Marie Didier, Morte-saison sur la ficelle et autres récits

p. 4

Référence(s) :

Marie Didier, Morte-saison sur la ficelle et autres récits, Paris, Gallimard, 2008, 140 pages.

Texte

D’abord, il y a le titre. De ceux qui attirent car ils portent poétiquement l’énigme, agissent comme autant de signifiants énigmatiques. On a ainsi lu Acide, arc-en-ciel, Aux confins du fricandeau ou encore L’homme est un grand faisan sur terre et bien d’autres encore… pour le titre. Et l’on n’a pas été déçu.

Et puis, il y a le nom de l’auteur. On se souvient avoir lu, en toute ignorance, Le livre de Jeanne. On avait aimé, avant même l’écriture, l’humanité, la même que celle de Ma nanie (Alix Saint-André). On s’était dit que l’on avait envie de retrouver ce regard sur l’homme, cette voix qui le portait. Ce fut Dans la nuit de Bicêtre. Un livre que l’on a beaucoup offert, que l’on a proposé à lire à tant d’étudiants. L’hospice de Bicêtre avant et pendant la révolution française, alors qu’un humble révolutionnait tranquillement, humainement, le regard sur les aliénés, avant que Pinel n’inaugura sa propre geste tout en disant sa dette à l’humble.

Alors, un nouveau « Marie Didier » (le dire ainsi n’a pas de sens !), on n’hésite pas, on regarde à peine la quatrième de couverture, juste pour se donner bonne conscience, on achète, on lit.

Des nouvelles. Le copain libraire avait dit « à déguster, à lire une par une, jour après jour ». Il avait peut-être raison mais on ne l’a pas écouté, ce sera pour la seconde lecture. On a lu le livre en deux soirs : les histoires sont différentes, sans lien entre elles mais un climat se construit au fil des histoires. On n’a pas envie de quitter cette voix, ce monde. Un monde petit, proche du quotidien. On est parfois heureux, parfois un peu inquiet. On ne saurait dire pourquoi ou alors, avec Jankélévitch, « un je ne sais quoi, un presque rien ». Et l’on se dit que l’on est proche de Nathalie Sarraute. Pas l’écriture, non, il y a là plus de tendresse, mais la précision du regard sur l’humain, l’attention à ces minuscules mouvements de l’âme que Sarraute nomme des « tropismes ». Si proche du préconscient, à la limite de la prise de conscience et de la dénégation. On pense aussi à Joyce, aux épiphanies. On a peur d’écraser l’auteur de références, on voudrait juste dire qu’on aime ses livres, dire qu’il faut les découvrir pour de vrai, en n’en sachant pas trop, dire que vraiment ça vaut le coup (il ne saurait être question de peine !).

Citer cet article

Référence papier

Jean-Marc Talpin, « Marie Didier, Morte-saison sur la ficelle et autres récits », Canal Psy, 90 | 2009, 4.

Référence électronique

Jean-Marc Talpin, « Marie Didier, Morte-saison sur la ficelle et autres récits », Canal Psy [En ligne], 90 | 2009, mis en ligne le 27 septembre 2021, consulté le 22 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=481

Auteur

Jean-Marc Talpin

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