Sylvie Freyermuth, Jean-François P. Bonnot et Timo Obergöker (dir.), Ville infectée, ville déshumanisée

vol. 29, Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, coll. « Comparatisme et société », 2014, 275 p.

p. 252-253

Référence(s) :

Sylvie Freyermuth, Jean-François P. Bonnot et Timo Obergöker (dir.), Ville infectée, ville déshumanisée, vol. 29, Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, coll. « Comparatisme et société », 2014, 275 p.

Texte

Cet ouvrage collectif en quatre parties réunit les contributions de quatorze chercheurs représentant neuf universités européennes (Luxembourg, Franche-Comté, Chester, Cluj-Napoca, Amsterdam, Charles-de-Gaulle-Lille 3, Stendhal-Grenoble 3 et Leyde), et associés au programme de recherche LocilLitt (Reconstructions littéraires françaises et francophones des espaces sociopolitiques, historiques et scientifiques de l’extrême contemporain) financé par l’université du Luxembourg.

Dans la première partie intitulée Contamination de l’espace et informations contaminantes, Véronique Adam étudie le « corps humain et le corps social dans la ville infectée » en s’appuyant sur les écrits d’Hervé Guibert et de Marie NDiaye. Simona Jişa traite de « la peste au troisième millénaire » en prenant pour exemple le roman de Fred Vargas Pars vite et reviens tard. Jean-François P. Bonnot analyse le « rôle des indices biologiques et culturels dans la propagation de la contamination dans les réseaux sociaux et urbains », et Yvonne Goga propose « Paris “ville atroce” dans la vision de Michel Houellebecq ». Dans la deuxième partie, Des lieux et non-lieux d’Augé… À leur remise en cause comme catégories ontologiques, Timo Obgöker nous entraîne « aux confins des villes infectées » en s’appuyant sur Un livre blanc de Philippe Vasset. Nathalie Roelens a choisi la formule latine, Ambulo ergo sum, pour caractériser le « chant du piéton », celui-ci, selon elle, étant « une espèce en voie de disparition ». Sous le titre de Dogvilles, Manet van Montfrans propose une étude sur « Jean Rolin sur les traces des chiens errants », et Sylvie Freyermuth étudie la « généricité et le degré d’implication dans l’appréhension des processus de déshumanisation — ou d’humanisation ». Dans la troisième partie, Espaces-cyborgs et avatars d’Aliens, Sonja Kmec et Agnès Prüm étudient « l’insoutenable banalité des lieux-cyborgs », et plus particulièrement « des stations-service dans l’imaginaire de l’extrême contemporain ». Petr Dyter évoque « le Berlin de François Bon et Jean-Philippe Toussaint : une ville habitée d’Histoire », et Marie-Agnès Cathiard propose « une désaliénation neuro-cognitive des Aliens des légendes (r)urbaines ». Dans la quatrième et dernière partie, Littérature et penseurs de l’espace urbain, Christelle Reggiani étudie « les non-lieux littéraires comme lieux rhétoriques », ce qui lui permet de faire « quelques remarques sur l’imaginaire spatial de la littérature française contemporaine » et Annelies Schulte Nordholt, enfin, étudie « les lieux de l’extrême contemporain et la pensée du quotidien ».

Les auteurs des articles composant ce volume ont une approche pluridisciplinaire du concept de surmodernité tel qu’il a été défini par Marc Augé, et ils se proposent d’explorer, à travers la création littéraire française et francophone actuelle, les nouveaux espaces sociaux, lieux et non-lieux de l’extrême contemporain, que sont les banlieues des grandes villes, les usines, les prisons, les gares ou les stations-service, en les reconsidérant « à l’aune des pratiques individuelles ». La littérature, dans ce contexte, est « à la fois une caisse de résonance des fantasmes et des terreurs et une conscience critique ».

Dans un monde dominé par la peur des guerres, de la contamination (on pense au Sida et à Ebola), de la violence urbaine, de ce qui vient de l’étranger et par le mal de vivre, cet ouvrage est d’une actualité brûlante et il pose à sa manière les véritables questions du devenir de notre civilisation.

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Référence papier

Jean Marigny, « Sylvie Freyermuth, Jean-François P. Bonnot et Timo Obergöker (dir.), Ville infectée, ville déshumanisée », IRIS, 36 | 2015, 252-253.

Référence électronique

Jean Marigny, « Sylvie Freyermuth, Jean-François P. Bonnot et Timo Obergöker (dir.), Ville infectée, ville déshumanisée », IRIS [En ligne], 36 | 2015, mis en ligne le 15 décembre 2020, consulté le 29 mars 2024. URL : https://publications-prairial.fr/iris/index.php?id=1642

Auteur

Jean Marigny

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