L’Atelier national de reproduction des thèses : une offre en évolution

DOI : 10.35562/arabesques.1153

p. 22-23

Index

Mots-clés

bibliothèque

Plan

Texte

L’Atelier national de reproduction des thèses (ANRT) est un organisme public sous la tutelle de la Mission de l’Information scientifique et technique et du Réseau documentaire du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR). Rattaché comme service commun à l’université Lille 3, sa mission est l’archivage et la diffusion des thèses soutenues en France.

L’ANRT a été créé en 1971 pour se charger de la reproduction des thèses d’État, au début uniquement en lettres. La reproduction sur microfiche – au départ en offset – a été mise en place à partir de 1984, sur le modèle du service américain University Microfilms International (UMI, aujourd’hui ProQuest).

Pendant plus de vingt ans, coexistaient deux ateliers, selon la discipline :

  • l’un rattaché à l’université Lille 3 pour les lettres, sciences politiques, juridiques, humaines et sociales ;
  • l’autre rattaché à l’université de Grenoble pour les sciences exactes, la médecine, la pharmacie, les sciences économiques et de gestion.

Depuis le premier janvier 2011, les deux ateliers sont regroupés sur un seul site : le campus Pont de Bois à Villeneuve d’Ascq, dans la banlieue de la métropole lilloise, où l’ANRT partage l’ancienne maison des examens avec un laboratoire d’archéologie.

Des services diversifiés…

L’ANRT participe à la valorisation de la production scientifique de l’enseignement supérieur et de la recherche. Dans le cadre de sa mission nationale, l’atelier fournit aux universités des thèses sur microfiches : il reçoit les thèses imprimées, saisit les données bibliographiques, numérise les documents (format image, préservation en PDF/A), produit une microfiche de haute qualité sur film argentique, puis copie cette microfiche sur film diazoïque (selon la discipline jusqu’à 64 exemplaires) pour la diffusion auprès des bibliothèques universitaires (BU) et des services communs de la documentation (SCD).

L’ANRT peut également fournir sur demande des fichiers numériques ou une version imprimée. Son catalogue général contient environ 200 000 thèses de doctorat (pas de thèse d’exercice), un patrimoine unique stocké dans ses locaux sur microfilms de très bonne qualité et dans des conditions adaptées.

Régulièrement, l’ANRT propose aux auteurs une diffusion sous forme de livre à caractère non commercial, sur le modèle de l’impression à la demande (print on demand ou POD). Ainsi, l’atelier possède aujourd’hui plus de 7 000 licences non exclusives qui l’autorisent à offrir un service appelé « Thèses à la carte ». Pour les doctorants du PRES Lille Nord de France, l’ANRT propose la confection et l’impression des exemplaires de soutenance avec support technique pour la finalisation du document.

Depuis de longues années, mais sans lien direct avec sa mission nationale, l’ANRT imprime des travaux scientifiques (revues, ouvrages, actes de colloques) et prend en charge certains projets de numérisation de collections scientifiques de livres anciens, revues ou thèses, pour une diffusion via des plateformes ou archives ouvertes1.

… Pour des utilisateurs en France et à l’étranger

Les utilisateurs historiques de l’atelier sont et resteront bien entendu les bibliothèques universitaires, dépositaires des thèses et destinataires des microfiches. Tous les mois, l’ANRT envoie les doublons à 205 établissements. Mais son réseau s’étend au-delà des bibliothèques universitaires françaises. Parmi ses utilisateurs, l’ANRT compte naturellement les auteurs eux-mêmes, puis des bibliothèques et librairies scientifiques dans différents pays européens, américains et asiatiques ; en tout, 90 institutions, organismes et particuliers font partie du fichier utilisateurs de l’atelier.

En 2012, l’ANRT a lancé deux enquêtes pour mieux connaître ses utilisateurs. Les bibliothèques universitaires se montrent très intéressées par une diffusion des thèses en format numérique et par la rétronumérisation de leurs collections de microfiches. Les autres utilisateurs – dont les universités de Laval, Cambridge et York, mais aussi l’INIST‑CNRS et l’INHA – se montrent globalement satisfaits de la qualité de service, en particulier du contact et de la prestation personnalisée. En même temps, ils attendent de l’ANRT des délais plus courts et l’envoi en PDF.

Des liens continus avec l’ABES

Depuis la création de l’ABES, les deux organismes ont développé un partenariat fiable et efficace pour assurer le signalement, la diffusion et l’archivage des thèses. L’ABES est membre du comité de gestion de l’ANRT, et cette dernière participe au comité de définition et d’opération du portail des thèses de l’ABES.

Aujourd’hui, trois chantiers conjoints sont menés :

  • le signalement des thèses de l’ANRT dans Theses.fr (fin 2012) ;
  • l’utilisation des notices du Sudoc pour accélérer le traitement et enrichir les catalogues de l’ANRT (début 2013) ;
  • la révision de la licence « contrat d’auteur » pour Thèses à la carte (en 2013).

Une ancienne presse Heidelberg exposée dans le hall d’entrée de l’ANRT

Une ancienne presse Heidelberg exposée dans le hall d’entrée de l’ANRT

L’ANRT numérise également des livres anciens et précieux

Photos. ANRT/Flickr

L’ANRT numérise également des livres anciens et précieux

L’ANRT numérise également des livres anciens et précieux

Photos. ANRT/Flickr

De nouvelles perspectives

L’ANRT reçoit environ 6 000 thèses par an sur papier. À ceci s’ajoute le rattrapage des thèses de Grenoble, rapatriées à Lille lors du regroupement des deux sites et qui ne sont pas encore numérisées ; fin 2012, il reste environ 14 000 thèses de 2006 à 2009 à numériser pour une diffusion sur microfiches. Mais ces chiffres baissent. L’activité principale de l’ANRT est liée à l’ancien dispositif des thèses sur papier, dispositif voué à devenir marginal voire à disparaître et à être remplacé par Star. Que deviendra alors l’ANRT ?

L’atelier poursuit une double stratégie. Au niveau national et sous la tutelle du MESR, l’ANRT participe au dispositif de la Bibliothèque scientifique numérique (BSN) et resserre les liens avec l’ABES. Au niveau local, l’ANRT développe son rôle de service commun sur le campus de Lille 3 et, plus largement, au sein du PRES Lille Nord de France. Cinq pistes d’activités se dégagent ainsi.

• Numérisation : fort de son expérience de numérisation de documents textuels sur différents supports, l’ANRT participe à BSN 5 (numérisation du patrimoine scientifique de l’ESR) et travaille, en concertation notamment avec le SCD de Lille 3, sur un cahier des charges standard pour la réalisation de projets de numérisation de collections scientifiques.

• Conservation : l’ANRT étudie avec le MESR l’intérêt d’une conservation à long terme des thèses sur microfiches, en parallèle et en complémentarité à l’archivage numérique, un peu dans la logique du projet de Stanford Lots of Copies Keep Stuff Safe (LOCKSS). En même temps, l’ANRT se propose de numériser les anciennes microfiches de thèses pour pouvoir en archiver une copie numérique.

• Formation : l’ANRT accueille des stagiaires en licence et master (études de marketing, mise en place d’une photothèque), ouvre ses portes aux étudiants du département Sciences de l’information et de la documentation (audit, évaluation, marketing, numérisation) et a fait des propositions dans le domaine des Humanités numériques (master en alternance, université d’été) où l’atelier serait un des supports techniques de l’enseignement.

• Recherche : l’ANRT développe un projet de recherche autour de l’édition des thèses, avec des partenaires français et européens et des équipes composées de chercheurs et professionnels travaillant sur des thématiques comme les modèles économiques, l’environnement légal et l’intégration dans l’infrastructure de recherche.

Édition : l’ANRT prend également part au projet d’édition universitaire sur le campus de Lille 3, avec en particulier les Presses universitaires du Septentrion et le SCD.

Le philosophe Maurice Blondel disait « l’avenir ne se prévoit pas, il se prépare ». Personne ne saura dire de quoi il sera fait et si les mêmes acteurs et structures seront toujours en place dans cinq ou dix ans. En attendant, l’ANRT, tout en préparant son avenir, continuera de remplir la mission qui lui est confiée au service de l’enseignement supérieur et de la recherche.

ANRT BP 60149 - 59653 Villeneuve d’Ascq cedex / T. 03 20 41 73 73

Site web :
www.diffusiontheses.fr

Galerie de photos sur Flickr :
www.flickr.com/photos/80358908@N06

Twitter :
https://twitter.com/ANRTLille

1 Voir aussi : Barrière J.-P., « Les missions de l’ANRT de Lille », Arabesques, n° 43, juillet septembre 2006, p.16-17.http://www.abes.fr/

Notes

1 Voir aussi : Barrière J.-P., « Les missions de l’ANRT de Lille », Arabesques, n° 43, juillet septembre 2006, p.16-17.
http://www.abes.fr/Publications-Evenements/Arabesques/Arabesques-n-43

Illustrations

Une ancienne presse Heidelberg exposée dans le hall d’entrée de l’ANRT

Une ancienne presse Heidelberg exposée dans le hall d’entrée de l’ANRT

L’ANRT numérise également des livres anciens et précieux

L’ANRT numérise également des livres anciens et précieux

Photos. ANRT/Flickr

L’ANRT numérise également des livres anciens et précieux

L’ANRT numérise également des livres anciens et précieux

Photos. ANRT/Flickr

Citer cet article

Référence papier

Joachim Schöpfel, « L’Atelier national de reproduction des thèses : une offre en évolution », Arabesques, 69 | 2013, 22-23.

Référence électronique

Joachim Schöpfel, « L’Atelier national de reproduction des thèses : une offre en évolution », Arabesques [En ligne], 69 | 2013, mis en ligne le 30 août 2019, consulté le 20 avril 2024. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=1153

Auteur

Joachim Schöpfel

Directeur de l’Atelier national de reproduction des thèses

joachim.schopfel@univ-lille3.fr

Autres ressources du même auteur

Articles du même auteur

Droits d'auteur

CC BY-ND 2.0