce moment-là. Plus tard, il y a eu un travail de réécriture assez long. J’ai soumis l’écrit à un lecteur qui a lu avec bienveillance et a suggéré des pistes de correction. La difficulté dans la réécriture a été de trouver le même ton du début à la fin. J’ai « galéré » jusqu’à réussir à trouver ce ton… Mais cela, ce n’est pas le premier jet…

Canal Psy : C’était un « premier jet » douloureux ?

H. Hinze : C’est à la fois difficile et très jubilatoire. C’est un peu comme dans les autres activités de création, quand on arrive, quand j’arrivais à exprimer quelque chose que je voulais ou à m’en approcher, c’était très jubilatoire. Le processus en lui-même n’est pas jubilatoire, il y a des moments douloureux. Cela dépend aussi de ce qu’il y a à exprimer.

Canal Psy : Comment avez-vous rencontré Zave, l’héroïne de votre roman ?

H. Hinze : D’une part, je suis psychologue dans l’Éducation nationale, j’ai rencontré beaucoup d’enfants de cet âge, ayant entre 3 et 6 ans. Ils m’ont dit beaucoup de choses sur leurs situations, leurs positions et la façon dont ils les vivaient et je me suis abondamment servie de ce matériel. D’autre part, je pense d’ailleurs que ça se sent dans le livre, il y a aussi une connotation autobiographique. Ceci dit, je suis comme tout le monde, j’ai très peu de souvenirs de cette période et sans le matériel recueilli sur plusieurs années, je n’aurai pas pu en venir à bout.

Canal Psy : Cette histoire de Zave, comment a-t-elle été reçue par vos lecteurs ?

H. Hinze : Quand je l’ai écrite, j’ai trouvé que c’était une histoire plutôt difficile… Par moments, je l’ai même aérée volontairement en faisant des passages plus détendus entre la petite fille et son milieu. Ma première grande surprise a été que des gens me disent que c’était une histoire facile à lire, plutôt drôle et agréable. Il y a quand même une grande partie des lecteurs qui ont trouvé les relations entre cette petite fille et sa mère très dures, très cruelles et il me semble que ça s’approche plus de ce que je voulais écrire.

La plupart m’ont dit que l’histoire a fait surgir leurs propres souvenirs par flashs, même chez ceux qui ne se reconnaissent pas dans le contexte. Certains m’ont téléphoné ou abordée en ayant envie de me parler de leur propre enfance. Ils avaient retrouvé des sentiments de leur propre enfance qu’ils n’avaient pas ressentis depuis. Ça m’a fait plaisir. Ce qui m’a étonnée, c’est cette espèce de voile dont les lecteurs ont parfois recouvert l’histoire en gardant son aspect superficiel ; alors que d’autres l’ont trouvée hyperréaliste, horrible, les mettant dans une situation difficile, ne sachant pas pour qui prendre parti : l’enfant ou la mère ?

Canal Psy : Entre ce moment d’écriture, et ces moments de retour, est-ce que vous vous y retrouvez ?

H. Hinze : Oui. Ça a d’abord été un moment exceptionnel quand les éditions Passe-Rêve m’ont téléphoné pour dire que mon manuscrit avait été sélectionné. Après la première séance de signatures, je me suis rendu compte que mon rêve, qui avait été le mien pendant des années se concrétisait et qu’en fait, ce n’était que ça… Ce n’était pas plus que ça. Je ne sais plus qui a dit : « Il y a deux choses terribles dans la vie d’un être humain, la première c’est d’avoir un rêve, la deuxième c’est de le réaliser. » C’est comme un deuil. Quand c’est fini, écrit, réalisé, il faut trouver autre chose. Une fois que c’est accompli, c’est fini, ça échappe…

Canal Psy : D’où le projet d’un prochain livre ?

H. Hinze : Oui, je pense que c’est comme cela que ça s’enclenche…

Passe-Rêve Éditeur

Passe-Rêve Éditeur s’est engagé dans l’aventure éditoriale depuis septembre 1992. Fondée par un enseignant de l’Université Lumière Lyon 2, Serge Revel, une libraire et des étudiants de licence et maîtrise de Communication-Édition, cette maison veut privilégier la qualité dans ses choix éditoriaux (roman, nouvelle), découvrir de nouveaux auteurs… Elle a créé un prix littéraire : le prix Libre-Lire, décerné en juin.

Citer cet article

Référence papier

Hélène Hinze et Catherine Bonte, « Premier roman », Canal Psy, 23 | 1996, 10.

Référence électronique

Hélène Hinze et Catherine Bonte, « Premier roman », Canal Psy [En ligne], 23 | 1996, mis en ligne le 30 août 2021, consulté le 22 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=2590

Auteurs

Hélène Hinze

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Catherine Bonte

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