Succédant aux anciens centres de documentation du CNRS à Paris, l’Institut de l’information scientifique et technique, l’INIST, a été créé en 1988, à Nancy, comme unité propre de services du CNRS, avec la mission de collecter, signaler et diffuser de l’information scientifique et technique.
Rayonnages de la bibliothèque de l’INIST
© Georges Fessy – CNRS
Du concept de « l’usine du savoir »…
Longtemps considéré comme le mastodonte de l’IST1 en France, l’INIST a souffert d’une image trop « industrielle » due en grande partie à l’importance des volumes de documents traités, tant au niveau des acquisitions (catalogage, indexation) que de la diffusion (fourniture de documents). Qu’en est-il réellement aujourd’hui, dix-sept années après sa création ? Si les volumes traités quotidiennement restent impressionnants, peu d’éléments dans le fonctionnement et l’organisation de l’institut le rattache encore au concept « d’usine » qui a présidé à sa création2. Certes l’acquisition des ressources documentaires, l’alimentation des bases de données bibliographiques ainsi que la fourniture de documents, si elles ont évoluées d’un point de vue fonctionnel et technologique (les services de la fourniture de documents préparent ainsi une refonte globale du système d’information), sont toujours au cœur des activités de l’INIST.
Et c’est tout naturellement autour de ces trois fonctions que s’est concentré l’essentiel des évolutions. Ces cinq dernières années, l’INIST a en effet investi des ressources significatives pour le développement et la mise en œuvre de nouveaux services d’information pour les communautés scientifiques, et plus particulièrement pour le CNRS.
…aux portails…
Au premier plan viennent naturellement les différents portails dont le principal objectif consiste à mutualiser les ressources documentaires (bases de données, articles full text accessibles en ligne, bases de liens…) – et par la même occasion les coûts d’acquisition – à travers la mise en place d’accès spécifiques propres à chaque communauté.
…et au fonctionnement par « ateliers » et en réseau
Parmi les autres services pour la recherche figure le service de formation permanente qui organise des stages et conférences ; les rencontres annuelles des professionnelles de l’IST sont devenues une institution bien au-delà du CNRS. Citons aussi les services de veille et d’édition électronique (« I-Revues ») qui travaillent en réseau avec d’autres acteurs du CNRS et, autour de Xavier Polanco, l’équipe de recherche et d’innovation qui jouit aujourd’hui d’une réputation internationale en matière de scientométrie.
Cette évolution modifie en profondeur l’organisation et les profils des services de l’INIST et se traduit par la création de structures fonctionnelles et flexibles. Les changements sont accompagnés par une démarche compétences-métiers basée sur les référentiels des métiers du CNRS, de l’Éducation nationale (REFERENS3, Bibliofil’4) et de l’ADBS5.
Accès libre à l’IST
L’INIST, après avoir organisé la première conférence en France sur l’accès libre à l’IST en 2003, a mis en place un site web sur cette thématique (http://www.inist.fr/openaccess/), édite des revues multimédia (Internet Actu, Captain Doc) et contribue avec d’autres unités à la mise en œuvre de cette politique. À l’ordre du jour : la création d’une archive institutionnelle pour les chercheurs du CNRS à partir de la base PubliCNRS et de l’archive HAL6, le passage au « tout électronique », la normalisation des métadonnées, la terminologie et la création d’un pôle d’excellence d’IST à Nancy avec l’ATILF7, le LORIA8 et des partenaires industriels. Nancy est ainsi devenu le centre support européen TEI9.
Et demain ?
De nouvelles perspectives s’ouvrent aujourd’hui pour l’institut avec ses 350 professionnels de l’IST. Le CNRS s’est en effet, récemment, doté d’un nouveau dispositif opérationnel, autour de Laurent Romary : une direction de l’information scientifique, la DIS ; cette direction rassemble et coordonne l’action de plusieurs acteurs – tels que l’INIST, le Centre pour la communication scientifique directe (CCSD) ou encore le Centre d’édition numérique scientifique (CENS). L’objectif affiché est la mise en œuvre d’une politique d’IST cohérente au niveau national, en concertation avec les autres établissements de recherche et les universités afin de mettre à disposition des communautés scientifiques les outils et contenus dont elles auront besoin pour une recherche d’excellence. Un schéma qui positionne de facto l’INIST comme centre d’expertise et de ressources pour le CNRS en matière d’ingénierie de l’information.
Au cœur de l’INIST, les ressources documentaires
Le fonds documentaire couvrant la plus grande partie de la recherche scientifique et technique mondiale est composé de plus de 19 700 titres de périodiques et de 250 000 monographies. Le fonds de périodiques de l’INIST compte 7 700 collections en cours dont presque 4 millions d’articles sont numérisés et stockés depuis 1991 dans un système d’archivage numérique. Le fonds des monographies est constitué de 63 000 rapports scientifiques, essentiellement des rapports français provenant d’organismes de recherche publics et privés, de 65 000 comptes rendus de congrès français et internationaux, de 110 000 thèses françaises de sciences et techniques soutenues en France depuis 1985 et de 13 000 ouvrages. Mais le fonds ne se limite pas aux documents conservés sur les 22 kilomètres de rayonnage, c’est aussi le fonds virtuel mis à disposition des chercheurs sur les portails documentaires avec l’accès à 3 000 revues en ligne, 15 bases de données, 3 500 sites web sélectionnés et indexés et 650 monographies.
Le déploiement dans le Sudoc
Participant au réseau du Sudoc-PS (Système universitaire de documentation pour les publications en série) depuis sa création avec quelque 25 600 séries localisées, l’INIST a demandé son intégration dans le réseau du Sudoc en 2004. Les catalogueurs, qui travaillaient déjà en UNIMARC, ont préparé cette entrée dans le Sudoc, notamment en acquérant les connaissances nécessaires pour indexer en RAMEAU. Puis ce sont treize personnes qui sont allées à Montpellier s’initier à l’utilisation du logiciel WinIBW. Au total, 17 licences WinIBW sont maintenant installées à l’INIST pour le catalogage dans le Sudoc et le module SUPEB. Après une période de familiarisation, l’alimentation quotidienne du catalogue du Sudoc a commencé en septembre 2004. Avec l’aide de l’ABES, nous travaillons aussi à la reprise de notre fonds dans le Sudoc. Les tests réalisés ont montré un faible taux de recouvrement ce qui devrait permettre un enrichissement du catalogue du Sudoc notamment par les notices de notre fonds de littérature grise.