Couperin convoque l’Open Access

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La cinquième édition des Journées Open Access du consortium Couperin (24-25 janvier 2013) a fait le point sur la situation de l’Open Access en France et en Europe. Un partage d’expériences et de projets entre les acteurs de la communauté scientifique.

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Entre Gold, Green et Freemium

La première journée a présenté une vision globale du paysage de l’Open Access, en identifiant d’abord deux grands modèles : la voie verte – auto-archivage des publications des chercheurs dans des archives institutionnelles – et la voie dorée – publication par une instance éditoriale de revues en accès libre. Autour de ces mécanismes, deux interventions majeures ont ouvert les journées. Stevan Harnad, professeur de sciences cognitives à l’université de Montréal et grand partisan de la voie verte, a insisté sur la nécessité d’instaurer des politiques d’obligation de dépôt au sein des universités, à l’instar de l’archive ouverte ORBi de l’université de Liège, qui tient son succès d’un mandat fort, en vigueur depuis 2002 (100 %des articles y sont déposés et 53 % d’entre eux sont disponibles en texte intégral).Au contraire, Jean-Claude Guédon, professeur de littérature comparée à l’université de Montréal, a défendu un libre accès fondé sur la cohabitation des deux modèles. Il rejoint toutefois son collègue sur le refus d’un Gold auteur-payeur qui impose des frais au chercheur pouvant s’élever jusqu’à 3 000 $ par publication. Selon lui, ce Gold auteur-payeur est une version pervertie du standard originel qui doit rester « gratuit en amont et libre en aval ».

Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a conclu la journée en renouvelant son soutien à l’Open Access, sans pour autant se positionner en faveur d’un modèle particulier, proposant plutôt la conciliation des trois.

Des politiques de dépôt fortes

La seconde journée a mis en évidence les différents moyens employés dans les institutions pour développer l’accès ouvert. Christine Ollendorff, membre du bureau Couperin, a livré les résultats d’une enquête sur les réalisations d’archives ouvertes en France en 2012. Sur 178 établissements sondés, 145 ont des archives ou projets d’archives, soit deux fois plus qu’en 2008. Certains ont leurs propres archives institutionnelles, d’autres utilisent des portails HAL. Quelle que soit la réalisation, les motivations restent les mêmes : valorisation des travaux de recherche, partage du patrimoine numérique et archivage pérenne.

Pour obtenir des résultats satisfaisants, ces réalisations doivent s’appuyer sur des politiques fortes de dépôt. L’Ifremer a fait le choix d’une politique d’obligation de dépôt pour son archive ouverte, Archimer. Cette stratégie fonctionne, puisque 80 % des publications en texte intégral sont accessibles sur Internet. L’université de Minho, au Portugal, s’est également fondée sur une politique d’encouragement et d’obligation pour son archive ouverte RepositóriUM. Mais la pratique du dépôt volontaire fonctionne aussi, comme le démontre Sandrine Malotaux, à travers l’exemple de l’archive institutionnelle de l’Institut national polytechnique de Toulouse. Néanmoins, ce succès n’aurait pu avoir lieu sans un large programme de communication et de formation établi à tous les niveaux et auprès de tous les publics (institutions, laboratoires, chercheurs, équipes de bibliothèques).

Du vert !

Le mouvement autour de l’Open Access s’intensifie au sein de la communauté scientifique, à mesure que les tarifs des éditeurs explosent. C’est donc logiquement que la voie verte, la moins coûteuse, est majoritairement adoptée en Europe – à l’exception de la Grande-Bretagne qui a largement basculé dans le Gold auteur-payeur. Au-delà de l’aspect financier, l’embargo imposé par les éditeurs pose un sérieux problème pour la communauté scientifique qui a besoin d’un accès immédiat à l’information. Néanmoins, les chercheurs voient souvent en une revue éditoriale une validité et une reconnaissance qu’ils ne perçoivent pas dans les archives ouvertes. Il faut donc continuer à communiquer et à valoriser ces dernières en insistant sur le dépôt de versions expertisées d’une part, et en proposant des services associés aux chercheurs (statistiques, exports performants, profils), d’autre part. Sans oublier que le bon fonctionnement de ces archives est d’abord assuré par une véritable volonté et implication, en amont, des directions des institutions.

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Référence papier

Marion Grand-Démery, « Couperin convoque l’Open Access », Arabesques, 70 | 2013, 26-27.

Référence électronique

Marion Grand-Démery, « Couperin convoque l’Open Access », Arabesques [En ligne], 70 | 2013, mis en ligne le 06 janvier 2020, consulté le 20 avril 2024. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=1114

Auteur

Marion Grand-Démery

Gestionnaire d’achat de documentation électronique, ABES

grand-demery@abes.fr

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