Entre intelligence artificielle et science ouverte : quelles évolutions du métier de bibliothécaire ?

Retour sur le congrès de l’ADBU, 17-19 septembre 2019

DOI : 10.35562/arabesques.1487

p. 21

Plan

Texte

Accueilli par la capitale de l’Aquitaine, dans un cadre original avec vue sur la Garonne, le congrès 2019 de l’ADBU s’est fixé comme cap l’exploration de nouveaux territoires à investir par les bibliothèques : l’intelligence artificielle, ainsi que la science ouverte.

Un nouvel âge d’or de l’intelligence artificielle

Sous le titre provocant de « Tous bibl-IA-thécaires ? L’intelligence artificielle, vers un nouveau service public », la journée d’étude du 18 septembre a voulu dresser un panorama large de la notion d’intelligence artificielle et de ses applications dans le monde des bibliothèques. L’occasion, comme le souhaitait Marc Martinez, président de l’ADBU, de « dégonfler quelques baudruches médiatiques ». L’engouement pour le concept d’intelligence artificielle constaté ces dix dernières années n’a rien d’inédit, l’IA ayant connu des âges d’or tout au long de la seconde moitié du XXe siècle. Ce retour en force rencontre un terrain fertile dans le monde des bibliothèques, où les services et collections numériques, tout comme la vigilance envers l’utilisation, parfois biaisée, des données, sont bien ancrés. Sans oublier un autre atout des bibliothécaires, l’intérêt pour connaître et servir les usagers, car, comme Nicolas Roussel l’a parfaitement exprimé en introduisant la journée d’étude, les outils d’intelligence artificielle doivent répondre aux besoins des usagers et non pas aux besoins de ceux qui les fabriquent.

 

 

Une architecture de données, au-delà des métadonnées

En écho à cette intervention cadre sur la notion d’IA, un retour d’expérience de l’université de Standford nous a opportunément rappelé que « l’IA est ce que nous faisons », et surtout ce que nous pourrions faire en positionnant le travail sur les données des bibliothèques comme un véritable travail de recherche. Nicole Coleman, forte de son expérience en tant que digital research architect dans le réseau des bibliothèques de Standford, voit ainsi les collections des bibliothèques, quelles qu’elles soient – éditions patrimoniales illustrées, images de fouilles archéologiques, archives audiovisuelles… –, comme un gisement de données d’apprentissage pour l’IA. Avec un retour sur investissement surprenant : l’IA peut aider à s’affranchir du carcan des métadonnées, souvent trop liées à un contexte historique de production et correspondant assez peu aux pratiques des chercheurs. Finalement, la principale retombée de l’IA dans le contexte des bibliothèques réside en l’amélioration des interfaces publiques de recherche.

À ce propos, plusieurs présentations de projets documentaires au service des chercheurs ont fait voyager les congressistes tantôt dans l’univers des manuscrits médiévaux, accessibles en recherche plein texte dans HIMANIS1, tantôt dans celui des images enfouies dans les collections patrimoniales de Gallica2, trésors inexploités avant le déploiement des techniques de la reconnaissance visuelle. Sans oublier que les applications de l’IA en bibliothèque vont bien au-delà des données et peuvent concerner également la médiation documentaire, à l’image de Pepper, le sympathique robot humanoïde de la bibliothèque de l’université Technologique de Wildau.

Quelles perspectives pour les BU, entre IA et science ouverte ?

Pour clore une journée riche de découvertes, les organisateurs ont invité, autour d’une stimulante table ronde, des représentants de l’Abes, la Bnf, l’INA et LIBER pour réfléchir au futur de l’IA dans les bibliothèques universitaires. David Aymonin, directeur de l’Abes, a souligné que certains des outils de l’Abes, comme l’outil de curation Paprika par exemple, font déjà appel aux technologies de l’IA : le programme propose les options a priori les plus pertinentes, la décision finale revient à l’utilisateur humain, en l’occurrence, au catalogueur.

Si les données des bibliothèques peuvent améliorer l’apprentissage automatique, ce nouvel essor est décidément une opportunité pour collaborer étroitement avec des ingénieurs et des chercheurs.

La matinée politique du 19 septembre, consacrée à la science ouverte, a traité de la synergie bibliothécaires-chercheurs à travers un autre sujet d’actualité, l’ouverture des données de la recherche. Dans un écosystème complexe, cette thématique constitue également une chance pour créer des passerelles entre les spécialistes des données et leurs producteurs3.

1 HIstorical MANuscript Indexing for user-controlled Search : http://himanis.huma-num.fr/himanis/

2 https://gallica.bnf.fr/

3 Les interventions sont disponibles en ligne : https://adbu.fr/

Notes

1 HIstorical MANuscript Indexing for user-controlled Search : http://himanis.huma-num.fr/himanis/

2 https://gallica.bnf.fr/

3 Les interventions sont disponibles en ligne : https://adbu.fr/

Illustrations

 

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Référence papier

Raluca Pierrot, « Entre intelligence artificielle et science ouverte : quelles évolutions du métier de bibliothécaire ? », Arabesques, 96 | 2020, 21.

Référence électronique

Raluca Pierrot, « Entre intelligence artificielle et science ouverte : quelles évolutions du métier de bibliothécaire ? », Arabesques [En ligne], 96 | 2020, mis en ligne le 29 janvier 2020, consulté le 19 avril 2024. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=1487

Auteur

Raluca Pierrot

Service Accompagnement des Réseaux - Abes

raluca.pierrot@abes.fr

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