Très vite après le début de la pandémie, l’équipe de rédaction de Canal Psy s’est dit qu’un futur numéro devait porter sur cette expérience qui bouleversait notre quotidien et nos pratiques. A l’époque, au printemps 2020, par rapport au Covid (plus tard, l’académie française proposerait « la » Covid), suite au discours martial du président de la république, dominait l’incompréhension, la mort envahissante et la réponse : le confinement, expérience mondiale et singulière à la fois, inédite. A l’époque, si proche, si lointaine, dominait le modèle classique d’un avant et d’un après, d’un pendant de crise et d’un après sur le mode du retour à la normale (un farceur écrivit : retour à l’anormal !). Mais les rebonds épidémiques eurent raison de cela, apparut le modèle des vagues : 1ère, 2ème, 3ème, 4ème… et l’évolution des règles sanitaires, jusqu’à leur quasi complète disparition à l’été 2022, alors qu’une nouvelle vague à deux variants relançait à la hausse le nombre de malades.
Très vite, l’équipe de rédaction lança un appel à publication. Certain.es répondirent tôt, pris dans l’urgence de témoigner, d’essayer d’en penser quelque chose alors que chacun.e, des politiques du gouvernement aux professionnel.les sur les terrains et aux citoyen.nes de toutes catégories, semblait naviguer à vue, entre mensonge d’état (« le masque ne sert à rien »), et implication et/ou angoisse personnelles. D’autres répondirent plus tard, ayant besoin d’être un peu dégagé.es de l’immédiateté, ayant besoin d’un temps d’après-coup qui, en réalité, demeurait un sur le coup des répétitions pandémiques et des mesures sanitaires aussi protectrices que privatrices de libertés.
Ces différents temps, en particulier celui du premier confinement, furent autant marqués par l’angoisse, le retrait, le repli, que par l’engagement, la créativité, le développement de formes inédites de liens (solidarité, créativité, professionnalisme, humour, applaudissements…). C’est de cela que témoignent les différents articles et témoignages ici réunis, sur différents terrains des pratiques des psychologues, en particulier sur des terrains cliniques.
Aussi ajouterons-nous dans cet éditorial ce qu’il en fut de et à l’université, prise qu’elle fut, comme l’ensemble de la société, dans les mesures sanitaires de confinement, puis d’évitement des rassemblements quantitativement importants, avec puis sans masque, gel hydroalcoolique… Après un temps de flottement, le temps pour que nous inventions, collectivement et individuellement, de nouvelles modalités pédagogiques à distance, le temps que nous nous familiarisions avec et nous approprions de nouvelles (pour beaucoup) modalités techniques (Zoom et autres…), se mirent en place des cours à distance, de nombreux échanges de mail, des cours sur écran… Nous n’avons pas fini d’en prendre la mesure, entre crainte et/ou risque que cela devienne la norme et assouplissement compte-tenu des réalités de chacun : cours en présence, à distance, mixtes…
Canal Psy lance ici un nouvel appel à témoignage, cette fois du côté de l’enseignement, du point de vue des étudiants, des personnels administratifs, des enseignants-chercheur : quel a été, à l’université, votre expérience de la pandémie, des mesures sanitaires, des expérimentations pédagogiques ? Quels en sont les effets sur l’actuel ?
Un mot encore, pour finir : j’ai occupé, pendant quelques années, la fonction d’enseignant référent (comme nous disons) de Canal Psy, dans une coopération régulière et agréable avec Marc-Antoine Buriez, qui assure toute la mise en page, tout le travail d’édition, et bien plus que cela, de notre et de votre revue. Ce fut une belle et riche aventure. Elle se termine avec ma prise de retraite, au 1er septembre 2022. Je me réjouis que la relève soit assurée ; Raphaël Minjard prend la suite, entre continuité et innovation. Je lui souhaite, ainsi qu’à M-A. Buriez et à chacun des futurs contributeurs, de beaux et féconds nouveaux numéros.
