« Que la crise soit vécue comme une mise à mort marque la connotation toujours menaçante des déréglements qui surviennent dans un système vivant. »
R. Kaës, 1979, « Introduction à l’analyse transitionnelle », dans Crise, rupture et dépassement, Dunod, Paris, 2004, p. 6.
Nous vous proposons dans ce nouveau numéro de décembre-janvier de Canal Psy d’aborder la notion de crise dans ses rapports au trauma. Moment de rupture dans l’équilibre défensif antérieur, la crise se présente comme une réactualisation d’éléments psychiques non élaborés qui se trouvent à nouveau mis sur le devant de la scène.
Irruption intempestive et désorganisatrice, la crise est ainsi porteuse d’une connotation négative, anxiogène, en tant que perte des étayages de base et avancée vers un inconnu par définition incertain. Pourtant, au même titre que la compulsion de répétition, la crise peut ouvrir vers une élaboration subjectivante et se révèle ainsi indissociable de la croissance psychique.
Ce dossier traite donc de la crise sous trois angles décalés. Tout d’abord Damien André aborde la notion de crise par le biais d’une situation clinique, en analysant la façon dont un patient a pu venir déposer sa crise psychique dans un dispositif thérapeutique spécifique. Puis Blandine Bruyère propose une réflexion sur la crise dans le contexte du travail, en mettant en avant le fait que la crise vient ici révéler a posteriori un investissement spécifique de cet espace. Enfin Hélène Descubes Demirdjian évoque les effets sensibles dans les générations actuelles du trauma survenu plusieurs décennies auparavant dans l’histoire des Arméniens.
En rubrique vous trouverez un texte de Mathilde Casanova qui apporte une analyse de la pièce de théâtre Père d’Auguste Strindberg, décrivant le vacillement psychique d’un père. La pièce est sombre mais le propos intemporel. Merci Mathilde pour cette proposition de lecture qui nous invite à (re)découvrir l’œuvre de Strindberg.
Très bonne année 2007 à tous.
Jérôme Dupré-Latour