Mélanges pour le centenaire de la slavistique lyonnaise, 1920-2020
La première chaire universitaire de russe est créée à Lille en 1892, à l’heure où se noue l’Alliance franco-russe : déclarations politiques, visites diplomatiques, défilés militaires et rencontres gouvernementales, à Cronstadt, Saint-Pétersbourg, Toulon, Marseille et Paris, célèbrent l’amitié et la coopération militaire. En octobre 1893 Lyon accueille une escadre russe, les programmes et les affiches de ces solennités sont conservées dans les archives municipales. Au début des années 1890 l’université lyonnaise n’existe pas encore, elle date de 1896. Les raisons pour lesquelles la ville de Lyon a manqué à la création de son université au Moyen âge, du moins après le rattachement du Lyonnais au royaume de France sous Philippe le Bel (en 1312), sont examinées par René Fédou [Fédou, 1993] et Roland Saussac [Soussac, 2018].
Au milieu du XIXe siècle, les étudiants de la Faculté des Lettres de Lyon ont pu entendre parler des langues et littératures slaves en cours de Frédéric-Gustave Eichhoff (1799-1875), auteur de Langues et littératures des peuples slaves, russes, polonais, lithuaniens (1839) et de la Grammaire générale indo-européenne, ou comparaison des langues grecque, latine, française gothique, allemande, anglaise et russe entre elles et avec le sanscrit (1867).
La chaire de langue et littérature russes est fondée à l’université de Lyon le 1er septembre 1920. Le premier Professeur de cette chaire est Jules Patouillet, en fonction du 19 novembre 1920 au 1er octobre 1932 [Faculté des Lettres, 1939 : 66 ; Patouillet, 1936]. Quelques cours de russe, éphémères ou non, sont antérieurs à l’inauguration de la chaire. « Pendant la guerre, le Conseil Municipal de Lyon votait la création d’un enseignement de langue et littérature russes qui est donné par M. Lewtow, suppléant de M. Pascal, en mission » [Ehrhard, 1919 : 184]. Ce vote est lié aux intérêts de la Chambre de commerce de Lyon et de l’Union des Marchands de Soie [Klein, 2007 : 50]. En 1918-1919, la Faculté des Lettres de l’Université de Lyon est autorisée à faire subir les épreuves pour les licences d’allemand, d’anglais, d’italien et de russe. D’après le Livret de l’étudiant de cette même année scolaire, Benjamin Léopold Lewtow (lecteur d’allemand en 1904-1905 et agrégé d’allemand depuis 1913) est chargé de cours de russe et assisté de lecteur Nierovetzky. Après Jules Patouillet, c’est Marcelle Ehrhard (1887-1972), maître de conférences, ensuite Professeur, qui devient enseignante titulaire secondée, comme son prédécesseur, par des lecteurs de russe, de polonais, de tchèque et de serbo-croate.
Les soutenances des thèses en slavistique ont aussi leur histoire. Le 6 décembre 1901 l’étudiante bulgare Raina Tyrneva soutient à Lyon un doctorat consacré à Nicolas Gogol, écrivain et moraliste, c’est un « doctorat d’Université pour les étrangers que les conditions rigoureuses de notre doctorat ès lettres éloignaient de ce redoutable examen » [Leger, 1902 : 166-167].
Peu d'écrivains russes nous ont laissé leurs impressions sur Lyon : Fonvizin (1777), Karamzin (1790), Gogol’ (1838)... En revanche Lyon se manifeste tôt dans les relations commerciales franco-russes [Observations, 1777; Veuclin, 1894]. Au XVIIIe siècle, parmi tous ceux qui ont mis leur talent au service de la gloire de Catherine II, il est un artisan et artiste lyonnais ; en 1771, Philipe de Lasalle (1723-1804), dessinateur et fabricant de soieries, réalise un très beau portrait tissé de la souveraine russe. On peut toujours le découvrir au Musée des tissus de Lyon [Chaignon, 1991 : 69-70].
Par définition Mélanges est un recueil d’articles sur des sujets divers, pourtant les contributions relatives à la ville de Lyon, à l’histoire des universités et de l’enseignement des langues slaves, ainsi qu’aux personnalités des slavistes, seront les bienvenues.
Soumission des articles : janvier – juin 2022
Date de réponse après une double évaluation : entre 1 et 2 mois après la soumission de l’article.
Publication : décembre 2022