La joie, ça éclate, c’est fait pour ça, la joie, se diffuser, se répandre. La joie, et la tendresse aussi. Et la tristesse quand elle vient mâtiner les deux autres, et réciproquement. En un mot, cela s’appelle la vie.
Alors c’est bien est de ces livres qui vous mettent en joie et vous bercent le cœur dans la créativité d’une écriture qui fait entendre les mots, le plus souvent des mots simples, alors qu’on finit souvent par ne plus les entendre.
Clémentine revient sur son enfance, son adolescence, sur leurs lieux, déploie la mythologie familiale, une mythologie heureuse et fantaisiste, dans l’accompagnement de la maladie, de la fin de vie, de la mort de son père. Et si les larmes sont là par moment ce sont au fond des larmes de consolation, des larmes de tristesse de la perte (ne plus revoir ce père aimé, et parfois agaçant quand il termine, et salope, ce que vous aviez commencé), des larmes de reconnaissance aussi pour cette belle vie partagée, pour cette belle vie permise aussi dans la liberté.
« Alors c’est bien » ce sont les derniers mots du père. Quel cadeau à sa fille qui se tient sans crainte auprès de lui.
Dans cette famille créative, un peu bohème, foutraque serait sans doute plus juste, dans cette famille enrichie des amis, l’enterrement du père a été préparé avec lui, on a trié avec lui dans ses œuvres, on a fait une expo dans le capharnaüm enfin ordonné de son atelier, on a créé aussi la plaque pour sa tombe avec ce métal émaillé qui faisait ses créations. Et l’enterrement a été une fête, un partage.
Terminons avec des mots de Clémentine :
« Nous aurions pu faire n’importe quoi : quelles que soient les entreprises de ses filles ou de ses petits-fils, Papa s’investissait avec l’enthousiasme et la joie immense dont il était capable.
On ne peut pas tout raconter d’une vie, surtout lorsqu’elle a été beaucoup vécue et qu’elle est vue à hauteur d’enfant. »
La lecture de ce livre participe à ce que la vie soit « beaucoup vécue ».
Jean-Marc Talpin