François Berléand, Le fils de l’homme invisible

p. 12

Bibliographical reference

François Berléand, Le fils de l’homme invisible, Stock, 2006, 211 p.

Text

Nombreuses sont les raisons de lire un livre, je veux dire de le choisir dans la foule inépuisable de tous les livres possibles. Il en est une qui me saisit parfois, à tort ou à raison : le titre. Ainsi ai-je lu, à cause de leur titre, Aux confins du fricandeau, L’homme est un grand faisant sur terre et, donc, Le fils de l’homme invisible. Sans doute les titres, pour retenir ainsi le lecteur, fonctionnent-ils en signifiants énigmatiques (J. Laplanche), suscitant une interrogation dont on espère que la lecture l’épuisera.

Ce livre, sorte d’autobiographie imaginaire, part précisément du cheminement chez l’auteur de cette phrase prononcée par son père à son adresse : « Toi, tu es le fils de l’homme invisible ». Boutade, certes, pour dire un fils la tête dans les étoiles, mais boutade prise au pied de la lettre par le fils, ce qui lui vaudra bien des mésaventures lorsqu’il se comportera en classe comme fils invisible de l’homme invisible, mais hélas pour lui à la vue de tout un chacun, profs en premier. Boutade qui rencontre aussi le roman familial lorsque le petit François se demande comment il va retrouver son père puisque celui-ci est invisible ! Sans doute la rencontre de Spiderman sera-t-elle d’un grand secours. Lisant ce livre, le lecteur est partagé entre l’envie de rire (on imagine parfois une sorte de Woody Allen), l’émotion face à la détresse de l’enfant puis de l’adolescent, et une immense tendresse pour ce garçon embarqué dans un imaginaire à la fois pathétique et d’une grande beauté poétique.

Dans son étrange parcours, François rencontre un psychiatre déroutant, au moins aux yeux de l’enfant qu’il fut, une pédagogue soixante-huitarde inquiétante qui participe à l’assigner à une place d’enfant fou dont il ne veut pas, et un psy certes peu académique dans ses pratiques (le cadre ne semble guère le préoccuper, nous sommes dans les années 68 !) mais attentif et bienveillant. Un psy qui lui ouvre la porte par laquelle sortir de ses angoisses de plus en plus persécutoires, à la limite de la psychose et de la déréalisation, un psy qui, par une autre phase d’abord énigmatique (« Toi, tu devrais être acteur ! »), lui ouvre la porte de ce qui deviendra l’un des investissements centraux de sa vie : le théâtre et le cinéma.

Le livre finit, on sait qu’il continuera son chemin en nous, le jour, la nuit, et l’on a envie de remercier son auteur d’avoir été avec nous pour nous raconter ainsi une histoire, la sienne.

References

Bibliographical reference

Jean-Marc Talpin, « François Berléand, Le fils de l’homme invisible », Canal Psy, 78 | 2007, 12.

Electronic reference

Jean-Marc Talpin, « François Berléand, Le fils de l’homme invisible », Canal Psy [Online], 78 | 2007, Online since 24 septembre 2021, connection on 22 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=685

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Jean-Marc Talpin

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