Chronique de la vie et de l’œuvre de Boris Pasternak. Fragment 1889-1900

  • Летопись жизни и творчества Бориса Пастернака. Отрывок 1889-1900
  • A Chronicle of the life and work of Boris Pasternak. Excerpt 1889-1900

DOI : 10.35562/modernites-russes.382

L’ambitieux projet Chronique de la vie et de l’œuvre de Boris Pasternak n’en est encore qu’au premier stade de son élaboration. Cette Chronique ne commence pas par la naissance du poète en 1890, mais par le mariage de ses parents en 1889. La décennie 1889-1900 nous fait découvrir la petite enfance du poète et les circonstances de la vie de Rozalija et Leonid Pasternak, respectivement musicienne et peintre. Bien que les documents pour une trame chronologique détaillée de cette période fassent défaut, les auteurs parviennent à réunir les événements qui jouent un rôle important dans l’éducation, la vie et l’œuvre du poète : la naissance de son frère Aleksandr, la visite de Lev Tolstoj chez les Pasternak, le travail du père sur les illustrations du roman Résurrection, les expositions de peinture, la musique de la mère et les premières impressions que la musique produit sur le poète. La vie quotidienne d’une famille d’artistes devient une nouvelle grille de lecture pour les événements historiques (par exemple, la mort d’Alexandre III ou le décret du 28 mars 1891) et la vie artistique de Moscou, et un moyen de percevoir l’atmosphère de l’Âge d’argent, le « bruit du temps ».

Огромный проект Летопись жизни и творчества Б. Л. Пастернака находится в начальной стадии своей разработки. Хроника начинается не с рождения поэта в 1890 году, а с 1889 года, когда родители Пастернака заключили брак. Десятилетие 1889-1900, охватывающее годы раннего детства поэта и события семейной жизни его родителей, пианистки и художника, является наименее задокументированным. Несмотря на то, что материала для подробной хронологической канвы очень мало, воссоздаются обстоятельства, значимые для дальнейшего формирования личности поэта : рождение брата, появление в доме Льва Толстого, работа отца над иллюстрациями к Воскресению, художественные выставки, музыка матери и первые впечатления от нее. Сквозь призму повседневности творческой семьи по-новому прочитываются не только исторические события (например, смерть Александра III или указ от 28 марта 1891) и жизнь московских деятелей искусства, но и атмосфера Серебряного века, «шум времени».

The ambitious project Chronicle of the life and work of Boris Pasternak is still in its early stages of development. The Chronicle does not begin with the poet’s birth in 1890, but with his parents’ marriage in 1889. Although it is less documented, the decade 1889-1900 gives us an insight into the poet’s early childhood and the circumstances of the life of Rozalija and Leonid Pasternak, respectively a musician and a painter. Although the materials for a detailed chronological outline of this period are lacking, the authors managed to bring together the events that played an important role in the poet’s upbringing, life, and work: the birth of his brother Aleksandr, Lev Tolstoj’s visit to the Pasternaks, Boris’s father’s work on the illustrations for the novel Resurrection, the painting exhibitions, his mother’s music and the first impressions that music produced on the poet. The daily life of an artistic family became a new grid for reading historical events (for example, the death of Alexander III or the decree of March 28, 1891) and the artistic life in Moscow, and a way to perceive the atmosphere of the Silver Age, the “noise of time”.

Plan

Notes de l’auteur

La publication a bénéficié de la subvention de recherche RFBR № 20-012-00110 A.

Texte

Année 1889

14 février1, Moscou

Mariage du peintre Leonid Osipovič Pasternak (22 mars 1862 – 31 mai 1945) et de la pianiste Rozalija Isidorovna Kaufman (26 février 1867 – 23 août 1939) à la grande synagogue chorale de Moscou, rue Solianka. [Пастернак Евгений, 1989 : 11]

15-19 février, Moscou — Saint-Pétersbourg

Les jeunes mariés se rendent à Saint-Pétersbourg à la XVIIe Exposition des Ambulants qui devait s’ouvrir le 26 février. À cette exposition fut présenté le tableau de Leonid O. Pasternak Lecture d’une lettre en provenance de la terre natale ; autres titres du tableau : Nouvelles venues de la terre natale, Lettre en provenance de la terre natale. [Пастернак Леонид, 2017 : 229 ; Пастернак Евгений, 1989 : 11]

1er mars, Moscou

Vente du tableau de Leonid Pasternak Lecture d’une lettre en provenance de la terre natale à Pavel M. Tret’jakov pour 1 500 roubles. [Пастернак Леонид, 2017 : 229]

Mars, Moscou — Odessa

Rozalija et Leonid Pasternak se rendent à Odessa. [Пастернак Евгений, 1989 : 11]

25 mars, Odessa

Rozalija Pasternak donne un concert à la mémoire du célèbre violoncelliste, compositeur et chef d’orchestre Karl Ju. Davydov. [Пастернак Евгений, 1989 : 11-12]

23 avril, Odessa

Après avoir fait passer un dernier examen à sa classe, Rozalija Pasternak quitte son poste de professeur à la Section d’Odessa de la Société musicale russe. [Пастернак Евгений, 1989 : 12]

Été, Odessa

L’argent reçu de Pavel Tret’jakov pour le tableau permit de louer une maison dans le village côtier de Chabo en Bessarabie. Rozalija Pasternak, qui était enceinte, et que son époux avait confiée aux soins de sa mère, y passa l’été. [Пастернак Леонид, 2017 : 229]

12 juillet — vers le 20 août, Paris

Leonid Pasternak se rend à l’Exposition universelle inaugurée à Paris en mai 1889 ; il y arrive le 16/28 juillet 1889. L’exposition comprend une grande section dédiée à la peinture. [Пастернак Леонид, 2017 : 230-252]

Automne, Moscou

Leonid Pasternak et sa femme s’installèrent à Moscou dans la maison Vedeneev sur la place du Vieil arc de triomphe, située entre la deuxième rue Tverskaja-Jamskaja, rue Oružejny et la troisième rue Tverskaja-Jamskaja. L’atelier de menuiserie du propriétaire jouxtait la maison. Les immeubles voisins étaient loués à des commerçants qui y descendaient les jours de marché, et leurs carrioles et chevaux encombraient alors la cour. L’appartement no 3 comportait six petites pièces dont aucune ne pouvait servir d’atelier d’artiste ; l’appartement était bon marché, mais peu pratique. [Пастернак Леонид, 2017 : 252 ; Пастернак Евгений, 1989 : 14-15]

Année 1890

Début janvier, Moscou

Anton Rubinštejn, qui venait d’achever sa carrière artistique par deux concerts à Moscou les 6 et 7 janvier, rendit visite aux Pasternak qui logeaient toujours dans la maison Vedeneev. Pendant que son épouse lui joua un morceau, Leonid O. Pasternak peignit le portrait du compositeur assis dans un fauteuil et recouvert d’un plaid, l’hiver il faisait froid dans l’appartement. [Пастернак Леонид, 2017 : 252]

29 janvier, Moscou

À minuit, dans la famille Pasternak, naît un garçon, Boris. Une nourrice, Macha, est engagée pour lui. Rozalija allaitera ses autres enfants. [Пастернак Евгений, 1989 : 14]

6 février, Moscou

Leonid Pasternak reçoit un message de Mihail Nesterov dans lequel il apprend que son tableau Prière d’enfants aveugles, présenté à la XVIIe Exposition des Ambulants à Saint-Pétersbourg, a été refusé par le jury. [Пастернак Леонид, 2013 : 274]

13 février, Moscou

Circoncision de Boris Pasternak. Inscription dans le registre de la synagogue de Moscou : « Un fils, du nom de Boris, est né le 21 du mois de Shevat et circoncis le 5 du mois d’Adar en raison de sa faible constitution. Lieu de naissance : quartier de l’Arbat, deuxième bureau de police rue Oružejnyj, maison Vedeneev. Père : Isaak Iosiev Posternak, étudiant effectif, artificier de réserve volontaire. Mère : Rajca (Roza) Sruleva Kaufman (par son père) ». [Болдина, Кузовлева, 1993 : 270]

Février-mars, Moscou

Klara Kaufman, la sœur cadette de Rozalija Pasternak, arrive d’Odessa afin d’aider sa sœur à s’occuper de l’enfant. [Пастернак Евгений, 1989 : 16-17]

Année 1891

Janvier-février, Moscou

Leonid Pasternak est invité à illustrer une édition des œuvres de M. Ju. Lermontov que la Société I. N. Kušnerev et Cº prépare à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort du poète. [Пастернак Леонид, 2013 : 278]

1er mars, Moscou – Saint-Pétersbourg

Leonid Pasternak se rend à la XIXe Exposition des Ambulants de Saint-Pétersbourg. Son tableau Retour en famille est accepté par le jury. Il sera par la suite acheté par le collectionneur et mécène David Vysockij. [Пастернак Леонид, 2013 : 277-280]

29 mars, Moscou

Publication d’un décret ordonnant l’expulsion des Juifs de Moscou, préparé par le grand-duc Sergej Aleksandrovič Romanov et signé par Alexandre III. « Le Ministre de l’intérieur pria humblement Sa Majesté Impériale de daigner lui accorder son autorisation de prendre les mesures suivantes : 1. Avant de réviser par voie législative les dispositions prévues dans la note 3 de l’article 157 du règlement “Sur les passeports” publié en 1890, interdire aux Juifs outilleurs, bouilleurs de cru, brasseurs et, d’une manière générale, aux maîtres-ouvriers et aux artisans, de quitter la zone de résidence, ainsi que de venir s’installer à Moscou et dans le gouvernement de Moscou depuis d’autres provinces de l’Empire. 2. Laisser le Ministre de l’intérieur, en concertation avec le gouverneur-général de Moscou, se charger de la mise en œuvre des mesures permettant aux Juifs susnommés de quitter peu à peu Moscou et le gouvernement de Moscou pour les lieux assignés à la résidence permanente des Juifs. Sur la requête du Ministre de l’intérieur, il est écrit de la propre main de Sa Majesté Impériale : À exécuter. Fait à Gatchina, le 28 mars 1891. »

Le décret ne concernait pas la famille de Pasternak car, diplômé d’études supérieures et artiste-peintre, Leonid Pasternak bénéficiait du droit au titre de citoyen d’honneur. En avril de cette même année, il avait déposé au département d’Héraldie sa demande de lui conférer le titre de citoyen d’honneur personnel. Néanmoins, la famille vécut la publication du décret du 28 mars comme un malheur personnel. [Пастернак Леонид, 2017 : 271 ; Вермель, 2003 :168]

1er avril, Moscou

Lettre <au peintre> Sergej Ivanov : « Il m’arrive encore une nouvelle histoire par-dessus le marché ; j’ai pris la décision d’envoyer mon garçon et ma femme chez sa famille à Odessa, et j’ai décidé de le faire sans tarder. J’ai résilié l’appartement, je suis en train de faire transporter tous les meubles dans les entrepôts de Kokorev, en attendant je vivrai moi-même à l’hôtel. À la fin de l’été j’irai les rechercher à Odessa et en profiterai pour voir ma famille…».

Leonid Pasternak peint une étude Intérieur avec Rozalija Isidorovna et Boris. [Пастернак Леонид, 2013 : 283 ; Пастернак Евгений, 1989 : 18-19]

6 avril, Moscou – Odessa

Départ de Rozalija et du petit Boris à Odessa. Dans le train, elle ne trouva qu’une place assise et a dû tenir son fils sur les genoux jusqu’à Kiev. Ce n’est qu’après Kiev qu’elle s’installa dans un compartiment. [Пастернак Евгений, 1989 : 19 ; Пастернак Леонид, 2017 : 267-268]

27 avril, village Petrovsko-Razoumovskoïe

Leonid Pasternak déménage à Petrovsko-Razoumovskoïe près de Moscou à l’adresse suivante : voie Ivanovskij, maison Mikini, chambre meublée no 25. Durant l’été, le peintre y gagne l’argent nécessaire à l’entretien de sa famille en travaillant principalement sur les illustrations des œuvres de Lermontov et sur les motifs ornementaux de ce livre2. [Пастернак Леонид, 2017 : 279]

15 juillet, Moscou

Publication des œuvres de Lermontov avec des dessins de Leonid Pasternak, mais aussi d’Ivan Ajvazovskij, les frères Apollinarij et Viktor Vasnecov, Mihail Vrubel’, Efim Volkov, Nikolaj Dubovskij, Sergej Ivanov, Konstantin Korovin, Vladimir Menk, Vladimir Makovskij, Vasilij Polenov, Il’ja Repin, Konstantin Savickij, Valentin Serov, Konstantin Trutovskij, Ivan Šiškin. [Пастернак Леонид, 2013 : 301]

6 août, Moscou – Odessa

Leonid part rejoindre sa famille à Odessa. Pour ses illustrations des œuvres de Lermontov il reçut 1 400 roubles, ce qui suffisait amplement pour payer les dettes et louer un appartement modeste. [Пастернак Евгений, 1989 : 21 ; Пастернак Леонид, 2017 : 357-358]

Mi-septembre, Moscou

Arrivée de la famille Pasternak dans un nouvel appartement dans la maison Lyžin (anciennement Svečin) au 42 rue Oružejnyj, appartement 37 (du côté de la rue Sadovaja au numéro 33). C’est à tort que Boris Pasternak écrit dans Hommes et positions : « Je suis né à Moscou […] dans la maison Lyžin, en face du grand séminaire, rue Oružejnyj ». L’appartement de quatre pièces se trouvait au premier étage. Dans la grande pièce, dont le pignon donnait sur la place de l’Arc de Triomphe, Leonid O. Pasternak installa son atelier. Le piano à queue était placé dans le salon, c’était là que Rozalija jouait et donnait ses leçons de musique. Les fenêtres de cette pièce, mais également celles des chambres des parents et de l’enfant, donnaient rue Oružejnyj. Une nouvelle nourrice, Feona, fut engagée pour s’occuper de l’enfant. Elle le promenait dans le jardin du grand séminaire situé en face de la maison. [Пастернак Евгений, 1989 : 21-23 ; Пастернак Борис, 2005 : 295]

Année 1892

Janvier, Moscou

Nikolaj Nikolaevič Ge rend visite aux Pasternak et fait connaissance de Rozalija Pasternak et du petit Boris. C’est sans doute cette première rencontre qui fut marquée par un événement dont se souvenaient aussi bien le père que le fils  « Lors du déjeuner, Boris, notre petit garçon de quatre ans, entra dans la pièce. Ayant visiblement quelque pensée en tête, fixant Nikolaj Nikolaevič de ses yeux écarquillés et interrogateurs, il alla directement s’installer sur ses genoux, alors qu’habituellement il se tenait à l’écart des inconnus. Nikolaj Ge le garda sur ses genoux pendant tout le repas, et Boris, qui de toute évidence, avait déjà adopté ce « grand-père », ne le quittait pas des yeux. « Vous voyez, Boris et moi sommes déjà bons amis », dit le peintre.

Cet événement resta gravé dans la mémoire de Boris Pasternak durant toute sa vie : « J’ai connu Ge quand j’étais tout petit. Parfois, il disait même qu’il n’avait que deux vrais amis : Lev Nikolaevič Tolstoj et moi. J’avais alors cinq ans ». Double erreur sur l’âge, celle du père et celle du fils : Boris Pasternak n’avait à cette époque que deux ans. [Пастернак Леонид, 2013 : 307-308 ; Пастернак Леонид, 1975 : 141-142 ; Гладков, 2002 :108].

Été, Odessa

La famille passe les mois d’été à Odessa. [Пастернак Петр, 2007 : 20]

Septembre, Moscou

La revue Le Nord (Sever) annonce un concours pour participer à un album d’aquarelles illustrant le roman de Lev Tolstoj Guerre et paix. Leonid Pasternak consentit à y prendre part. [Пастернак Евгений, 1989 : 24]

Automne, Moscou

Une nouvelle nourrice apparaît dans la famille, Akulina Gavrilovna Mihalina. Elle fut engagée pour s’occuper de Boris, mais s’apprêter également à s’occuper d’un deuxième enfant, car Rozalija Pasternak était enceinte. [Пастернак Евгений, 1989 : 25]

Année 1893

13 février, Moscou

Un second fils, Aleksandr, naît dans la famille Pasternak. [Пастернак Евгений, 1989 : 25]

15 février – 12 mars, Saint-Pétersbourg

XXIIe Exposition des Ambulants à laquelle Leonid Pasternak présentait son tableau La débutante. Retenu par la naissance de son fils, le peintre ne put se rendre à Saint-Pétersbourg. Le jury accepta le tableau. [Пастернак Евгений, 1989 : 25]

27-31 mars, Moscou

Le 29 mars eut lieu l’inauguration d’une exposition des Ambulants dans les salles de l’École de peinture, sculpture et architecture de Moscou. Lev Tolstoj visita l’exposition avant son ouverture. Le tableau de Leonid O. Pasternak La débutante produisit sur lui une impression favorable. Tolstoj invita le peintre à venir boire le thé dans sa maison « le vendredi suivant ».

2 avril, Moscou

Leonid Pasternak rend sa première visite à Lev Tolstoj dans sa maison à Khamovniki, pour lui montrer ses aquarelles illustrant Guerre et paix. [Пастернак Евгений, 1989 : 25 ; Пастернак Леонид, 1975 : 174-175, 274]

26 juin, Moscou – Iasnaïa Poliana (gouvernement de Toula)

Sur une nouvelle invitation de Lev Tolstoj, Leonid Pasternak passe plusieurs jours dans le domaine d’Iasnaïa Poliana. Il y fait quelques croquis de Tolstoj en train de faucher et deux aquarelles des pièces de la maison. [Пастернак Леонид, 2017 : 359]

Début juillet – 13 septembre au plus tard, Moscou – Odessa

Dès le retour de Leonid de Iasnaïa Poliana, la famille part à Odessa où elle passe le reste de l’été à la campagne. [Пастернак Евгений, 1989 : 26 ; Пастернак Леонид, 2013 : 319]

10 décembre, Moscou

Concert de Rozalija Pasternak dans la salle des Colonnes où elle interprète la partie du piano, avec le violoniste Jan Hřimalý et le violoncelliste Anatolij Brandukov, dans le trio en la mineur de Pëtr Čajkovskij « À la mémoire d’un grand artiste » (op. 50, 1882) composé à la mort de Nikolaj Rubinštejn. Le concert est dédié à la mémoire de Čajkovskij disparu le 25 octobre 1893. [Пастернак Евгений, 1989 : 26]

Décembre, Moscou

XIIIe Exposition régulière des tableaux des membres de la Société des amateurs des arts de Moscou dans les salles du Musée d’histoire. Leonid Pasternak présente des aquarelles réalisées pour Guerre et paix. [Пастернак Леонид, 2013 : 327]

Année 1894

1er janvier, Moscou

Soirée de Noël imaginée par Tat’jana L’vovna Tolstaja. Quatre masques représentent Tolstoj lui-même, Anton Rubinštejn, Grigorij Zahar’in et Il’ja Repin. Les participants à la mascarade se rendent rue Oružejnyj chez Leonid Pasternak qui les maquille. [Пастернак Леонид, 1975 : 184]

12 février, Moscou

Nikolaj Ge vient à Moscou avec sa toile Crucifixion qu’il expose dans l’atelier de Konstantin Korovin, rue Dolgorukovskaja (rebaptisée plus tard rue Kaljaevskaja). Pasternak l’aide à réaliser l’installation et y tient des permanences. Lev Tolstoj vient voir le tableau et en est ému aux larmes. [Пастернак Евгений, 1989 : 27]

26 février, Moscou – Saint-Pétersbourg

Après l’envoi des tableaux, Ge, Kasatkin, Levitan et Pasternak partent pour Saint-Pétersbourg à la XXIIe Exposition des Ambulants. Lev Tolstoj les accompagne à la gare. Leonid présente trois toiles à cette exposition : Lecture d’un manuscrit (représentant Tolstoj lisant et Ge qui l’écoute), Le tarin (Levitan au piano avec le petit Boris Pasternak) et L’amateur d’art (dont le modèle est un cousin, Karl Pasternak), ainsi que les aquarelles pour Guerre et paix. Le jury accepte les toiles, mais refuse les aquarelles au motif qu’elles sont déjà connues. [Пастернак Евгений, 1989 : 27 ; Гусев, 1960 : 125]

6 mars, Saint-Pétersbourg – Moscou

Leonid quitte Saint-Pétersbourg et rentre chez lui. [Пастернак Леонид, 2017 : 367]

23 – 30 avril, Moscou

La Société des amateurs des arts de Moscou organisa le premier congrès des peintres et des amateurs des arts russes réunissant plus de sept cents délégués. On voulut que les dates du congrès coïncidassent avec celles de la donation à la ville de Moscou de la galerie de Pavel et Sergej Tret’jakov. Leonid fut élu au conseil du congrès malgré son absence ; on lui confia le décor d’une nouvelle mise en scène de l’opéra d’Arenskij Raphaël. Nikolaj Ge, arrivé en retard à cause d’une maladie, prononça un discours à la clôture du congrès. [Пастернак Евгений, 1989 : 27-28]

Fin mai, Moscou

Leonid Pasternak reçoit la visite du prince Aleksej L’vov, inspecteur de l’École de peinture, sculpture et architecture, qui lui propose une place de professeur. Leonid accepte, mais prévient cependant, dans sa demande écrite, qu’il « ne se permettrait jamais même de songer à un baptême dans un but intéressé ». Cette circonstance ne fit pas obstacle à son embauche. [Пастернак Евгений, 1989 : 28-29]

Été, Odessa

Les Pasternak vivent à la maison de campagne de Bortnevskij, à la Fontaine moyenne près d’Odessa. [Пастернак Евгений, 1989 : 29]

1er juin, gouvernement de Tchernigov

Décès du peintre Nikolaj Ge.

Vers le 10 juillet, Odessa

Leonid Pasternak reçoit l’arrêté officiel no 659 du 4 juillet 1894 : « Сher Monsieur, le bureau du Сonseil a l’honneur de vous informer qu’à la suite de votre requête datée du 24 mai courant, le Très honoré Président de la Société des arts de Moscou statua de vous nommer à compter du 1er septembre 1894 professeur subalterne des classes de peinture figurative de l’École de peinture, sculpture et architecture, avec un traitement annuel de 600 roubles, un atelier et un appartement de fonction. Secrétaire du Conseil, Prince L’vov » [Пастернак Евгений, 1989 : 29]

Août, Moscou

Les Pasternak quittent leur appartement dans la maison Lyžin pour emménager dans un logement de fonction : quatre pièces au rez-de-chaussée d’un bâtiment situé dans la cour de l’École de peinture, sculpture et architecture, au 21 rue Mjastnickaja. Dans cette maison, où la famille s’était installée dans un premier temps au rez-de-chaussée, régnait une atmosphère familiale, aux antipodes de « l’esprit pompeux » qui, comme l’écrivait Boris Pasternak dans Hommes et positions, « était inhérent à l’École » : « Dans la cour, en face du portillon conduisant au petit jardin aux très vieux arbres, au milieu de dépendances, de refuges et de cabanons, se dressait notre maison. En bas, dans son sous-sol, on servait des repas chauds aux élèves. L’escalier baignait perpétuellement dans une odeur âcre de viande grillée et de petits pâtés frits dans du saindoux. L’entrée de notre appartement se trouvait sur le palier juste au-dessus ». [Пастернак Евгений, 1989 : 29 ; Пастернак Борис, 2005 : 296-297]

30 octobre, Moscou

Cortège funèbre accompagnant la dépouille d’Alexandre III3. Depuis le balcon de la salle des actes de l’École de peinture, sculpture et architecture, les professeurs, les élèves et les habitants de la maison observaient la cérémonie. Dans Hommes et positions Boris Pasternak se souvient : « Élèves et professeurs étaient là. Au sein de cette multitude rassemblée devant la rambarde du balcon ma mère me tenait dans ses bras. À ses pieds s’ouvrait l’abîme. Au fond de l’abîme, la rue déserte jonchée de sable était figée dans l’attente. Des militaires s’agitaient et criaient à tout-va des ordres pourtant inaudibles pour les spectateurs là-haut sur le balcon, tant tous les sons semblaient engloutis — comme l’eau absorbée par le sable — par le silence de la foule retenant son souffle que des rangées de soldats avaient repoussée de la chaussée vers les bords des trottoirs. Les cloches, lugubres et monotones, retentirent dans les airs. Comme une ondulation de la mer prend de l’amplitude venant du large, les mains se portèrent aux têtes. Moscou ôtait les chapeaux et se signait. Alors que de toutes parts les cloches sonnaient le glas funèbre, apparut la tête d’un cortège infini : les troupes d’armée, le clergé, les chevaux parés et empanachés de noir, le catafalque d’une incroyable somptuosité, les hérauts vêtus de costumes stupéfiants d’un autre siècle. La procession s’avançait, s’avançait toujours, et les façades des immeubles étaient tendues de grandes bandes de crêpe, tapissées de noir et les drapeaux en berne s’inclinaient bas ». [Пастернак Борис, 2005 : 297 ; Московские ведомости, 1894 : 1-2]

23 novembre, Moscou

Tolstoj accompagné de ses filles se rendit chez Leonid Pasternak à l’École de peinture, sculpture et architecture pour un concert donné par Rozalija et deux professeurs du Conservatoire, le violoniste Jan Hřimalý et le violoncelliste Anatolij Brandukov. Le concert était dédié à la mémoire d’Anton Rubinštejn, disparu depuis peu (8 novembre 1894), et de Nikolaj Ge, décédé quelques mois plus tôt (1er juin 1894). Le piano se trouvait dans une pièce de passage et on pouvait bien l’entendre depuis la chambre de l’enfant ; réveillé par la musique au milieu de la nuit, le petit Boris « se mit à crier et pleurer de frayeur et d’angoisse ». « Pourquoi pleurais-je ainsi et pourquoi ai-je ce souvenir aigu de ma souffrance ? J’étais habitué aux sons du piano dont ma mère jouait en virtuose. La voix du piano faisait pour moi partie intégrante de la musique elle-même. Les timbres des instruments à cordes, particulièrement dans les parties de musique de chambre, m’étaient inhabituels et m’inquiétaient comme des présages funestes ou de véritables appels au secours venant du dehors et frappant au carreau ». On fit venir l’enfant au salon, et sa mémoire retint un homme, aux cheveux blancs, qui était parmi les invités. Boris Pasternak en témoignait dans Hommes et positions (1956) : son image « traversa toute ma vie, surtout parce que mon père illustrait ses livres, allait le voir, lui vouait une profonde admiration, et que toute notre maison était imprégnée de son esprit. C’était Lev Tolstoj ». [Родионов, 1948 : 125 ; Пастернак Борис, 2005 : 297-298 ; Толстая, 1978 : 223]

Année 1895

21 mars, Moscou

Rozalija Pasternak participe à un concert au profit des élèves dans le besoin de l’École de peinture, sculpture et architecture. Elle interprète un trio d’Anton Rubinštejn avec Jan Hřimalý et Modest Al’tšuler. Le critique Nikolaj Kaškin en fit une recension élogieuse. [Пастернак Евгений, 1989 : 33 ; Программа концерта]

Fin mai – 4 juin, Moscou-Odessa

La famille part pour l’été à Odessa ; les Pasternak sont d’abord reçus chez les Kaufman, les parents de Rozalija Pasternak, puis louent une maison à la campagne. Les enfants, Boris et Aleksandr, tombent malades, ils toussent. [Пастернак Евгений, 1989 : 32-33 ; Пастернак Леонид, 2017 : 369]

4 juin, Odessa

Leonid traverse la Pologne et l’Autriche pour rejoindre Paris où il visite les musées et les salons d’art. [Пастернак Леонид, 2017 : 369-370]

1er juillet, Odessa

Leonid Pasternak rentre de Paris. [Пастернак Евгений, 1989 : 33]

12 octobre, Moscou

Rozalija Pasternak participe à plusieurs concerts de la Société musicale russe, où elle tient la partie de piano du quintette pour piano et cordes de Schumann. « Madame Pasternak, outre sa maîtrise de la technique et du goût, est dotée par-dessus tout d’un tempérament artistique qui rend son jeu particulièrement vivant ». [Кашкин, 1895 : 3]

19 novembre, Moscou

Concert dans la Salle des colonnes. Rozalija Pasternak devait ouvrir la deuxième partie avec une œuvre de Wagner transcrite pour piano par Liszt. On lui annonce à l’entracte que ses deux fils souffrent d’une forte poussée de fièvre. Après avoir joué, et sans attendre la fin du concert, elle se précipite à la maison. Priant pour la guérison de ses enfants, elle fait le vœu de ne plus se produire sur scène. Les garçons se remettent rapidement, mais elle ne donna plus aucun concert durant les dix années qui suivirent. [Пастернак Евгений, 1989 : 33]

Année 1896

6 février, Saint-Pétersbourg

Leonid Pasternak se rend à la XXIVe Exposition de la Société des expositions des Ambulants et descend à l’hôtel Russie sur la Mojka. Il y apporte deux tableaux : Les étudiants (La veille des examens) et L’amateur de peinture. [Пастернак Леонид, 2017 : 377]

7 février, Saint-Pétersbourg

Leonid Pasternak reçoit de sa femme une lettre à laquelle elle a joint un billet de Boris. « Extrait de la lettre de Leonid à sa femme : « …Tu n’avais pas encore éprouvé la joie que j’ai ressentie aujourd’hui ! Celle de lire une “lettre de mon fils” — il est impossible de la décrire ! ». [Пастернак Леонид, 2017 : 379]

12-13 février, Saint-Pétersbourg – Moscou

Retour de Leonid Pasternak à la maison. Il prévoit de fêter chez lui deux anniversaires : le 12 février, celui de son fils cadet Aleksandr, et le 14 février, l’anniversaire de son mariage. [Пастернак Леонид, 2017 : 384-385]

Mai, Moscou-Odessa

Départ de la famille Pasternak à Odessa pour les vacances d’été. Ils louent une maison dans le village d’Ol’gino, à la Grande Fontaine. Liens d’amitiés avec la famille de la sœur de Leonid Pasternak, Asja Frejdenberg. Sa fille Olga et les fils Pasternak sont inséparables. [Пастернак Евгений, 1989 : 36-37]

Fin août, Odessa – Moscou

Retour de la famille Pasternak à Moscou pour la rentrée scolaire. [Пастернак Евгений, 1989 : 37]

Automne, Moscou

Boris Pasternak suit une préparation pour entrer à l’école auprès de l’église luthérienne Saints-Pierre-et-Paul (St. Petri und Pauli Schule) ; située rue Petroverigskij, l’école était constituée des classes élémentaires et secondaires. Les enfants y étaient admis à partir de l’âge de sept ans. « Pendant un certain temps, mes parents envisagèrent de m’inscrire à l’école Saints-Pierre-et-Paul, j’étudiais donc toutes les matières du programme primaire en allemand » (Hommes et positions). Plus tard les parents du poète renoncèrent à leur intention. [Пастернак Петр, 2007 : 34 ; Пастернак Евгений, 1989 : 40 ; Пастернак Борис, 2005 : 301]

Année 1897

Hiver, Moscou

Leonid Pasternak prend part à des soirées consacrées au dessin dans la maison du prince Vladimir Golicyn, où il peint entre autres le portrait de la princesse Zinaida Jusupova. Les soirées étaient organisées par Sofia Golicyna, dans leur maison, rue Bol’šaja Nikitskaja. [Пастернак Евгений, 1989 : 38-39 ; Пастернак Леонид, 1975 : 43-44]

1er mai, Moscou-Odessa

Départ de la famille Pasternak en vacances à la campagne aux environs d’Odessa. [Пастернак Леонид, 2013 : 350]

Septembre, Moscou

Boris Pasternak commence à étudier avec Ekaterina Ivanovna Boratynskaja, disciple et collaboratrice de Lev Tolstoj. « Avec elle, j’ai appris à écrire et à lire, elle m’a donné les bases de l’arithmétique et du français… » (Hommes et positions). Boris Pasternak vient travailler chez elle, dans l’appartement qu’elle loue à cette époque dans l’une des maisons Šeremet’ev, rue Vozdviženka. [Смолицкий, 2012: 130 ; Пастернак Борис, 2001 : 10 ; Пастернак Борис, 2005 : 301]

Septembre, Moscou

Le sculpteur Pavel Trubeckoj accepta la proposition du prince Aleksej L’vov, directeur de l’École de peinture, sculpture et architecture de Moscou, de venir y enseigner la sculpture. Spécialement à son intention on fit construire un atelier indépendant avec lumière zénithale et de larges portes pouvant laisser passer une double voiture et des cosaques à cheval ; on installa une fonderie et on fit venir d’Italie le remarquable maître-fondeur Carlo Robecchi. Les enfants Pasternak observaient les travaux du sculpteur depuis les fenêtres de leur appartement. [Пастернак Борис, 2005 : 299]

Année 1898

25 mai, Odessa

Rozalija Pasternak accompagne son époux à la gare d’Odessa. Il doit partir en Europe ; le but de son voyage est de faire connaissance, à Vienne et à Münich, du nouveau courant artistique appelé Sécession (une fois à Münich, Leonid Pasternak décidera de poursuivre son voyage jusqu’à Paris). De retour à la maison de campagne, elle rédige une première lettre à son mari. Elle y décrit les activités des enfants : « Père est assis avec, d’un côté, Aleksandr, avec qui il étudie l’arithmétique, les –, les + etc..., et, de l’autre, le petit Boris est occupé à recopier un texte. Elle joint à la lettre un mot de Boris en lettres calligraphiées : « Mon cher et tendre Papa, salue bien ma tante, mon oncle et mes cousins, demain j’écrirai à tout le monde. Ton Boris qui t’aime ». [Пастернак Евгений, 1989 : 43 ; Пастернак Леонид, 2017 : 385]

27 mai, Vienne

Dans sa lettre, Leonid O. Pasternak ajoute une note pour Boris (en grosses lettres) : « Merci à toi, mon cher petit Boris, pour tes salutations, aujourd’hui aussi j’attends une lettre de toi. Sois un gentil garçon obéissant. Je t’embrasse. Ton Papa ». [Пастернак Леонид, 2017 : 388]

Été, Odessa

Les Pasternak passent l’été près d’Odessa où ils louent la maison « Ol’gino » à la Grande Fontaine. [Пастернак Леонид, 2013 : 354]

Septembre, Moscou

Le couple Pasternak engage une préceptrice allemande pour l’éducation de leurs fils. [Пастернак Леонид, 2013 : 355]

Avant le 1er octobre, Moscou

Leonid Pasternak est invité à illustrer Résurrection, le nouveau roman de Lev Tolstoj. Tat’jana L’vovna Tolstaja passe en fin d’après-midi pour annoncer au peintre que Lev Nikolaevič, qui vient d’achever sa dernière œuvre, le prie de venir à Iasnaïa Poliana afin de le lire et le sollicite pour l’illustrer. [Пастернак Евгений, 1989 : 43 ; Пастернак Леонид, 1975 : 184-185 ; Пастернак Леонид, 2017 : 355]

6 octobre, Iasnaïa Poliana

Leonid Pasternak arrive chez Lev Tolstoj pour prendre connaissance de son dernier roman. Sof’ja Andreevna écrit dans son journal : « Arrivée du peintre Pasternak, L. N. lui a demandé de venir pour travailler sur les illustrations de Résurrection…». [Пастернак Леонид, 1975 : 186 ; Толстая, 1978 : 416]

16 novembre, Odessa

Iosif Akivovič Pasternak (1828-1898), le père de Leonid Pasternak, décède à l’âge de 84 ans. [Пастернак Евгений, 1989 : 45]

19 novembre, Moscou

Retour le matin de Leonid Pasternak de Iasnaïa Poliana où il est allé montrer à Tolstoï les premières ébauches des portraits de Ekaterina Maslova et Nehljudov. [Толстая, 1978 : 425]

Octobre 1898 – printemps 1899, Moscou

Boris et Aleksandr Pasternak, inspirés par l’exemple de leur père en train d’illustrer l’œuvre de Lev Tolstoj pour la revue La Glèbe (Niva), jouent à « éditer une revue illustrée ». Aleksandr Pasternak se souvient de la carte envoyée par son frère dans laquelle il l’informe qu’il est sur le point d’achever son récit et lui demande de ne pas tarder à fournir les deux illustrations comme il avait été convenu. [Пастернак Александр, 2002 : 39-40]

Année 1899

Mars, Moscou

Début de la publication de Résurrection de Tolstoï dans la revue La Glèbe (Niva). Dans son essai autobiographique Hommes et positions, Boris Pasternak décrit en détail ce travail de son père. [Пастернак Евгений, 1989 : 44-45 ; Пастернак Леонид, 1975 : 194-195 ; Пастернак Борис, 2005 : 299-300]

15 avril, Moscou

R.-M. Rilke rend visite à Leonid Pasternak le lendemain de son arrivée en Russie. Il lui demande de le présenter à Lev Tolstoj. L’écrivain reçoit Rilke le soir même chez lui à Khamovniki. [Азадовский, 2011 : 27-28]

Année 1900

Avant le 1er février, Moscou

Leonid Pasternak reçoit de R.-M. Rilke une lettre et un cadeau : son premier recueil de poèmes À moi pour me fêter (Mir zur Feier, Berlin, 1899). [Пастернак Леонид, 2013 : 367-368]

6 février, Moscou

Rozalija Pasternak donne naissance à une fille, chez elle, dans l’appartement de l’École de peinture, sculpture et architecture. On lui donna le prénom de Žozefina-Ioanna. [Пастернак Евгений, 1989 : 46]

26 avril, Moscou

Rainer Maria Rilke retourne à Moscou accompagné de Lou Andreas-Salomé ; il écrit aussitôt à Leonid Pasternak, et peu après Rilke et Lou Salomé lui rendent visite ensemble. [Рильке, 2000 : 5 ; Пастернак Леонид, 2013 : 373-374]

17 mai, Moscou

Départ de la famille Pasternak pour Odessa. Rilke et Lou Andreas-Salomé entreprennent un voyage en Russie et prennent le même train que les Pasternak. Le premier objectif de Rilke est de visiter Iasnaïa Poliana. Boris Pasternak commence son essai autobiographique Sauf-conduit par sa rencontre avec Rilke à la gare. [Рильке, 2000 : 5 ; Азадовский, 2003 ; Пастернак Леонид, 2013 : 375]

Juin, Paris

Leonid Pasternak se rend en France. Dans le pavillon russe de l’Exposition universelle à Paris sont exposés les originaux de ses trente-trois illustrations du roman de Tolstoj Résurrection. Ces travaux sont récompensés par une médaille. [Пастернак Евгений, 1989 : 45]

17 août, Odessa

Boris Pasternak reçoit l’attestation no 1076 délivrée par le directeur du gymnase classique no 5 d’Odessa validant son succès aux épreuves d’entrée en première classe. [Пастернак Евгений, 1989 : 47]

18 août, Moscou

Leonid Pasternak envoie une demande d’inscription, pour son fils Boris, à A. V. Adol’f, directeur du gymnase classique de garçons no 5 de Moscou. Au même moment, il demande le soutien du prince L’vov, directeur de l’École de peinture, qui s’adresse à son tour à Vladimir Golicyn qui occupait à l’époque la fonction de chef du pouvoir exécutif de Moscou. [Пастернак Евгений, 1989 : 47-48]

26 août, Odessa

Réponse en retour de Vladimir Golicyn qui joint la lettre reçue d’A. V. Adolf. Pasternak essuie un refus au motif que, parmi les 345 élèves de l’école, il y a déjà dix Juifs (soit le quota de 3 %). Le directeur conseille à Pasternak d’attendre une année et de présenter son fils au mois de mai au concours d’entrée en deuxième classe, une place pour les Juifs devant se libérer en août. Il promet d’attribuer cette place à Boris en cas de succès à l’examen. [Пастернак Евгений, 1989 : 48]

12 décembre, Odessa

Mort de Lija, mère de Leonid Pasternak. [Пастернак Евгений, 1989 : 46]

Bibliographie

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Notes

1 Toutes les dates correspondent au calendrier julien en retard de douze ou treize jours sur le calendrier grégorien. Retour au texte

2  М. Ю. Лермонтов, Сочинения. Рисунки художников И. К. Айвазовского, В. М. Васнецова, А. М. Васнецова, М. А. Врубеля, Е. Е. Волкова, Н. Н. Дубовского, С. В. Иванова, К. А. Коровина, В. К. Менка, В. Е. Маковского, В. Д. Поленова, Л. О. Пастернака, И. Е. Репина, К. А. Савицкого, В. А. Серова, К. А. Трутовского, И. И. Шишкина. Художественное издание. Т. 1-3. Москва, товарищество И. Н. Кушнерев и К° и книжного магазина П. К. Прянишникова, 1891-1899. NdT. Retour au texte

3 L’empereur Alexandre III décéda le 20 octobre 1894 au palais de Livadia en Crimée ; la date du 30 octobre correspond au transfert de son corps de la gare de Nicolas Ier à Moscou à la cathédrale de l’Archange Michel. Le convoi funèbre accomplit ce trajet : gare, rue Kalančevskaja, Porte Rouge, rue Mjasnickaja, place Lubjanskaja, rue Voskresenskaja, Porte d’Ibères, porte du Sauveur du Kremlin (Памяти Императора Александра III. Сборник Московских Ведомостей (известия, статьи, перепечaтки). Изд. С. Петровского. Москва, Университетская типография, 1894, с. 55, 68-79). NdT. Retour au texte

Citer cet article

Référence électronique

Anna Sergueïeva-Kliatis et Rachel Likht, « Chronique de la vie et de l’œuvre de Boris Pasternak. Fragment 1889-1900 », Modernités russes [En ligne], 19 | 2020, mis en ligne le 09 septembre 2021, consulté le 17 août 2025. URL : https://publications-prairial.fr/modernites-russes/index.php?id=382

Auteurs

Anna Sergueïeva-Kliatis

Docteur d’État en lettres russes, Professeur du Département de la critique littéraire de la faculté de journalisme de l’université Lomonossov (Moscou), présidente de la commission Pasternak à l’Académie des sciences de Russie ; auteur de plus de 150 publications sur Pasternak et son époque

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Rachel Likht

Chercheuse indépendante, Rishon Le Zion (Israel), a publié une monographie et plusieurs articles sur la vie et l'œuvre de Boris Pasternak

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Traducteur

Christian Lafont

Professeur agrégé de russe en classes préparatoires au lycée du Parc à Lyon

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